Chapitre 9 : Des rencontres

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Il faudra lancer le média au moment indiqué, bonne lecture.

Mon ordinateur ne nous avait servis qu'à télécharger de la musique ou regarder des films. Je n'avais jamais utilisé les sites de tchat réellement.

On avait bien deux-trois fois embrouillé quelques filles avec Salim en leur racontant n'importe quoi sur notre passé de pseudo-gangster sorti fraîchement de prison, et on se marrait de voir avec quelle complaisance et quel émerveillement elles nous répondaient.

Les filles avaient beau rejeter les "racailles", elles raffolaient secrètement des repris de justice...
Une espèce d'amour du drame inconscient. Une propension à vouloir pleurer leur amour invincible au parloir.
Les honnêtes garçons, ça n'était visiblement pas très vendeur.

Seul face à mon écran, sur mon compte facebook tout juste créé par Ibrahim, je déambulais sur les profils des uns et des autres, me familiarisais doucement avec la plateforme.
La plupart des contacts que j'ajoutais étaient des gars du quartier. Sur leur mur, des citations de rap, des liens vers des morceaux choisis, et des photos d'eux-mêmes en vacances dans le sud ou au bled.

Mon âme de voyeur n'était pas totalement satisfaite, car au fond, leur vie ne m'intéressait pas.

Je décidai de m'aventurer à ajouter des gens que je ne connaissais pas. Je me disais que ce serait forcément plus trépidant que de retrouver les mêmes têtes dans les cages d'escalier que sur la toile.

Des filles en priorité. Sélectionnées en fonction de leur photo de profil.

Et me voilà parti dans une chasse que je n'aurais pu engager que par écran interposé.

Les messages privés devinrent ma spécialité. Des dizaines d'échanges en simultané. Avec ma petite photo de minet énigmatique, ça fonctionnait assez facilement :

Mes messages commençaient toujours de la même façon :
"Salut, ton profil m'a semblé intéressant, on fait connaissance ?"

Puis les filles acceptaient bien vite de se montrer sur MSN, et même parfois de se dévêtir tard dans la nuit, quand ni l'un ni l'autre ne savions exactement ce que nous faisions ni pourquoi...

Prises de remord, certaines disparaissaient dès le lendemain...

Des centaines de discussion plus tard, et des heures et des heures perdues à m'abîmer la rétine devant l'écran, je commençais à me lasser.

Les filles étaient en général assez réticentes lorsque je proposais finalement une rencontre réelle. Et je n'insistais pas, car moi non plus je n'en espérais pas grand chose. Aucune n'avait rien su m'apporter de nouveau, et j'avais l'impression de revivre chaque fois le même scénario.

Un soir que je continuais à traîner sans but sur divers profils, mes yeux furent brusquement attirés par une suggestion de contact.

Une brune assise sur des escaliers. Mais ce n'était pas tant sa photo qui m'avait interpellé... C'était son nom : Salma Maarouf.
Mon nom.
Un nom d'origine libanaise.
Un pays aux lettres obscures, dont on ne parlait jamais : celui de mon père.
Il avait suffisamment fait souffrir ma mère pour que nous lui fassions l'honneur de le mentionner. Il avait simplement cessé d'exister pour nous.

Nous avions appris à nous suffire à nous trois.

Nous n'avions pas eu le choix : pas une seule fois il n'avait daigné donner un sou pour notre subsistance. La pension alimentaire n'ayant jamais été versée, et lui ne s'étant jamais manifesté depuis que le divorce avait été prononcé, mon frère et moi n'avions pas formulé la demande de le revoir. C'était même devenu presque... un tabou.

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