dédale

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mais je crois que je suis arrivée à un stade où ce n'est plus prendre soin de moi, c'est survivre. survivre à moi-même, à la noirceur de mes pensées nocturnes, au vacarme de mes songes qui résonnent là-dedans à la manière d'un refrain entêtant. vous pouvez échapper à tout, courir jusqu'à distancer vos craintes, mais jamais vous ne pourrez échapper à vous même.

chaque jour, à chaque réveil, je me sens différente. comme si une autre personne prenait place en moi sans que je ne puisse la repousser. une sorte de deuxième conscience qui écraserait la première pour prendre la totale surface de ma carcasse. certains croient en la vie après la mort, d'autres prennent ces personnes pour folles, et moi je crois en la vie pendant la vie. Une sorte de cohabitation spirituelle négative, mauvaise, qui vous ronge de l'intérieur et qui finit par prendre possession de vous.

un vide en moi se creuse, laissant un espace béant, une faille qui me met face à tous les dangers, à la rudesse de la vie et à ses pêchés. et parmi ce cercle vicieux qui ne cesse de me bercer en son cocon, les phases de bien-être sont bien les pires. elles vous offrent l'illusion d'un rétablissement presque promis, vous semblez voir le jour à la fin du tunnel sans même prendre en compte les crevasses et pièges qui peuplent pourtant cette route sinueuse qu'est celle du bonheur. la vie n'est pas un long fleuve tranquille, c'est une putain de cascade dans laquelle vous ne cessez de vous faire éclabousser et malmener. les mots sont comme des poignards, ils vous assaillent et vous entaillent jusqu'à ce que les maux soient trop importants pour qu'on ne puisse les arranger. vous vous retrouvez en bas de ces chutes, perdu, désorienté, sans point d'encrage assez sûr, puis vous sombrez. le navire coule, et le marin avec. vous n'êtes plus que carcasse absorbée par les océans.

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