Chapitre 5

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4 septembre 1997

Aujourd'hui a lieu le premier cours de potions de l'année. Je n'ai pas revu Draco depuis la dernière fois. Je fais tout pour l'éviter dans les couloirs. J'ai de la chance, Harry m'a laissé lui emprunter la Carte du Maraudeur. C'est un mec vraiment chouette, il m'a même consolée. Bien évidemment, il y a eu un prix à tout ça, parce qu'Harry ne serait pas Harry s'il n'était pas une véritable commère. J'ai dû lui raconter tout ce qui était arrivé. J'ai même été obligée de le stupéfixer pendant quelques heures pour ne pas qu'il aille exploser la tronche de Draco. N'est-il pas génial comme ami ?

- Hermione, on se met côte à côte ? me souffle-t-il, devant les cachots.

Je hoche la tête alors que Snape arrive. Depuis la fin de la guerre, il est devenu plutôt séduisant (je suis très sérieuse, ne me regardez pas comme si j'avais perdu la tête !). Il a perdu ses cheveux gras et son nez a l'air d'être moins crochu. Il ne porte plus ses horribles robes noires qui cachaient un putain de corps d'athlète.

Je sens Harry se raidir à côté. Il est étrange depuis que Snape a changé. Mes lèvres se relèvent pour former un fin sourire. Je sais bien pourquoi Harry réagit de cette manière ! J'hésite régulièrement entre lui dire que j'ai compris et me moquer de lui ou lui tenir la main pendant qu'il pleurera en me déclarant que ça le déprime à mort et qu'il ne voulait pas tomber amoureux de Snape et que c'est toujours sur lui que ça tombe et qu'il est définitivement maudit.

Harry déglutit pendant qu'on rentre dans la salle de classe. On s'installe devant nos chaudrons respectifs. Neville se met devant nous, comme ça j'aurai juste à me pencher légèrement pour lui dire ce qu'il doit ou ne doit pas faire.

La potion du programme d'aujourd'hui : l'Amortentia. Je vais montrer à Draco que je peux me débrouiller sans lui, finalement. Qu'il aille au diable !

Je me dirige vers l'armoire, Neville et Harry sur les talons. Je m'empare des scarabées, de la poudre de fée, de la corne de licorne et du gingembre puis revient à ma place. Les deux personnages cités précédemment me suivent sagement. J'ai l'impression d'être leur nounou, parfois. Neville veut réussir pour ne pas que les foudres de Snape et Harry pour que Snape le remarque. Il est bête. Franchement, tout le monde remarque le Survivant ! Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il est canon ! Je suis sûre que même Snape se branle en pensant à lui. Bref, passons à autre chose. Je viens d'avoir une image mentale qui me dégoûte un peu. Imaginez Draco en train de se branler, soit. Mais... pas l'autre. Brrr.

- Miss Granger ! susurre soudain Snape à mon oreille.

Je recule de plusieurs pas, effrayée, puis lui lance un regard meurtrier qu'il écarte d'un geste nonchalant.

- Puis-je savoir que vous faisiez à l'instant ?

Euh... Oups ? J'expliquais à Neville qu'il devait couper son gingembre en morceaux bien plus fins.

- Puisque vous vous sentez habilitée à tricher dans mes cours, je suppose que je n'ai pas d'autre choix que vous trouver un partenaire avec qui vous en pourrez pas le faire !

Je blêmis. Il n'oserait pas ?

- Allez vous asseoir à côté de monsieur Malfoy !

Je reste droit comme un « i » et ne bouge pas. Je hais Snape. Peu importe les sentiments de Harry, ce type reste un connard.

- TOUT DE SUITE ! hurle-t-il.

J'attrape mes affaires et me dépêche de rejoindre ma nouvelle place. Draco m'adresse un sourire narquois. Il a l'air ravi de cette nouvelle disposition. Je retiens un grognement. Ce ne serait pas très séduisant.

- Alors, Granger ? s'enquit-il. Tu veux aider Longbottom et Potter ? Tu ne sais même pas réaliser cette potion sans faire exploser une salle de classe !

Parkinson, derrière, laisse échappe un ricanement. Salope.

Je remonte les manches de ma robe de sorcière, fait léviter mon chaudron jusqu'à moi et me replonge dans mon travail en ignorant royalement mon voisin. Il arbore maintenant une expression choquée en me voyant couper mes ingrédients sans problème et sans jamais hésiter.

- Pourquoi tu voulais que je t'aide alors que tu n'en as visiblement pas besoin, Granger ? Que t'est-il passé par la tête ? m'interroge-t-il, furieux.

Je hausse un sourcil.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, je nie.

- De toute évidence, tu m'as bien eu !

- Malfoy. Je t'ai dit que tu pouvais avoir n'importe quoi en échange. Alors pitié, ne viens pas te plaindre.

- Oh oui. Et justement, je n'ai rien eu ! siffle-t-il.

- Miss Granger ! Vous papotez encore et vous dérangez mes élèves les plus studieux ? Vous avez décidemment un don pour mettre le bazar dans mon cours ! Dépêchez-vous de finir votre potion et sortez après ça ! Je ne veux pas vous revoir avant la semaine prochaine ! Vous serez collée deux heures avec monsieur Rusard. Et je ne compte pas les vingt points que Gryffondor vient de perdre grâce à vous !

J'en reste sur le cul. C'est une mauvaise blague, c'est ça ? Mais quel connard ce type !

Harry me fait un sourire désolé. Draco arbore dorénavant un air triomphant. Je le hais. C'est de sa faute ! Et je suis sûre que Snape le sait ! Même après la fin de la guerre, il continue à favoriser les Serpentard ! C'est quoi son problème, sérieux ? Il faut que j'aide Harry à se le faire, peut-être que ça le rendra plus heureux et qu'il sera moins méchant avec les Gryffondor ! Oh ouiiii ! C'est un plan génialissime ! Hinhin. Je suis vraiment trop intelligente.

Je m'attèle à ma potion avec plus de zèle et la termine en quelques minutes. Je m'empare d'un flacon, j'y inscris mon nom, y verse mon échantillon d'Amortentia...

- Mmmmmh... ça sent bon ! je murmure de façon à n'être entendue que de Draco.

Ça marche, il semble intrigué.

- Et ça sent quoi ? demande-t-il.

- Le pin, le parchemin neuf et l'herbe fraîchement coupée.

Je sais pertinemment que le pin, c'est l'odeur de son gel douche. Je l'ai vu une fois en salle de bain des préfets.

- Le pin ? chuchote-t-il, stupéfait.

Il n'avait pas remarqué que je craque pour lui ? Il ne voit pas les signes que je lui envoie ? C'est quoi ce mec bouché et aveugle ?

- Et toi, Malfoy ?

- Miss Granger ! Je vois que vous avez fini ! Veuillez me remettre votre travail en silence et sortir de cette salle !

Ah non ! Snape ne peut pas me faire ça ! J'étais proche du but ! J'allais enfin savoir si Draco m'aime ! C'est si injuste !

Je pleure presque en lui rendant mon flacon et en sortant de la salle. Une chose me rassure. Je sens le regard de Draco me brûler le dos tandis que je pars. Il a envie d'en savoir plus. On va pouvoir jouer. La partie va devenir plus intéressante, maintenant.

Je ne suis pas une pute, Malfoy !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant