Helldown 1.5 "L'appel de la sorcière - Les origines "

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Kiera se remettait difficilement de l'utilisation trop importante de ses pouvoirs. Trop souvent encore ses nuits se peuplaient de cauchemars, d'images d'une époque qu'elle voulait révolue mais qui la pourchassait inlassablement.

Elle expiait cette voie choisie de force des années auparavant. Elles'amendait auprès des âmes qui la tourmentaient dès qu'elles le pouvaient.

La porte d'entrée s'ouvrit. La jeune femme ne se releva pas du divan sur lequel elle restait allongée depuis deux jours. La couette au-dessus de la tête, elle refusait d'affronter le monde pour le moment. Ses pensés tournaient, tournoyaient autour des actes de ses congénères. Sa mère et le Conseil leur nettoyaient le cerveau à coup de suprématie de la race, de sauvegarde de leur sang et de leur rang. Toute cette propagande les tuait lentement. Il lui semblait que les sorcières parvenaient au bout des mantras répétés depuis des années.

Quelque chose se brisa en elle.

Quand sa mère mourrait, elle devrait prendre la responsabilité de ce peuple gangrené. En attendant, d'autres femmes comme Olive, Monique ou Perrine viendraient la trouver pour fomenter des meurtres dans l'utopie de créer un avenir serein pour leur peuple en perdition.

Sa respiration s'accéléra subitement. Elle ne devait pas s'arrêter sur cette idée mais son esprit lui jouait tellement de tours ces dernières heures.

Son maigre rempart lui fut arraché. Le waste la fixait avec une inquiétude manifeste.

- Je sens ta terreur dans tout l'appartement, grogna-t-il lentement.

Sa poitrine se baissa et se souleva rapidement. Son incapacité à lui répondre n'arrangea pas sa crise de panique. Il saisit sa main droite et la redressa d'un coup. Sa chaleur la frôla à peine qu'elle se dégagea d'un mouvement brutale. Le guépard grogna de sa gifle imprévue. Son sang bouillonnait dans ses veines. La terreur déferla à son tour. Lorsqu'elle monterait sur le trône de Tara, à la tête de toutes ces femmes et de ces hommes dans le besoin, la sorcellerie qu'elle évitait depuis sept ans la faucherait dans ses rouleaux si attractifs et elle se noierait.

Elle deviendrait une énième Jezabelle. Un autre bourreau avide de puissance et de sang ennemi. Elle ne parviendrait pas à endiguer le racisme, la haine violente et la justice sectaire.

La sorcellerie contenue dans son corps se manifesta autour d'elle en une vague de chaleur étouffante.

- Qu'est-ce que tu fous ? Hurla l'homme derrière elle.

Si elle mourrait, plus personne ne serait blessée par un Foeh. Plus jamais. Son père mort, sa mère trouverait le chemin de la tombe tôt ou tard incapable de donner une autre descendance à sa dynastie de malades mentaux et elle n'existerait plus. Elle ne serait jamais tenaillée à l'idée de mettre au monde des enfants à leur tour pervertis par leur sorcellerie. 

- Kiera !

Elle bougea légèrement la tête pour entrouvrir ses yeux remplis de larmes. Les yeux bruns sertis d'or la dévisageaient avec horreur.Cette même horreur qui lui broyait le coeur.

Sa peau ondula sous la chaleur. Une mort lente et cruelle pour rédemption.

- Reviens, Kiera !

Deux bras encerclèrent ses épaules. Elle ouvrit ses paupières pour fixer le waste dont les vêtements et les cheveux se consumaient. L'odeur de chaire brûlée lui agressa les narines.

- Arrête ! Hurla-t-elle à son tour, effrayée de le blesser. Recule ! Arrête !

Elle le frappa de toutes ses forces pour qu'il la lâche mais Roy resta soudée à son corps. Ses cris se transformèrent en hurlement profond.

- Laisse-moi ! Tu ne comprends pas ! Si je meurs ici, je ne ferai plus de mal à personne ! Lâche-moi, putain! Ca n'a rien de romantique !

Il n'écouta pas et resta scotchée à elle, son nez dans sa nuque. Les flammes se ravivèrent, violentes, dévoreuse de meubles et de tissus sur son chemin. Pourtant, elles ne touchèrent plus à leurs corps emmêlés. Sa propre énergie refusait de la tuer indépendamment du guépard. 
Sa propre sorcellerie se détournait de son souhait... pour lui... à cause de lui.  

- Je ne peux pas... s'étrangla-t-elle. Je veux juste...

Les doigts du guépard s'enfoncèrent dans ses épaules. Le nez de Kiera se retrouva contre sa nuque glacée comparée au feu autour d'eux.

- J'ai peur, admit-elle enfin. Au secours ! Je peux pas endurer ça seule.

Elle trembla plus fort contre lui. Elle devait l'éloigner. 

- J'ai assassiné, confia-t-elle. J'ai dévoré une sorcière. Très jeune. Je lui ai volé son énergie. J'ai pris son coeur et son âme! 

Il bougea enfin. Sa poitrine se comprima à l'idée qu'il l'abandonne. 

- Comment crois-tu que je me sentirais si tu venais à mourir ? demanda-t-il. 

Kiera écarquilla les yeux surprise par le grondement de sa voix mais aussi par la véhémence de sa question. Assurément, elle ne s'y attendait pas du tout.

- Tu crois que je passerai à autre chose ? continua-t-il ses yeux luisants de rage et d'une douleur qu'elle refusait d'identifier. J'en perdrai la tête, voilà ce qu'il se passera !

- On ne se connaît pas, protesta-t-elle.

Kiera détesta sa voix aiguë et pathétique. L'espoir sous-jacent ne pouvait échapper à personne. 

- Mon guépard t'a reconnu. Tu es mon ancre et ça me suffit !

Ca me suffit. Ces mots flottèrent entre eux jusqu'à ce queses sanglots soulagés se calment enfin.

Quand elle posa, d'elle-même, ses lèvres sur les siennes, il lui sembla rentrer enfin à la maison. 

End