Ascanio se croyait dans un mauvais rêve, un très mauvais rêve. Sa sœur, ce qui lui restait de plus précieux, était morte.
Tout s'était enchaîné très vite : l'arrivée de Dalina, la meilleure amie de Gabriella, sa sœur, son annonce glaçante et ses mots, ces simples mots qui depuis le détruit petit à petit, restant bloqués dans sa tête. « Suicide », « morte », « pendaison ». Il n'avait retenu que cela, et c'était déjà bien assez pour lui. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus : il en savait trop. Sa course jusque la place St Pierre, lieu du tragique événement, qui lui semblait interminable, le regard mi-compatissant mi-méprisant des passants une fois sur place alors qu'il suppliait les gardes de lui laisser voir sa sœur, le refus de ceux ci le prenant pour un fou et préférant le repousser, tout ça restait graver dans son esprit et il n'arrivait pas à s'en détacher. Il se souvenait de tout, dans les moindres détails.
De retour de la place St Pierre, le jeune garçon s'était décidé à rentrer, seul. Sa surprise fut des moindres quand son propriétaire lui ordonna sans vergogne de quitter l'immeuble. Ascanio ne savait comment celui ci avait apprit la mort de Gabriella, mais toujours est-il qu'il l'avait expulsé à cause de son âge. Le jeune garçon n'avait que 14 ans, n'avait jamais travaillé et quittait son logement seulement pour s'entraîner au combat avec sa sœur, souvent absente, et se balader seul ou avec des amis. Il ne savait pas où aller, ne connaissant pas les adresses respectives de ses amis. Il dormit donc dehors la première nuit, une nuit tout aussi horrible que sa journée. Toute la nuit durant, il garda près de lui ses quelques affaires et maigres économies. Il avait tout perdu en une fraction de seconde : sa sœur, son logement, et très certainement le soutien de certains de ses amis. Il commençait déjà à désespérer.
Le lendemain, il était cependant tombé sur un ami de sa sœur qui le recherchait alors qu'il déambulait dans les rues de Rome, sans aucun but précis. Cet ami avait prit la décision de l'héberger le temps qu'il lui trouve un habitat pour lui seul. Ascanio lui en était extrêmement reconnaissant pour cet acte de bonté, lui qui avait perdu espoir, une flamme se rallumait doucement en lui. Seulement, il n'oubliait pas, il savait qu'il ne s'en tirerait pas sans sa sœur, il allait être perdu et il commençait déjà à l'être. De plus, il avait mal, moralement et physiquement. La savoir morte lui faisait horriblement mal et le vidait intérieurement de toute énergie. Physiquement, des larmes qu'il refuse de laisser couler lui brûlait les yeux depuis l'annonce de la mauvaise nouvelle. Cela faisait deux jours. Deux jours que sa sœur n'est plus et il refusait catégoriquement de pleurer, se voulant fort, pour elle. Il s'était promis de craquer seulement quand justice sera rendu. Inconsciemment, il savait que ce n'étais pas un suicide, jamais sa sœur n'aurait commit un acte aussi horrible que celui ci. Jamais elle ne l'aurait laissé seul. Lui qui avait perdu ses parents à seulement 8 ans, il n'avait personne maintenant. Sa sœur avait son âge quand ils ont dû vivre par eux même, et il était heureux qu'elle n'était pas tombée dans la prostitution. Bien que l'alternative qu'elle eut choisie ne fut pas mieux. Ayant de très bonnes bases au combat, elle se fit rapidement passer pour un homme et se mit en service en tant que tueur à gage peu après ses quinze ans sous le nom de Vittorio. Cela rapportait assez d'argents, mais c'était extrêmement dangereux et elle avait faillit y passer plus d'une fois. C'est pour cela qu'il ne croyait pas à un suicide. Elle s'était fait un nombre plutôt important d'ennemis depuis ses quinze ans, cela ne l'étonnerait pas que l'un d'eux n'ait décidé de se venger.
Ce que le coupable ne sait pas, c'est qu'Ascanio, lui, était déterminé à venger sa sœur. Sa sœur, c'était tout pour lui et inversement. Jamais elle ne l'avait abandonné. Les jours où il n'y avait plus assez à manger et pas d'argent, elle préférait donner sa part au jeune garçon pour qu'il mange à sa faim. Il arrivait qu'elle ne mangeais pas des jours durant, choisissant de nourrir son frère plutôt qu'elle. Gabriella avait fait énormément pour lui, il était temps qu'Ascanio lui rende la pareille.
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Impassible
Fiction HistoriqueIl était debout, fixe, sans émotion apparente. Devant lui se tenait la tombe fraîchement posée de sa sœur. « Gabriella Mazzei, 1475-1495 ». C'était tout ce qui lui restait d'elle, de sa famille : une tombe, sans épitaphe. Dans l'esprit du jeune ga...