Achats

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Azael entra sous la douche laissant ses pensées divaguer tandis que l'eau glissait sur son corps. Elle avait été heureuse de ce repas toujours si chaleureux. Elle avait bien conscience que rien n'allait dans cette guilde bien loin de l'influence et des bénéfices qu'avaient les autres. La hiérarchie n'était également pas de mise ici bas. Ils étaient à ses yeux un trio, des amis, soudés dans cette vie sordide. Pourtant il n'y avait qu'elle qui y était obligée. Ils étaient de forts combattants, braves même dans l'adversité et ayant tous deux appartenus à des guildes importantes. La sienne était devenue bien poussiéreuse en deux courtes années. Ana ne l'avait pas quitté même en ayant connu l'âge d'or et elle ne comprenait pas qu'il ne l'ait abandonné à ce moment. Romain les avait rejoint apportant un espoir à ses yeux et un soutien moral pour Anathase. Est-ce que la solidarité masculine valait la féminine ? Elle se mit alors à rire seule voyant où son fil de pensées l'avait mené. Elle sortit et s'habilla plus légèrement pour dormir. Elle sourit devant la vaisselle que ces messieurs avaient abandonné à l'évier et s'en occupa. Elle s'assit ensuite sur la chaise qu'elle occupait par habitude et les attendait en jetant des oeillades impatientes à l'horloge indiquant l'heure. Remarquant la poussière qui ornait le cadran, elle se leva et reprit le nettoyage la où elle l'avait laissé avant le repas. Elle serait au moins fière de leurs permettre d'avoir une habitation plus correcte désormais. Après plusieurs heures, elle regarda fièrement son travail et l'heure qui était passée sans qu'ils ne reviennent. Reprenant sa place, elle posa sa tête au creux de ses bras fermant ses paupières sans en avoir conscience.

Romain examinait avec attention ce qu'il avait obtenu et un sourire satisfait lui vint. Il arriverait à en tirer un bon prix à n'en pas douter. Il termina de cueillir ce sur quoi il avait jeté son dévolu quand un bruit sourd se fit entendre dans son dos. Il se retourna brandissant son arme. Il trouva alors Anathase devant deux imposants cadavres de phacochèvres. Il sourit en avisant les défenses des bêtes et la peau qu'il avait laissé intact.

- En vue du bruit tu les as pas encore dépecés.

- Ouais, je pense que ça sera utile pour le cadeau que je vais lui faire.

- Comment ça ton cadeau ?

- Ouais le mien.

- Eh beh on verra bien si tu y arrives avec ces vermines.

- Et Toi alors ?

- Je me débrouille, tu vas faire ton troque où ?

- Je comptais sur toi.

- T'as trouvé ton maître alors, ricana Romain.

- Ou pas, Ana le jugeait du regard.

- Suis moi plutôt que de faire le malin.

A ces derniers mots il changea de décor en posant sa main sur le miraculeux cristal imité par son comparse. Arrivant à une place où l'animation régnée encore, Anathase se fit remarquer par sa grosse cargaison. Les passans s'etaient arrêtés pour les examiner avec plus d'attention. Ils n'étaient tous deux pas très connus des civils, mais à cet instant ils se démarquaient très bien comme chasseurs et inspiraient donc le respect. Romain sourit en tapant l'épaule de son ami :

- Ne charme pas trop ces dames, je vais chercher le gars et je reviens.

Anathase ricana en le regardant partir accoudé à ses deux cadavres. Il jeta un coup d'œil autour des lui et en effet tous les regards étaient sur lui maintenant que Romain s'était éloigné. Cette sortie avait du bon finalement. Dans une rue perpendiculaire plus loin, Romain avait trouvé l'homme qu'il cherchait. Les négociations commencèrent donc pour ce qu'il avait sur lui. Les plantes médicinales et les quelques poissons qu'il avait pu pêcher partir aisément. Il eût néanmoins plus de mal quand il s'agit d'oeufs plus aisés à obtenir et dû renchérir à l'aide d'une fleur rare nommée la Démone. Il en tira un bon prix par sa capacité pouvant rendre fou un court instant quiconque la touche sans précaution. Vint ensuite le dur moment de le faire sortir de son ermitage pour l'emmener juger de la marchandise d'Anathase. Ce fût plus simple que ce qu'il espérait, les phacochèvres avaient la cote ces jours-ci semblaient-ils. Ils découvrirent donc le chasseur noyé sous la foule à leurs retours. Le négociant se fit apercevoir et les importuns s'écartèrent le laissant arriver devant Ana.

- Ce sont donc vos deux bêtes ?

- Oui.

Il les analysa longuement avant d'achever :

- Votre prix sera le mien, ces bêtes sont impressionnantes. Difficile de croire qu'un seul homme ait pu les achever.

- Tu sais que je suis beaucoup plus bourrin quand je chasse, intervint Romain. Il l'a fait seul, on a agit divisé pour de meilleurs revenus.

- Eh bien dans ce cas je vous donne ceci.

Il tendit la main au devant d'Ana ouvrant sa poigne pour en verser une importante somme l'alourdissant. Le gagnant sourit en le remerciant et reprit :

- Je suis également prêt à vous vendre ceux-ci pour le commerçant avisé que vous êtes.

Anathase tira deux joyaux de sa poche il les montra fièrement à tous ceux assez près pour les observer. Des exclamations survinrent de la foule sous les éclats brillants des pierres précieuses.

- Subjugants. Ils seraient une magnifique paire de boucles d'oreilles pour un joaillier. N'est-ce pas mesdames ? Remerciez ces messieurs qui vous les apporte mais également vos hommes qui mettent la main à leurs porte-monnaie.

Des rires s'élevèrent de l'assemblée, ils eurent tous deux un air entendu en finissant leurs transactions. Puis Ana lui laissa ses trophées avant de rejoindre Romain qui descendait la rue. Ils se sourirent en se dirigeant vers une boutique lumineuse éclairant les pavés et futurs clients. S'engoufrant à l'intérieur après une hésitation de courte durée. Ils n'étaient eux même pas sûr de ce qu'ils étaient entrain de faire.

Ils rentrèrent tardivement alors qu'une nouvelle journée étaient annoncée par les calendriers. Romain bailla :

- C'était sympa. Je sais pas si je le referais souvent mais bon.

- Ouais, sympa...

Il s'arrêta en remarquant Azael endormie sur la table. Ils soupirèrent et murmurèrent :

- On bosse pour elle et elle dort.

- Ouais. Tout va bien.

Se souriant, ils posèrent leurs présents sur son lit en se couchant dans les leurs avec le plus de discrétion possible. Cela n'était pas leur fort mais ils pouvaient bien essayer de temps à autre. Et ils pourraient ainsi éviter la tornade Az après une telle chasse. La fatigue tendait chacun de leurs muscles.

Sous les barreauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant