Le jeune garçon se réveillait, étourdi, perdu : ce lit n'était pas le sien. Tout lui revint ensuite en tête, la mort de sa sœur, la nuit dans les rues de Rome et la rencontre de son ami Erico le lendemain. Il se trouvait chez cet ami, qui a eu la bonté de l'héberger quelques jours.
Il se leva ensuite difficilement du lit, la tête encore embrumée. Il avait visiblement dormi habillé. Il ne prit même pas la peine de se changer, de toute façon il devait dès à présent économiser ses dépenses, et sortit de sa chambre de fortune. Il jeta un regard par la fenêtre, le soleil était déjà haut dans le ciel, il a dû dormir assez longtemps.
Arrivé dans la pièce à vivre, il vit Erico, son hôte, penché sur la seule table présente dans la pièce. En s'approchant, il vit quelques papiers et une carte posée sur cette table. Erico devait travailler dessus. Il était lui aussi tueur à gage, un sicaire, comme sa sœur. Il avait seulement réussi à toucher une clientèle plus cossue, ce qui lui permettait d'avoir une vie un peu plus décente. Lui et Gabriella s'étaient connus grâce à cela. Ils s'entendaient tout les deux très bien depuis le début, puis quand il a su que c'était en réalité une femme, il a commencé à devenir plus collant, plus insistant, et cela avait le don d'énerver Gabriella.
Sa maison n'était pas très grande, mais après tout il vivait seul quand il n'hébergeait pas des garçons orphelins. Sa demeure était dotée de 4 pièce : la pièce à vivre, deux chambres et une salle d'eau. Elle était tout de même agréable, bien qu'un peu vieille et qu'elle sentait légèrement la poussière et le renfermé. Les meubles, il n'y en avait que très peu. Dans la pièce à vivre, seul quelques chaises, une table, de quoi cuisiner et une commode était présent. Les chambres elles n'avaient qu'un lit et un coffre, quant à la salle d'eau, elle servait d'entrepôt d'armes. Erico avait cependant la chance d'avoir une cour derrière sa maison cachée par les autres habitations. Il se lavait donc ici quand il avait le temps.
Ascanio s'assit sur la chaise en face de son hôte qui lui avait invité à s'asseoir. Celui ci lui tendit ensuite une corbeille de fruit que le jeune garçon refusa.
« - Je pense savoir où se trouve le corps de ta sœur, je t'y accompagnerai dès que tu sera prêt, commença son interlocuteur
- Je suis prêt.
- Physiquement et mentalement ? Tu sais, c'est toujours difficile de devoir affronter la mort d'un proche...
- Si je te le dis, c'est que je le suis. J'ai trop attendu, je veux des réponses sur sa mort
- Très bien... Soupira-t-il, laisse moi juste le temps de finir ceci. Oh et mange quelque chose, il est déjà midi passé. »
Sur ce, Erico se pencha de nouveau sur son ouvrage. Le jeune garçon préféra le laisser tranquille et retourna dans la chambre qui lui avait été attribué tout en piochant quelques fruits dans la corbeille. une fois assis sur son lit, il se remit à réfléchir. Allait-il accepter la mort de sa sœur une fois qu'il la verra ? Et même, est-ce que ce sera elle et non quelqu'un qui lui ressemblait ? Si ça se trouve, elle était vivante et le recherchait activement car il n'était plus là. Le jeune garçon espérait vraiment que ce ne soit qu'une erreur.
Ils ne partirent qu'une heure et demie après, ils étaient maintenant en train d'attendre devant la porte d'un bâtiment inconnu pour le jeune garçon. Ce dernier attendait la réponse d'un garde qui était auparavant posté devant ce fameux bâtiment. Il angoissait. Était-elle ici ? Et si oui, pourrait-il affronter le fait de voir son corps ? Il espérait qu'elle soit ici, mais souhaitait aussi le contraire. Son esprit ne voulait pas affronter la réalité.
Quelques minutes plus tard, ce n'est pas un mais deux gardes qui vinrent le chercher, laissant Erico seul. Ils le firent entrer et la première chose qui choqua le jeune garçon fut la propreté du bâtiment. Tout avait l'air soigné. Lui qui s'attendait à une morgue ou quelque chose du genre, il pensait que l'intérieur serait plus austère. Ils le firent traverser plusieurs couloirs avant de lui indiquer une porte. Ils le laissèrent entrer seul, ce qui soulagea le jeune garçon, il n'avait pas envie que ces deux là le colle durant tout le reste du temps. Quand il entra, une odeur passablement désagréable vint lui chatouiller les narines. Un seul corps était présent, un corps de femme, recouvert d'un drap blanc. La pièce était assez petite, et encore une fois une autre chose le frappa. Un homme était penché sur le corps, assis sur une chaise avec la tête posé sur ses bras. Il devait être en train de pleurer, pourtant, il n'entendait rien. Qui était-il ?
VOUS LISEZ
Impassible
Historical FictionIl était debout, fixe, sans émotion apparente. Devant lui se tenait la tombe fraîchement posée de sa sœur. « Gabriella Mazzei, 1475-1495 ». C'était tout ce qui lui restait d'elle, de sa famille : une tombe, sans épitaphe. Dans l'esprit du jeune ga...