Chapitre 1

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Sarah était parfaite ce soir. Avec cette robe noire et ses cheveux bouclés. Et moi, pas du tout objectif, mais peu importe. J'étais heureux qu'elle sorte enfin de chez nous.

Voilà, presque six mois que j'étais mort, comme un con. Comme j'avais vécu. Et autant de temps qu'elle avait passé enfermée dans notre appartement. Mes fringues n'avaient plus d'odeur, mes affaires se couvraient de poussières, je n'existais plus. Je ne lui laissais rien.

Quand Alice l'avait appelée pour lui proposer de venir à sa soirée d'anniversaire, Sarah avait refusé. Mais Alice n'était pas de celles à qui on dit non. Elle avait débarqué, sa trousse à maquillage sous le bras et ne lui avait pas laissé d'autre choix que d'aller s'habiller.

« - Ou tu vas enfiler un truc sympa, ou je te sors d'ici en pyjama, compris ? »

C'était une amie, une vraie. Elle ne la laisserait pas sombrer davantage. Je pouvais lui faire confiance.


- Je suis pas prête Alice.

- Si tu continue comme ça, tu ne le seras jamais.

- Écoute-la, mon cœur.

- J'ai envie de voir personne, tu sais, je veux...

- Tu veux voir David mais, David n'est plus là.

- Putain, ça, ça fait mal !


Sarah n'avait jamais été du genre démonstrative et romantique. Féminine, si simple. Si facile à vivre. Douce et forte à la fois.


...


Je me souviens de ce matin là. Le dernier. Quand je me suis levé au milieu de la nuit avec l'esprit embrouillé. Je me sentais terriblement mal.

Sarah dormait tranquillement à mes côtés. Aux côtés de mon corps.

J'avais traîné avec mes amis. On avait fait la tournée des bars pour une occasion pas si spéciale et comme souvent, ça avait dégénéré. C'était parti d'un rien. Un regard de travers, une maladresse à la con ? Rien de si important que ça. Je revois ce mec, un colosse, qui m'attrape par le col et me soulève pour me pousser contre le mur. Ma tête heurte le coin de l'écran plat qui me tombe dessus.

Et ce putain de mal de crâne qui m'a tenu éveillé jusqu'à trois heures du matin... Je me prenais la tête pour trouver comment me justifier auprès de Sarah à son réveil.

Comment me trouver des excuses, encore. Comment me faire pardonner, encore. Comment la retenir, encore.

Elle n'aura jamais à écouter mes mensonges. Ni mes vérités.

Dieu ce qu'elle était belle, endormie. Floutée par mes torrents de larmes. Je ne pleurais pas sur mon sort, je ne crois pas. Je pleurais de ne plus jamais la toucher, la sentir, l'aimer, la chérir. Chaque fois qu'elle bougeait dans son sommeil, mon cœur se brisait. J'étais mort, mais j'avais mal. À l'idée qu'elle me découvre là, sans vie. À l'idée de tout ce mal que je lui avait fait, toutes ses erreurs que je ne pourrais plus rattraper. Le soleil filtrait à travers nos volets, un rayon touchait son visage.

« Pardon Sarah, pardon, pardon, pardon... Je suis désolé, ça va être atroce. Quel con ! Putain, mais quel con ! »

Ce qu'il reste de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant