Professeur Isak | Even/Isak

Un élan de panique

Isak arrive chez moi dans dix minutes, je ne peux plus attendre. Je ne comprends pas mon comportement, je n'ai jamais attendu quelqu'un avec tant d'impatience, je ne tiens pas en place.

Ding dong

Je sursaute. Ce doit être lui. Je cours presque jusqu'à la porte d'entrée, et l'ouvre pour tomber nez à nez avec ce qui semble être la plus belle créature que ce monde ait jamais porté, Isak Valtersen. Il me regarde, tout sourire, il est foutrement beau. Reprends-toi, Even, par pitié. J'invite mon professeur à entrer, et nous nous mettons tout de suite au travail, dans le salon. Isak sort ses crayons, ses estompes, ses gommes, et m'explique comment dessiner les corps humains, tout en illustrant ses propos sur un papier. Je dessine moi aussi, en même temps, je m'améliore enfin. Isak continue à m'expliquer, mais je ne l'écoute qu'à moitié, trop concentré sur ses boucles blondes tombant sur son front pâle et lisse. Il lève la tête :

« Tu as compris ? A toi. », me dit-il, présentant un papier vierge et un criterium devant moi.

Compris quoi ? Je n'ai aucune idée de ce qu'il m'a demandé. Je me sens rougir de honte, je n'ose pas le regarder.

« Even ? »

Oh. Répète mon nom Isak, je t'en prie, il est magnifique quand il vient de ta bouche. Je lève finalement les yeux vers lui, il me sourit timidement, attendant toujours une réponse de ma part.

« Je... n'ai plus très envie de dessiner... » je dis tout bas, par peur de le vexer. Au lieu de cela, Isak me fait son plus beau sourire, et pose ses crayons avant de s'affaler sur la chaise et de me dire, l'air soulagé :

« En fait, j'attendais que tu dises ça. J'ai mal au dos à force d'être assis là. »

Je lui souris et lui propose d'aller dans ma chambre, voir un film, ce qu'il accepte joyeusement. Il se jette sur mon lit et attend que je choisisse un film. Je le rejoins, et nous nous asseyons confortablement contre une pile de coussins, « Harry Potter » commence.

Vers le milieu du film, j'entends Isak bailler et avant même que je puisse réagir, il pose sa tête sur mon épaule. J'espère qu'il ne sent pas mon cœur battre plus vite qu'il n'a jamais battu. Timidement, je passe ma main et la pose sur son épaule. Les minutes passent, et je me sens bien. Isak et moi sommes maintenant complètement couchés, nous ne regardons plus vraiment le film. Je tourne la tête pour le regarder, et il tourne la sienne, nos yeux se rencontrent et à nouveau, je me perds dans leur beauté. Nous sommes si proches, je perçois chaque détail de son iris, et Isak se rapproche encore de quelques centimètres. Ma respiration s'accélère, mes yeux s'agrandissent, presque plus rien ne sépare mes lèvres de celles de mon professeur. L'homme qui me rend fou depuis des jours s'approche encore, prend délicatement mon visage entre ses mains et dépose un doux baiser sur mes lèvres. Je suis pris d'un soudain élan de connerie mélangée à de la panique à cette action et je m'éloigne d'Isak, brusquement, stupidement.

Il n'a pas fallu longtemps à Isak pour se lever, prendre ses affaires et s'en aller de chez moi, sans un mot, sans un regard en ma direction. Mon cerveau me hurle de le rattraper, de l'embrasser, de m'excuser et de le prendre dans mes bras, mais mon corps est pétrifié. Qu'est-ce qu'il m'a pris de rejeter de cette façon la personne dont de toute évidence je suis tombé amoureux ?