Helldown 1.5 "L'appel de la sorcière - Les origines "

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Roy sortit de la chambre, épuisé de lutter contre les volutes de magie qui sortaient de la sorcière pour le sonder pendant que son corps se calmait enfin après une énième crise. Il ressentait clairement sa curiosité, ses doutes et ses peurs. Tant d'émotions pleines de violence. La similitude avec son aîné, le Kronidès, lui sautait aux yeux : deux âmes esseulées au sein d'un univers qui attendait d'eux qu'ils surmontent des monceaux d'épreuves mortelles. Leurs cœurs et leurs âmes n'en sortaient pas indemnes.
Pouvait-il adoucir son destin, même un peu ? Il en doutait. Les sorcières vivaient dans un monde réellement à part. Elles communiquaient avec l'univers d'une façon qui échappait aux créatures qui les entouraient. Elles lisaient l'avenir et le passé,ressentaient les plaintes de la terre et pouvaient entendre la musique émise par le monde.
Et lui... Pauvre ersatz de guépard qui entendait à peine la souffrance de son propre peuple. Un waste non-opérationnel. Ou presque. Et le fait que leur Vanadis n'ait toujours pas pris sa place parmi eux n'arrangeait pas son problème d'intégration.
Il repensa à Heilin Maxwell.
Dès leur première rencontre au coeur de l'Academy, il sut son importance pour sa race et le comportement de Dageus le conforta dans son impression initiale. Pourtant rien n'assurait que l'Odin gagnerait un jour sa cause. Dageus désirait l'abattre à coup de vérités alors que personne ne jurerait de l'efficacité de cette méthode. Elle passait son temps à cacher ses peurs, ses angoisses et ses douleurs. Un masque presque parfait pour ceux qui n'y prenaient pas garde. Les blessures que portaient Heilin ne se résorberaient pas avec quelques menaces ou quelques explications, il faudrait du temps et de la patience. Des aptitudes que l'Odin ne possédait pas le moins du monde.

Tout comme ses sujets.

Ben et Isil le relayèrent auprès de la jeune sorcière. Il partit accomplir les missions envoyées par River au nom de Rhett et Dageus. Il ne ressentait plus rien. Il ne voyait plus rien d'autre que le nom des wastes à éliminer de l'équation. Il enfuit profondément son dégoût de lui-même et revêtit le masque du « bras armé »de leurs Seigneurs. Sa seule consolation résidait dans ce mantra absurde « je ne tue que le Mal au sein du Panthéon ! ».

- Tu sembles ailleurs, Roy, remarqua Devis.

Le Lug des loups ne lui jeta qu'un regard ennuyé avant de passer à côté de lui pour aviser le corps de son subalterne égorgé par ses soins.

- Tout sera bientôt en ordre.

Roy ne broncha pas.

- La souffrance sera un lointain souvenir, chuchota-t-il.
- Et si tu te trompais ? Osa-t-il intervenir.

Le sourire du loup lui tira un frisson. Il enviait sa foi en l'avenir.

- Les changements ont déjà commencé. Tu es le premier au courant, non ?

Son cœur loupa un battement, pourtant il réussit à garder une expression neutre face au Lug qui ricana. Une fois seul au milieu de l'entrepôt, il jura. Quelques fois, le loup l'énervait à pouvoir, si aisément, déchiffrer les attentes de ses semblables.