Troisième partie (3/4)

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Guidé par la voix à la fois douce et autoritaire du jeune homme, David s'assit face à lui en essayant de paraître le plus serein possible.


— Je ne pensais pas que tu viendrais jusqu'à moi, je dois avouer que je suis surpris, se réjouit André.

— À dire vrai, je ne pensais pas en être capable non plus, tenta-t-il afin d'évacuer son stress.


André éclata d'un rire franc puis se remit à le contempler. Son regard observateur le troublait, mais David essayait de cacher les apparences.


— Tu veux boire quelque chose ? interrogea-t-il.

— T'as qu'à nous prendre la même bière que tu buvais, répondit André d'un air taquin. T'avais l'air d'aimer ça.


L'adolescent s'exécuta et commanda deux demis au garçon qui s'empressa de les leur apporter.


— Eh bien ! Tu vois, tu commences déjà à apprécier, plaisanta le serveur en déposant les verres devant les deux jeunes hommes.

— Je ne suis pas sûr qu'apprécier soit le bon terme, disons que c'est rafraîchissant, s'amusa-t-il.


Les deux jeunes trinquèrent puis commencèrent à boire. Si David grimaça une nouvelle fois au goût amer de la bière brune, André ne broncha pas et reprit même une deuxième gorgée. Aucun ne semblait avoir envie de discuter, et cela plaisait à David qui appréciait le côté mystérieux de son compagnon. Ils s'observaient mutuellement pendant qu'ils dégustaient leur breuvage. Il remarqua ainsi quelques cicatrices, sur le côté droit du cou du bel André, d'une forme si singulière qu'il ne se rappela pas avoir déjà observé un tel phénomène sur qui que ce soit. L'adolescent se mit à s'imaginer toutes sortes de scénarios pour tenter de comprendre comment cela eut pu arriver, mais selon lui, ce ne pouvait résulter d'une chute ou d'un quelconque accident. Sûrement était-il né ainsi.


— Un incendie, lâcha naturellement André brisant ainsi le silence qui s'était établi.

— Pardon ?

— Les cicatrices, elles viennent d'un incendie. Ma maison a brûlé lorsque j'étais tout gamin. Mon père m'a sauvé des flammes, mais je porte encore ce souvenir sur moi.

— Ah... Je... Tu en as beaucoup ? bafouilla-t-il, ne sachant pas quoi répondre face à cette confession.

— De mon cou jusque sur ma cuisse, en passant par mon dos. Tout le côté droit.

— Tu en parles si naturellement, ça n'a pas l'air de t'ennuyer plus que ça.

— On fait avec. Et je préfère être franc, autant que tu le saches maintenant plutôt que tu ne le découvres une fois dans mon lit, dit-il sûr de lui.


À ces mots, David crut s'étouffer avec le verre qu'il venait de porter à ses lèvres. En lançant un regard à André qui ricanait, il comprit que celui-ci était fier de l'effet de sa blague. Le jeune homme se demandait tout de même s'il n'y avait pas une part de sérieux là-dedans.


— Si tu pouvais voir ta tête, ça valait vraiment le coup !


L'adolescent se décomposa sur place. Une fois encore, il se sentait ridicule face à un homme qui lui plaisait et il commençait à croire que finalement, cet endroit n'était pas fait pour lui. Celui-ci se leva avec la ferme intention de quitter ce lieu, mais une main attrapa son bras droit et le bloqua net. Il se retourna et fit face à André qui le retenait fermement.

Juste le temps d'un demiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant