Chapitre 8

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C'était notre dernier jour aujourd'hui. Isaac n'était toujours pas revenu me parler après hier soir, ce qui frustrait énormément Lydia et Gabriella. Pour ma part, je me doutais qu'il réagirait ainsi. Megan avait le don de tout gâcher.


Pour la dernière fois de notre séjour, sans surprise, nous randonnions. Nous étions arrivés à un passage assez délicat. Le sentier était réduit à une sorte de passerelle très étroite, en bois, avec pour seule protection, une « barrière » qui n'était autre qu'une simple corde de style cordage de bateau. Le tout, le long d'une paroi rocheuse, à flanc de montagne. Cette fois-ci, je laissais passer tout le monde devant moi. Car il y a bien une chose que je déteste en montagne, c'est ce genre de passage. Je n'avais habituellement pas le vertige mais j'avais fait l'erreur de jeter un coup d'œil en contre bas. Ce que j'avais vu ne m'avait pas plu du tout. Tout un tas de rochers plus au moins gros et pointus. Avant ça, la pente est très raide et très effritée. J'étais comme paralysée.


-Lys' ? m'appela Lydia de l'autre côté.


Je levais les yeux vers elle et mon regard devait être tellement emplis de terrreur qu'elle alla immédiatement chercher... Isaac. Ben voyons.


Je ne le vis pas retraverser et il était maintenant en train de me parler mais je ne l'écoutais pas, l'esprit ailleurs. J'avais l'impression d'avoir du coton dans les jambes. Le temps semblait ralentir. Ce fut seulement quand il me prit par les épaules et me secoua comme un œuf kinder, que je repris conscience de la réalité.


-Lys ? C'est bon tu es avec moi ? m'interrrogea Isaac.


Je fixais ses beaux yeux bleus inquiets et poussais un soupir.


-Oui. Ca va aller.


Je n'en pensais pas moins et cela dû se voir :


-Tu mens. Regarde-moi, et seulement moi, efface tout le reste et concentre toi sur moi. On va traverser ensemble, d'accord ?


Je hochais simplement la tête.


Il me prit gentilment par la main et m'attira à ses côtés, de façon à ce que je me retrouve collée à lui et que nous puissions passer côte à côte ; lui près du vide, moi près de la paroi. Je me focalisais sur sa main dans la mienne. Elles s'emboîtaient à la perfection. J'étais tellement absorbée par mes pensées que je ne vis pas la traversée de la passerelle. En revanche, arrivés de l'autre côté, je ne loupais pas le regard mauvais que me lança cette chère et tendre sorcière de Megan.


La passerelle maudite éloignée, le chemin redevint à peu près normal jusqu'à notre arrivée, c'est-à-dire jusqu'à un refuge. Nous sommes entrés à l'intérieur pour manger à l'abris du vent et du froid mordant qui nous avaient surpris à la fin de la montée.


Je profitais de l'endroit très bien aménagé et chaleureux pour aller remplir ma gourde au robinet. Je croisais Isaac qui m'interrogea du regard. Je compris la question sans qu'il eut besoin de me la poser : « Ca va ? » . Je hochais la tête, un petit sourire au coin des lèvres, bien qu'à peine fut-il passé, il retombait à plat. Je n'étais en réalité, pas très emballée à l'idée d'emprunter le même chemin qu'à l'aller. En fait, cette dernière sortie était juste pour le « fun » d'après les profs. Ils n'avaient aucune roche à nous montrer. Je bougonnais dans ma barbe toutes sortes de noms d'oiseaux en retournant dans le grand réfectoire où nous mangions : je me serais bien passée de cette randonnée à flanc de montagne. J'adore la montagne hein, mais là, pas trop.


Sauf que je n'eus pas le temps d'énumérer tous les volatiles existants que je me faisais attraper le bras et qu'on me tirait à l'intérieur d'une pièce inoccupée. Une sorte de pièce décharge où trônaient pleins de vieux meubles et autres bricoles. Je faisais alors face à Isaac. Enfin face à son cou, dû à ma petite taille et surtout dû au fait que nous étions vraiment beaucoup très proches, physiquement parlant. Ses yeux bleus me scannaient de part et d'autre, puis il sourit :

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