"La peur m'enlace"

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"La peur m'enlace et je ne sais y faire face,
Je crains que ma vie ne s'efface."

Severus comprit son erreur. Un peu tard malheureusement. Depuis quand faisait-il des erreurs de débutant au juste? Depuis que l'euphorie était revenue dans sa vie. Il était en colère. Si il avait été en face de lui-même, il se serait donné une claque. Il prit simplement la feuille de marche-à-suivre de sa potion puis la déchira, avec une lenteur dangereuse, en deux pour commencer, puis en quatre et continua jusqu'a ne plus rien avoir à déchirer. Il balaya du bras avec agressivité tout ce qui se trouvait sur son bureau. Des parchemins, des plumes, trois encriers qui tachèrent le mur, un verre qui se brisa et une bouteille de vin rouge se retrouvèrent au sol. Il pris un tableau du mur avec une photo de lui et d'Élyse, sa "femme". Il le jeta au sol avec une telle force que la fine vitre se brisa. Il donna un coup de poing dans le mur et la douleur suite à cela le calma d'un coup. S'était-il cassé la main? Ce serait trop bête. Si il devait donner un chiffre il dirait que le soir lorsqu'il essaya de lire un livre, il avait déjà perdu cinquante pour-cent de sa vision. Et même si il ne l'avouerait pas, il commençait vraiment à avoir peur. C'était comme si la peur s'approchait de lui à pas de loup et venait l'enlacer jusqu'à l'étouffer et le faire paniquer. Comme faire face à cette peur. Comme vivre dans le noir. Il n'avait personne de confiance pour le guider et il ne ferait confiance à personne. Moins il voyait et plus une part de lui disparaissait, cette part de lui heureuse qui s'effaçait pour laisser revenir le Severus froid et sans vie d'autrefois. Il voulait lutter contre cela. Mais il ne pouvait rien y faire. Il était incapable de faire quoi que ce soit à part espérer que sa vue arrête de dégrader de cette manière.

Encore plus tard dans la soirée, il retourna dans son bureau qu'il avait saccagé quelques heures plus tôt. Il y avait du verre par terre à plusieurs endroit. Il y avait celui de la vitre de tableau, il y avait du verre de sa coupe de vin, du verre d'un encrier qui s'était brisé et de verre coloré de la bouteille de vin rouge. Il commença à ramasser lentement morceau par morceau agenouillé sur le sol. En ramassant un morceau il se coupa. Une entaille assez profonde sur la paume de sa main. Il n'en fut pas plus surpris et continua. Il ne remarqua pas que du sang coulait de sa main, le confondant avec l'encre rouge d'un de ses encriers. Ce n'est que dix minutes plus tard qu'il remarqua la gravité de cette entaille. Il paniqua un peu lorsqu'il ne trouva pas sa baguette pour se soigner. Il finit pas la trouver coincée dans les replis de son gros fauteuil tout neuf. Se posant trop de questions et se retournant à chaque minutes dans son lit, il prit une potion de sommeil sans rêves. Il oublia que rêver n'était pas égal à penser. Mais finit par trouver le repos.

Severus se réveilla vers deux heures de l'après-midi. Il recommença à penser à plein de choses. Quand il voulut ouvrir ses yeux il n'y arriva pas. Il commença à paniquer. Il n'allait pas pleurer. Mais son coeur accéléra et il eut du mal à respirer. Pendant un instant il se crut défaillir. Il eut le souffle coupé pendant quelques secondes lorsqu'il avança ses main en direction de ses yeux. Il laissa échapper un cri grave. Ses yeux étaient ouverts et il ne voyait absolument plus rien du tout. L'air autour de lui lui semblait de plus en plus humide et chaude et il avait vraiment du mal à en prendre l'oxygène. Il s'assit sur le bord de son lit et essaya de se calmer. Quand il parvint à respirer à nouveau comme il le fallait, il se détendit. Il resta néanmoins figé par la peur de se déplacer. Qu'allait-il advenir de lui même? À cet instant précis il songea à la mort. Vivre dans le noir n'était pas presque la même chose que ne pas vivre. La mort telle qu'il se la représentait était un purgatoire de solitude et de noirceur. Cela ressemblait beaucoup à ne rien voir. Pourtant, il n'avait pas vraiment envie de mourir après tout ce à quoi il avait survécu.

Après trente minutes il se leva et réussit à se changer, il trouva des habits. Il n'avait aucune idée de ce à quoi il ressemblait. Il eut soudain une idée, il y avait bien une personne de confiance. Minerva McGonagall était toujours la directrice Poudlard. Et comme il ne s'imaginait pas transplaner et marcher au millieu d'une horde d'élèves, il envoya son patronus, en message de détresse. Quelques minutes plus tard, Minerva arriva dans son salon.

-Severus? Tout va bien?
-Minerva, je suis là, dans la chambre.
-Qu'est-ce qu'il y a? Voyons, regarde moi lorsque je te parle.
-Justement, je ne peux plus regarder, je ne vois plus, c'est... une potion qui a mal tourné.
-Comment-ça tu ne vois plus.
-Ce matin je me suis réveillé dépourvu de toute vue.

Severus fit une longue explication détaillée de tout ce qui s'était passé. Minerva lui expliqua que les aveugles dans le monde sorcier pouvaient parfaitement vivre et travailler avec un peu d'aide. Il ne comprit pas tout de suite. Minerva dit ensuite qu'il était question de lui trouver un accompagnant. Il eut un rictus de dégout qui n'échappa pas à Minerva. La veille sorcière retourna donner ses cours et promis à Severus de revenir vite avec de l'aide.

<fin de chapitre>

Menthe poivrée                                                     (sevmione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant