Chapitre 5 : L'arène des cendres

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Cela faisait plusieurs heures que nous roulions dans cette minuscule prison et le soleil commençai à filer en douce. J'étais surement déjà loin de Korvald et de mon ami Barbas à l'heure qu'il est. Les mecs dans la carriole ne cessaient de me regarder, ne comprenant pas pourquoi j'étais avec eux. Ils étaient plutôt bronzés, les cheveux noirs. Ils venaient sans doute des pays du sud. Un se pencha vers moi et me dis un truc en je ne sais pas quelle langue mais, ne voulant pas d'ennuis, je lui fis un magnifique sourire en guise de réponse. Ça ne devait pas être ce qu'il attendait car, en un instant, il se leva et me serra par le cou en gueulant. Quelques secondes plus tard, je m'étais mis toute la caravane à dos et ce fut un bordel pas possible. La diligence se stoppa et on entendait les pas lourds du garde faire le tour du convoi. Il ouvrit les portes, derrière lui la nuit était noire. Il resta à l'entrée, son épée à la main et nous fit comprendre qui était le patron. Il commença à refermer la porte quand quelque chose d'énorme lui fonça dessus par la gauche, l'emportant hors de notre champ de vision. On entendit des grognements et des cris puis, plus rien. Soudain, un des coté du chariot se mis à s'élever et il se retourna. On roula dans tous les sens à l'intérieur du chariot et tout le monde criait. Un des prisonniers, assez costaud, se mis à ramper vers la porte afin de la fermer mais quand il eut attrapé la poignée, une ombre parcouru son corps et une patte vint lui agripper le bras avant de l'attirer brusquement à l'extérieur. On ne bougea pas afin que la créature nous ignore et quelques minutes plus tard, on l'entendit s'en aller en courant vers l'ouest. Nous reprîmes notre souffle et nous sortîmes afin de constater les dégâts. Les deux corps gisaient sur le sol dans une marre de sang avec des membres éparpillés un peu partout. Ce sorcier à vraiment des idées de génie !

Les prisonniers, se connaissant tous, décidèrent de repartir ensembles et de me laisser seul, avec un autre gars qui ne devait pas faire partie de leur groupe non plus. Il était plutôt jeune, la peau bronzée et me regardait avec des yeux de chien battu. J'essayai de discuter avec lui mais il ne parlait, bien sûr, pas ma langue non plus. Etant perdu au milieu de je ne sais quel pays, je décidai de partir en suivant de loin le groupe d'évadés, précédé de mon nouveau compagnon.

Le paysage ne ressemblait pas à celui de Bellen et ses prairies verdoyantes, celui-ci était triste et désolé. Comme si l'étoile avait touchée cet endroit plus que les autres. L'herbe de Bellen était ici remplacée par une espèce de terre grise, semblable à de la cendre. Pas un seul animal à l'horizon, seulement des arbres morts et des cailloux. Nous arrivâmes finalement à l'entrée d'une citée assez vaste. L'architecture des bâtiments ne m'était encore une fois pas familière. Ils étaient faits de terre séchée et les murs étaient complètement noircis par la poussière. Il y avait également beaucoup de tentes, comme si des gens étaient venu se réfugier ici. Nous parcourûmes les larges avenues de la ville en enjambant les nombreux clodos et en esquivant les gamins qui passaient. Certains enfants essayaient de te vendre des trucs sans intérêt en te gueulant dessus quand tu les ignorais. En raison de l'heure tardive, je décidai de passer la nuit dans une auberge et de reprendre ma visite le lendemain. Je fus réveillé par des cris et des acclamations et je sortis en toute à toute vitesse, m'empressant d'aller voir ce qui causait ce vacarme. La grande avenue débouchait sur une sorte de grande place avec une énorme fosse en son centre, entourée de gradins. Des cris et des bruits de métal sortaient de ce mystérieux endroit. En m'approchant, j'aperçu une sorte d'immense arène avec des guignols en armures qui se taper dessus, sous les regards des spectateurs, acclamant les guerriers. Cette arène servait à accueillir de riches marchands et leur faire cracher leur argent par le biais des paris. C'est sûr que c'était pas avec un combat de coq que tu allais attirer du monde dans cette région complètement ravagée. Un mec sonna dans corne, annonçant la fin du massacre. Les combattants morts furent évacués et dépouillés de leurs armures avant d'être balancés dans une cage avec je ne sais quoi dedans. Le combat suivant allait commencer, des personnes faisaient la queue afin de recevoir leur armure et leurs armes avant de descendre dans l'arène. Des gars couraient dans tous les sens et, sans m'en rendre compte, je fus vite entrainé dans la file. D'autre personnes arrivèrent derrière moi et il m'était impossible d'en sortir, mon tour arrivant à grand pas. Quand je fus devant le malabar qui donnait l'équipement, il me tendit un plastron en cuir, des gants, un glaive et un vieux bouclier en bois. On me poussa ensuite dans l'arènes, condamné à combattre mes adversaires.

