"Je te promets" (1)

240 11 3
                                    


"Je te promets alors d'y arriver
Peu importe ce que cela va couter."

Comme cela pouvait être agaçant. Tellement que le professeur des potions finit par en avoir la migraine. Mais qu'est ce qui lui arrivait. Il se regarda dans la glace et vit celui qu'il était. Un homme, ou du moins ce qu'il en restait après des années a commettre des abominations aux ordres d'une créature sans nez qui plus est, rongé par les nuits blanches, le teint blafard et les cheveux noir de jais, gras de surcroît. Il se trouvait indécent. Il ne pouvait pas avoir ce genre de pensées parasites. Mais il ne pouvait s'en empêcher. Hermione était une personne formidable et pour son plus grand malheur, elle était de plus en plus présente et dans sa vie et dans ses pensées.

Il essaya de se rappeler tout ce qu'il méprisait chez elle lorsqu'elle était son élève, cette incorrigible miss-je-sais-tout avec réponse à tout. Ses cheveux ébouriffés de l'époques, style Seamus Finnigan après avoir fait exploser une potion comme il en avait le secret, qui venaient parfois lui réduire son champs de vison lorsqu'il effrayait les élèves sur les bancs de sa classe. Sa petite main qu'elle levait si haut pour avoir la parole, lorsque le maître des potions faisait semblant de ne pas la voir. Jusqu'à ce qu'elle en devienne fébrile et finisse par prendre la parole malgré tout. Argh! Mais elle n'était plus cette fille là. En fait, elle n'était même plus une fille mais une jolie jeune femme, avec des joues rosées et une petite mèche rebelle qui venait lui caresser le front lorsqu'elle était concentrée... Non mais... Il n'en revenait pas, comment pouvait il penser cela? Il en était sûr, il était devenu fou, sénile même. Un verre de Whisky Pur Feu devrait l'aider à oublier, à s'oublier et l'oublier.

"Cinquante-cinq, cinquante-six, cinquante sept..." Un parchemin à la main et une plume dans l'autre, Hermione faisait l'inventaire avant de fermer la boutique et rejoindre Severus comme convenu la veille. Elle était surexcitée, certaine de ne pas se tromper. Les choses n'étaient pas comme son ancien professeur voulait lui laisser croire et elle ne pouvait être que surprise de ne pas l'avoir compris avant. D'abord si Severus était encore l'homme méprisable et sans cœur qu'il avait pu être dans le passé, il n'aurait pas fait autant d'efforts pour trouver un remède pour elle surtout après le premier baiser et sa fuite désastreuse.
Malgré tout, pendant ces mois de séparation, il ne cessa pas chercher et chercher jusqu'à trouver. Ensuite, s'il ne l'appréciait pas, il ne l'aurait jamais embrassée de son plein gré et même en admettant qu'il se soit laissé emporter ou que le baiser était dû uniquement à une attirance physique, alors il ne lui aurait pas demandé de continuer à travailler avec lui après tout cela.
La conclusion était claire pour Hermione, elle en était sûre, Severus Rogue, aussi durement qu'il essayait de se convaincre du contraire, l'appréciait bien plus que comme une amie. Elle refusait d'ailleurs qu'il se ferme comme une huitre, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti un tel intérêt pour une personne. Elle ne laisserait pas tomber aussi facilement car il n'y avait qu'un Severus Rogue.

Trois coups à la porte secs et enjoués se firent entendre, puis un verre se briser. Ce son paraissait à Hermione beaucoup trop familier. Par réflexe elle entra en trombe dans l'appartement, souvenir de quand son cher professeur était encore incapable de voir et qu'elle était ses yeux. Mais il avait récupéré la vue depuis longtemps et quant à elle, elle ne comprit pas ce qu'elle vit, ou plutôt pourquoi Severus était dans cet état. Il était affalé sur son fauteuil favori, la carcasse de son breuvage étalée sur le sol. Des effluves de miel et d'éthanol parvinrent jusqu'au narines d'Hermione. "Whisky Pur Feu", pensa-t-elle. Il semblait dans une sorte de torpeur, comme si une brume l'entourait ou qu'il vivait dans un monde de coton.

-Severus? , l'interroga-t-elle.
-Miss Granger, dans le laboratoire, répondit-il.

L'emploi de son nom de famille pour s'adresser à elle la fit frémir dans le mauvais sens du terme. Il le faisait exprès. C'était sa manière de se protéger de ce qu'elle pourrait devenir ou de ce qu'elle pourrait représenter s'il s'ouvrait un tant soit peu. Elle n'allait pas se laisser intimider.

Menthe poivrée                                                     (sevmione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant