Il était six heures du matin, et tu n'étais pas mienne.
Ta beau bleutée par les néons des derniers pubs ouverts,
Tes yeux rougis par la drogue que tu venais de consommer,
Tout chez toi me rappelais moi.Je me remémorais, assis sur le pavé gelé, nos longues nuits à parler de notre futur. Au plus profond de nous, nous savions parfaitement que ce n'était que rêverie et illusion, nous savions parfaitement que cela ne se réaliserai sûrement jamais, mais nous espérions que ce serait un jour réel.
Notre fantaisie ne mènerait probablement à rien, je ne déments pas, nous nous faisons probablement des idées : mais j'aimais y croire. J'aimais me dire que, malgré le fait que le pourcentage de probable séparation, qui frôlait la valeur maximum, il y avait ne serait-ce qu'un petit pourcentage de chance que notre histoire marche. J'aimais aussi me dire qu'en ce laps de temps qui nous était donné, j'avais le privilège de pouvoir me réveiller à tes côtés, apercevoir tes yeux encore endormis me scruter amoureusement. Tu étais belle, le matin, le midi et même le soir. Tu dégageais toujours cette aura autour de toi qui faisait que, même accoutrée de haillons et de tissus les plus abjects qu'il soit, je trouverais le moyen de voir une once de beauté en toi, et je pourrais passer des jours et des nuits à décrire chaque trait de ton visage, parler de la manière dont ta joue se tord pour former, en son centre, ce petit creu que j'aime tellement.
Et malgré toutes ce pensées que j'avais en cette nuit glacée, tu n'étais toujours pas mienne. J'avais beau te reserrer dans mes bras, te ramener contre moi, tu trouvais le plus intelligent moyen de te glisser dans la masse tourbillonnante, et m'échapper, comme si rien n'avait existé, fantaisie contemporaine, véritable chaos, les battements de mon cœur anéantissaient mes pensées, en cette nuit, désespéré, assis sur le pavé gelé.