Quand tout le monde fut équipé, nous étions une dizaine de guerriers. Les autres marioles taper sur leur bouclier avec leur glaive afin de nous montrer leur force ou je ne sais quoi. Moi je restais contre le mur froid de la fosse, examinant mes adversaires. Il y avait un groupe de trois gars assez musclés, deux plutôt sec avec la peau sur les os voulant surement mettre un terme brutal à leur famine, quelques types lambda et un gosse. Oui un gosse, d'à peine quinze ans, qui était planté la pour je ne sais quelle raison.

La corne retentit et le massacre commença, les trois hommes commencèrent par attaquer les deux affamés, qu'ils exterminèrent en moins de deux et continuèrent ensuite avec le reste, oubliant le garçon s'étant recroquevillé dans un coin de l'arène. Soudain un mec s'avança vers moi et me chargea, l'écu dresser devant lui. Je fis un pas de côté et il se prit le mur en pleine face cet idiot. Levant mon glaive, je lui enfonçai dans le flanc, sous les applaudissements du public. Il s'effondra dans la poussière, il avait compris qui était le patron. Les gars de l'autre côté avaient fini de s'entretuer et il n'en restait plus qu'un, je lui sautai dessus pendant qu'il donnait des coups d'épée dans un cadavre, vérifiant qu'il soit bien mort. Sa tête tomba et roula à mes pieds, je m'en étais tiré de ce merdier !

 Mais la foule me fit bientôt comprendre que j'avais oublier quelqu'un. Le garçon était toujours recroquevillé dans le coin, de l'autre côté de l'arène. Ils commencèrent à répéter une phrase en criant et en tapant du poing sur l'accoudoir de leurs fauteuils. Malheureusement, j'avais compris ce que cela signifiait. En regardant la cage, je vis d'immense tigres qui attendaient patiemment celui qui ne combattrai pas jusqu'au bout. En voyant mon intention d'épargner le jeune homme, un gros mec perché sur une sorte de trône abaissa un levier qui ouvrit la cage. Je ne savais pas quoi faire, c'étaient pas des mignons petits chatons les boules de poils là-bas ! Les tigres sortirent de l'enclos et commencèrent à nous tourner autour, moi et le garçon. Je sentais la fin arriver, la victoire du sorcier, le monde plongé dans la famine et la guerre. Un tigre s'apprêta à me bondir dessus. Je fermai les yeux, serrant la main de mon compagnon quand j'entendis un hurlement provenant du haut des gradins. Un petit homme en armure lourde brandissant un énorme marteau bondit dans l'arène et écrasa le crâne du félin contre le sable. C'était Barbas ! Il m'avait retrouvé et était venu à mon secours. En faisant tournoyer son maillet dans toute l'arène, il tua les trois autres tigres sous le regard terrorisé du public. Ayant terminé, il poussa un grand cri de rage en direction des gradins et tout le monde se fit la malle. 

Je le remerciai grandement mais il me répondit qu'il avait seulement remboursé sa dette envers moi. Le gamin, sûrement fait prisonnier et contraint de combattre, se barra en courant l'arène, heureux de ne pas avoir fini dans l'estomac des féroces créatures gisants maintenant à terre. En remontant les marches de la fosse je lui demandai comment il m'avait retrouvé et il me répondit qu'il avait suivi les traces du convoi et que nous nous situions en réalité à l'extrémité Ouest de Belen, non loin de Gente-Tuyère, se trouvant plus au nord. Le volcan, où se situe désormais la capitale des nains serait jadis entré en éruption, rasant la totalité de la partie ouest de Belen et la transformant en un triste désert de cendre.

Ayant manqué la diligence pour rejoindre la capitale et qu'il nous restait à peu près une semaine avant la suivante, Barbas me proposa de rentrer avec lui à Gente-Tuyère afin qu'il me fasse visiter la ville. J'avais peut-être manqué une diligence mais je savais maintenant que Barbas était un ami fidèle et que je pourrai compter sur lui. Nous voilà donc en route pour Gente-Tuyère, la capitale naine !

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⏰ Last updated: Jul 27, 2017 ⏰

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