Fire desires

Introduction

Montpellier, vendredi 21 janvier 2017, 20:30 - Appartement d'Alycia.  

Chaque soirs, à la même heure, le téléphone sonne. Et comme chaque soirs à la même heure, je monte les escaliers afin d'aller dans ma chambre, et d'écouter son message. C'est devenu un rituel depuis plus de deux mois : je m'installe dans le canapé, et j'écoute ce qu'il as à me dire, toujours sans répondre. Un jour, je répondrais, ou peut-être jamais. Tout les soirs, il me raconte sa journée, et il me supplie de revenir.

Le bip du répondeur retentit, et je m'allonge dans le canapé, la tête sur l'oreiller. A chaque fois qu'il m'appelle, je suis heureuse, car il pense encore à moi. Ses appels me fendent le cœur, mais je ne veux pas que ça s'arrête. Je ne veux pas qu'il passe à autre chose. Car moi-même je n'y arrive pas.

— Allô ?... C'est moi.

[Il soupire] Evidemment, c'est le répondeur, encore. Mais bon, j'ai l'habitude, maintenant. C'est la même chose chaque soirs. Bref.

J'espère que tu vas bien, que ta journée s'est bien passée. Moi ça va. Très tôt ce matin, j'ai terminé d'écrire un son. Trois semaines que j'était dessus et que je n'arrivais pas à finir un putain de couplet. J'ai ensuite été à la salle. Ça me fait du bien d'y aller. Je me défoule et j'oublie tout ce qui se passe pendant une heure ou deux. Après ça, j'ai filer au grec. Ouais, c'est pas logique, je sais. [Il s'arrête et ris nerveusement] Mo' m'as appelé et j'ai passé l'après-midi au stud' avec eux, comme d'hab. Antoine m'a encore parlé de toi aujourd'hui... Il m'a demandé si j'avais eu des nouvelles... De toute façon, il me demande ça chaque jours. 

Tu sais, je déteste tellement quand ils se mettent à parler de toi... En fait, ça me rappelle à quel point ta présence me manque toujours. Même si je ferme les yeux là dessus quelque fois. Je me déteste aussi quand je me met à parler de toi ; je sais que ça ne va pas te ramener tout de suite, mais c'est un peu comme si tu n'étais pas partie, c'est un peu comme si ça te faisait exister. Et puis à la fin de la journée, une fois seul, je me rend compte de la place que prend ton absence que j'ai tenté d'éviter toute cette journée en me concentrant sur d'autres points de ma vie...

Est-ce que tu vas me répondre un jours ? Je veux juste savoir comment ça se passe de ton côté, savoir comment tu le vis toi. Je crois que t'as bien compris que moi ça allait pas, mais toi ? T'es dans le même état que moi ? Tu t'en fiches peut-être. Sûrement, même. Tu vas bien en fin de compte ? Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tu prends soin de toi comme je te l'ai demandé ? De mon côté, je n'arrive plus vraiment à prendre soin de moi, j'ai l'impression de me noyer de plus en plus. J'avais tenté d'imaginer combien ce serait difficile sans toi, mais la réalité est terrible et ça me semble insurmontable... Si seulement tu savais comment tout avait changé depuis que tu n'es plus là. Même moi je ne suis plus le même. Même les gars ont du mal à passer à autre chose. 

[Il fait une pause, et soupire] Alycia, j'ai jamais été doué pour les discours, je m'en souviens, tu me le disais constamment. Tu me contredisais tout le temps de toute façon, on était jamais d'accord, on s'engueulait tout le temps mais on finissait toujours par se réconcilier... [Il ris doucement] On était stupides c'est vrai, un peu trop même. J'crois qu'on a jamais réfléchi mais qu'on s'en foutait, et j'crois aussi qu'on était trop amoureux pour réfléchir en fait. Mais depuis que t'es partie... [Il fait encore une pause] Je réfléchis tout le temps, je fais que ça. J'en dors plus, je deviens taré, complètement fou. Nan, en vrais... Reviens maintenant. J'ai compris la leçon, je te jure. Tu peux revenir. Je suis rien sans toi, me laisses pas. Tu fais quoi toute seule là-bas ? On peux recommencer tout à zéro tu sais, je te promets que je vais changer. Je te jure que cette fois-ci ça sera différent. Toute la journée je pense à toi, je dors même plus la nuit. Réponds-moi. J'ai besoin d'entendre ta voix, au moins une dernière fois... Alycia, je sais que tu les écoutes mes messages. T'as pas pu passer à autre chose en quelques mois comme ça putain, pas aussi vite que ça bordel... Je te demande juste une dernière chance, une toute dernière...

Je t'aime, toi seule, personne d'autre, et à tout jamais, tu le sais ça, hein ? Bon... Bonne soirée. [Il raccroche]