31 Août-Cornouaille

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Je n'ai aucune idée de comment commencer... Il faut se présenter je crois, comme si on rencontrait quelqu'un pour la première fois. Et bien bonjour, moi c'est Nasya. Étrange, je sais, mais mes parents aimaient bien ce qui sort de l'ordinaire. Enfin, tant que ça ne s'éloigne pas trop des limites de leur esprit moldu. Comme recevoir une lettre d'admission à une école de sorcellerie par exemple... Le jour où j'ai reçu ma lettre... Un véritable ascenseur émotionnel. D'abord, je me suis demandé si c'était bien réel, ou alors s'il s'agissait d'une blague. Puis, j'ai commencé à faire le lien avec toutes ces choses étranges qui m'arrivaient depuis toujours. Ça a été un véritable soulagement : je n'étais pas folle, comme il m'était arrivé de le penser. Ensuite, j'ai ressenti de l'appréhension en voyant mes parents me regarder bizarrement. Appréhension qui s'est vite transformée en peur, et pour cause... Ils m'ont demandée de faire mes valises pour aller rendre visite à ma grand-mère. Cela fait maintenant 6 ans que je n'ai plus de nouvelles d'eux, 6 ans qu'ils m'ont laissée seule chez ma grand-mère avant de repartir en France. Ah oui, j'ai oublié de le dire, mais je suis française. J'ai déménagé en Angleterre quand mes parents ont décidé de se rapprocher de ma grand mère, qui y vivait depuis plusieurs années déjà. J'avais 7 ans. Sa maison, perdue au fin fond de la Cornouaille, a été, depuis le départ de mes parents, mon refuge pendant toutes ces années. Ne croyez pas, même si c'est au milieu de nulle part, on capte internet. Heureusement, sinon je ne l'aurais jamais supporté. Oui, j'ai décidé de vous parler directement, vous, les possibles lecteurs inconnus que je me plais à imaginer. J'aurais sûrement oublié mon journal quelque part et vous, vous l'auriez trouvé, le prenant pour un livre de fiction... Ça risque fort d'arriver, je suis assez tête en l'air, mais en plus, vous imaginer m'aide à me sentir moins seule.

Dans une heure, je dois prendre le bus pour Londres, où je dormirai, pour rejoindre demain la voie 9 3/4. Si le bus n'a pas de retard, j'aurais, normalement, tout le temps d'acheter ce dont j'ai besoin au chemin de traverse. Et bien sûr, si moi je ne loupe pas mon bus, ce qui a de grandes chances d'arriver si je ne me dépêche pas. On se retrouve plus tard !

Nasya pose son stylo, ferme son journal et l'observe quelques secondes. Avant de trouver comment commencer, elle avait pris le temps de l'orner avec de nombreuses références à ses films et séries préférées. Elle soupire. A partir du lendemain, elle allait encore devoir dire au revoir à tout ça, alors même qu'elle n'avait pas réussi à rattraper son retard durant l'été. Elle se lève, prend son sac et va dire au revoir à sa grand mère. En passant devant un miroir, elle s'arrête quelques secondes pour se regarder. Ce n'est pas à Poudlard qu'elle pourra s'habiller comme ça... En effet, Nasya portait un tee-shirt blanc, court devant et long derrière, un pantalon déchiré noir et un bonnet "Normal people scares me". Elle sourit en pensant que s'ils découvraient qu'elle est une sorcière, ce serait plutôt les gens normaux qui auraient peur d'elle, comme ses parents. Elle secoue la tête pour éloigner ses parents de ses pensées. Les gens qui vous abandonnent, il vaut mieux éviter de leur accorder trop de place dans votre esprit, sinon, ils vous l'assombriront d'idées noires. Plus facile à dire qu'à faire...

Hélène, sa grand-mère, est assise à la même chaise que d'habitude. Elle a conscience que Nasya va encore repartir et son coeur se sert à cette idée. Qui sait si elle sera encore en vie quand sa petite fille rentrera ? Personne, pas même les médecins qu'elle est allée voir. Mais ça, Nasya ne le sait pas, Hélène a toujours fait de son mieux pour ne pas lui rajouter de quoi s'inquiéter et elle est assez fière de pouvoir dire qu'elle a plutôt bien réussi jusqu'à présent. C'est ce qu'elle se dit quand la chaire de son lâche de fils vient l'embrasser pour lui dire au revoir. Les yeux sont humides pour l'une comme pour l'autre, mais aucune n'oserait l'avouer. Ce n'est qu'une fois assise dans son bus, que Nasya, s'autorise à pleurer. Contrairement à ce que croit sa grand mère, elle sait parfaitement que c'était probablement la dernière fois qu'elle la voyait...

Journal d'une Poufsouffle [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant