Effronterie.

68 5 6
                                    

PDV khan.

L'impétueux n'eut d'autre choix que de se taire, à contrecoeur. Evidemment, personne n'aimait se faire reprendre par ce type. Alors, ravalant sa haine, il se mit à rire nerveusement avant de reprendre sa place, du côté des relous incontrôlables, communément appelé les "balances", les "rats", les "informateurs" dont il faisait partie. En soi ceux qui sont indignes de confiance, ceux qui n'hésite pas une seconde à détruire la réputation de quelqu'un simplement en ayant enregistré une conversation, ou juste une bribe de celle-ci, car dans ce milieu la vérité n'a pas sa place, puisque le vice domine. Respect à qui saurait anéantir une vie. Adoration du gourou promettant toujours plus. Rejet de ceux qui ne savent s'imposer dans une jungle toujours plus bruyante, toujours plus sauvage. Là où d'autres échoues, certains se lèvent et par des discours suspects, ravagent le cœur tremblant des plus faibles jusqu'à pouvoir les contrôler. Bien étrangement, ça ne semblait pas être le cas de Aaron.  
Khan le scruta, enveloppé dans une curiosité grandissante. Le type avait une présence écrasante. Nul besoin de parole, il savait faire taire les langues pendues.  Plus d'une fois, pourtant, il avait entendu des paroles à son égard, des bruits de couloirs. La plus part l'adulait, d'autres le haïssait. Mais le coréen n'avait aucun avis. Il l'observait, parfois, se disait qu'il était un beau garçon, qu'il avait devant lui un futur grandiose et que sa popularité ne faisait qu'accroitre cette chance de réussite. Ce jour-ci, Khan le détailla. Jamais il ne l'avait particulièrement scruté à ce point. Même quand il prit place à ses côtés, il continua de le fixer du coin de l'œil.  

A la réponse du garçon, le grisé arbora un sourire, étirant la commissure de ses lèvres pulpeuses dans un rictus perfide, joueur. Jamais personne n'avait soupçonner quoi que ce soit. Aucun d'entre eux ne savait que Khan était celui qui se cachait sous le masque noir. Au final, tout ceci n'était qu'un jeu. Il ne se voyait pas comme une fille, mais il aimait jouer avec ça. Il aimait et assumait son corps fin. Ses mains délicates et ses yeux qu'on pouvait qualifier d'odieux. C'est vrai, quand Khan regardait quelqu'un, il le dévorait des yeux. Son regard pesant et clair faisait sa particularité. Mais en vérité, personne ne faisait attention à lui, du moins, pas ici.  

- Rohh, Aaron, laisse-moi fantasmer ! J'ai pas envie de me dire que c'est un garçon, ça remet en doute ma sexualité...

S'exclama un autre populaire qui déclencha un fou rire général.  

Khan, discret et observateur, ne faisait qu'écouter. Il n'était pas le genre de garçon à parler pour rien dire. Il savait se fondre dans la masse. Mais il n'était en rien passif. La finesse de son corps ne le rendait pas faible, au contraire. Il avait une vivacité dans son regard, une once de provocation constante.  
L'asiatique ouvrit deux boutons de sa chemise couleur crème, puisque la chaleur commençait à l'atteindre.  
Le cri sauvage de Aaron mit fin au brouaha constant de la salle. Khan, en bon joueur qu'il était, se dit que c'était le moment propice pour changer le cours des choses. Sans éveiller de soupçons, il prit son téléphone, mimant de répondre à un message, alors qu'en réalité, il posta la vidéo qu'il avait faite hier. Une vidéo un peu différente. Il était assis sur son lit, des bas noirs couvrant ses jambes pâle comme la mort. On ne voyait pas son visage sur cette vidéo, seulement le bas de son corps jusqu'au nombril. Il retirait ses bas avec la délicatesse d'une femme, chose qu'il n'avait pas quand il agissait "normalement". Il envoyait valser ses bouts de tissus, puis se levait avant de se retourner, posant ses mains sur ses hanches très légèrement courbées, mais tout de même masculines, avant de venir glisser un doigt entre la tissu qui couvrait son derrière. Il commençait très lentement à la descendre, dévoilant seulement sa fesse droite, puis la vidéo s'arrêtait, laissant les plus curieux sur leur faim. Mais c'est ce qu'il aimait. Voir son public réclamer toujours plus. Il avait l'impression d'avoir le contrôle, de pouvoir jouer avec les émotions de ceux qui le regardait.
Comme prévu, à la seconde où la vidéo fût posté, plusieurs personnes eurent une notification. Un bruit sourd vint briser le silence pourtant si durement instauré par Aaron.

- UNE VIDÉO. Y A UNE VIDÉO !

Hurla un geek installé au fond.

The boy behind the pictures.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant