Rencontre inattendue

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Cela fait maintenant deux jours que je repousse le prochain cours de dessin avec Isak. La raison ? Une grosse épidémie de grippe s'est étendue dans la ville ses derniers jours, et je suis donc malade comme un chien, couché toute la journée. Il est 16 heures, je dois me lever et aller chez le médecin ; mon rendez-vous étant à 16h30. C'est avec une grande peine que je me lève, je me sens très faible et j'ai froid. Malgré la chaleur du mois de juin, j'enfile un pull entre deux bâillements -j'ai très envie de retourner me coucher. Je me traîne jusqu'à ma voiture et roule en direction du cabinet de médecins, et me laisse tomber sur l'une des chaises de la salle d'attente du docteur Wilson. La salle est assez grande, une dizaine de sièges sont placés contre les murs blancs décorés de différentes affiches plus répugnantes les unes que les autres : « Voici la différence entre des poumons sains et des poumons d'un fumeur. Fumer tue ! ». La salle est presque pleine, je ne serais pas étonné que tout le monde ici ait une grippe. Je vais sans doute attendre un bon moment avant d'avoir mon ordonnance pour des médicaments, il faut que je m'occupe. Je regarde autour de moi, prenant soin d'éviter les affiches, et décide qu'observer les gens serait plus intéressant que de lire des magazines datant de plusieurs années. Il y a un vieux monsieur en face de moi, il n'a presque plus de cheveux, son crâne reflète la lumière du néon. A côté de lui, une vieille dame, sa femme sans doute. Elle est parfaitement soignée, porte un tailleur et des escarpins qui brillent, et aucun cheveu ne dépasse de son chignon tiré. Elle a l'air sévère, elle me fait presque peur, je dirige donc mon regard vers la personne à côté. C'est un garçon qui doit avoir mon âge, il a des cheveux blonds ébouriffés, il a l'air d'être sorti de son lit spécialement pour son rendez-vous, comme moi. Il porte un sweat à capuche gris, ses mains sont fourrées dans ses poches. Il est immobile et regarde le sol, je ne vois pas ses yeux. Il est mignon, même s'il semble vraiment bien malade et fatigué. Soudain, il lève les yeux vers moi, des merveilleux yeux bleu-verts, dans lesquels je me perds. Il n'arrête pas de m'observer, un regard sans émotions particulière, mais très insistant, et je n'arrive pas à me détacher de ses pupilles.

 Il n'arrête pas de m'observer, un regard sans émotions particulière, mais très insistant, et je n'arrive pas à me détacher de ses pupilles

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J'entends des pas s'approcher, puis une voix appeler :

« Monsieur... Valtersen Isak ? C'est à vous. »

Le garçon blond abandonne mes yeux et lève la tête, répondant à l'appel. Il se lève et part rejoindre le docteur Wilson. Valtersen Isak ? C'est donc lui, mon mystérieux professeur de dessin à la voix magnifique ? Je n'en reviens pas. Comment peut-il être encore plus beau que je l'avais imaginé ?

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Je suis de retour chez moi, avec mes médicaments, et avec le visage d'Isak toujours en tête. Un visage si parfait qu'il m'a rendu complètement gay, j'ai l'impression. Affaibli par la maladie, je ne suis conscient qu'à moitié de ce que je fais, c'est comme cela que j'envoie un SMS à Isak, lui souhaitant de se remettre rapidement de sa grippe. Je pose mon portable et m'affale sur le canapé et m'endors presque immédiatement.

Un peu plus tard, une sonnerie me sort de mon sommeil, un SMS d'Isak :

« C'était donc toi, chez le médecin... Merci, remets-toi vite, toi aussi. On reprend le dessin au plus vite ! »

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Aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. J'espère qu'Isak aussi, comme ça, nous pourrons reprendre le dessin très bientôt. Je me lève, m'étire, fonce sous la douche et m'assoie finalement à mon bureau pour m'entraîner à dessiner ; c'est plus pour impressionner Isak que pour l'amour de l'art. Je me concentre, dessine chaque trait avec la plus grande précision possible, essayant tant bien que mal de représenter un être humain correct. Mon téléphone sonne, je sursaute, mon crayon trace un trait imprévu. Je décroche, un peu agacé, sans même regarder de qui provient l'appel. Une voix que je reconnaîtrais entre milles atteint alors mon oreille, me rendant instantanément ma bonne humeur :

« Salut Even ! Comment tu vas ? Je me suis dit qu'on pourrait peut-être... se voir, tu sais, pour dessiner. Ce serait plus simple de t'expliquer en face à face, tu penses pas ?

- Salut Isak, je vais mieux merci, toi aussi on dirait ! Ce serait avec plaisir ! », je réponds.

Nousconvenons alors de se retrouver chez moi dès le lendemain, j'ai très hâte peut-être même un peu trop.

Professeur Isak  |  Even/IsakOù les histoires vivent. Découvrez maintenant