The Scientist - Partie 2

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  Aujourd'hui nous sommes le 21 juillet 2017. Et j'ai l'impression d'être un ado qui commence son journal intime... Mais je pense qu'il est important que je précise la date. D'ailleurs Dunkirk sort dans quelques heures au cinéma en Amérique... C'est le film de Nolan dans lequel je joue, tu le savais ? J'espère que oui.

Je sais que tu as espéré que je ne tombe jamais sur ce que tu as écris après avoir écouté mon album, mais pour ma défense, c'est à Niall que tu dois t'en prendre. Si j'ai bien tout compris, il est tombé sur ces feuilles dans ton salon et il les a lu pensant que c'était des futures chansons. Quand il s'est rendu compte de ce que tu exprimais réellement, il me les a apporté en me disant « tiens, c'est de la part de Louis ! ».

Pour tout avouer, au début je ne l'ai évidemment pas cru. Ça faisait un moment que tu ne me portais plus d'attention, alors pourquoi maintenant ? Et puis comme toi, j'ai été gagné par la curiosité. Et je crois que pour mon cas ça a été une très bonne chose.


  Tu sais Louis, je ne te l'ai peut-être jamais dit mais, en entrant dans l'adolescence, j'ai eu beaucoup de doutes quant à mon orientation sexuelle. Très longtemps je me suis pensé purement hétéro avant de rencontrer un garçon, alors que j'étais parti en vacances un été. J'avais quatorze ans, j'étais bourré d'hormones et il n'était pas dégueulasse à regarder. Il m'a embrassé et puis j'ai compris : j'étais vraiment bisexuel. Sauf que pour ma part, j'en ai immédiatement parlé à ma mère qui, pour mon plus grand soulagement, s'est dit très fière de moi pour l'accepter aussi facilement. Sauf qu'en vérité, je ne l'acceptais pas vraiment.


  Dans tout ce qu'il s'est passé, rien n'est de ta faute. Je crois que j'ai merdé dès le début.

Tu sais, la première fois que je t'ai embrassé, je le voulais vraiment. Je n'ai jamais regretté. D'ailleurs, je n'ai jamais regretté d'être sorti avec toi, malgré ce que tu crois. Mais quand je lisais les réponses sous certains tweets de célébrités ouvertement homosexuelles, ça me foutait vraiment les jetons. C'est totalement con, je le sais bien, je t'avais auprès de moi et ça aurait dû être suffisant. Mais je n'ai jamais été égoïste, et j'ai pensé à ma famille. Je ne t'en ai jamais vraiment parlé mais mes parents et ma sœur on reçu de nombreuses lettres d'insultes, me décrivant comme une honte pour eux parce qu'il était évident que j'étais gay... J'en ai parlé plusieurs fois avec ma mère et à chaque fois elle me réconfortait, m'assurant qu'elle n'en avait rien à faire et que je restais sa petite fierté, quoi qu'il se passe. Mais j'avais toujours ce blocage.

Pourtant, quand je passais du temps à tes côtés, toutes ces peurs s'effaçaient. Tu sais toutes les interviews durant lesquelles on nous a trouvé trop proche ? Je n'ai jamais joué. Je n'ai jamais fait ça pour qu'on parle de nous, ou quoi que ce soit d'autre. À tes côtés je pouvais être juste moi et j'adorais ça. J'ai adoré cette période parce que je n'avais pas à mentir. Au lycée je mentais, me faisant passer pour un hétéro pur et dur. Auprès des amis à mes parents, aussi. Mais avec toi, jamais. Si je pouvais revivre notre relation, je le ferais en boucle, jusqu'à ma mort. J'étais fou de toi Louis. Et je le suis peut-être encore. J'aimais me réveiller le matin à tes côtés, t'embrasser, te faire l'amour. Même si j'étais jeune, j'adorais ça. Je me souviens quand nous passions des nuits blanches à écrire, en se promettant que toutes ces chansons sortiraient un jour. Je les aie toujours. Tu te souviens de « Don't let me go », une de mes chansons qui avait fuitée sur Youtube ? Et bien c'est l'une d'entre elle. Et très sincèrement, à l'époque je ne pensais pas avoir à la poster.


  Tu sais, quand on a rencontré Nick, pour la première fois, il m'a impressionné. Je me demandais comment il arrivait à être aussi cool alors qu'il recevait des messages de mort simplement parce qu'il était homo. Je lui en ai d'ailleurs parlé à la fin de la première interview que nous avons eue avec lui. Et il m'a proposé de m'aider. Si j'ai passé autant de temps avec lui, c'était simplement parce qu'il me donnait des conseils pour m'accepter. Lorsque je t'ai donné l'excuse d'aller à cette exposition, il m'a en fait emmener chez lui, m'a fait lire la plupart des choses que l'ont disait sur moi. Certaines étaient vraiment méchantes, mais en majeure partie ce n'était que des choses positives et il m'a conseillé de me concentrer là-dessus et de ne pas avoir peur du reste. À chaque fois que je disais partir quelque part avec lui, c'est ce que je faisais. Son copain m'aidait aussi d'ailleurs ! Il n'avait pas eu une vie facile et me répétait que « si pour toi Louis est le bon, tu dois te battre pour lui ». En vérité j'ai essayé de le faire, mais tu ne m'as pas laissé le temps d'y arriver.

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