Soir de fête

864 44 0
                                    

"Vous avez ...quoi?" Vincent reposa précipitamment la tasse brûlante qu'il tenait précautionneusement entre ses doigts. "Sérieusement, Martin et toi vous avez... Hé ben c'est pas trop tôt!!!"

"Chut" Yann jeta un regard aux alentours pour vérifier que personne ne les entendait. Ils étaient seuls dans son bureau alors que le reste de la rédaction continuait ses activités. Martin n'était pas là. Il se tourna à nouveau vers l'humoriste qui trahissait son impatience par le tapotement continu de son pied sur le coin de la table. "On peut t'entendre, les murs sont épais comme du papier à musique.. Et on a rien fait."

"J'appelle pas "se frotter contre un mur" ne rien faire. Vous avez pas continué, je veux dire, vous n'êtes pas allés chez l'un ou l'autre terminer?"

"Non." Yann fronça les sourcils. "Ca aurait été bizarre." Devant l'air moqueur de son ami, il continua. "C'était l'impulsion du moment, comme c'est toujours avec Martin. Une fois que le moment est passé.. c'est juste bizarre. On est amis c'est tout. Ce sont justes des dérapages. Ca ne recommencera pas. C'est pas comme si tout d'un coup, on allait dîner ensemble, il me raccompagne chez moi, je l'invite boire un verre et là.... C'est pas du tout comme ça entre nous. Ce serait bizarre."

"Hum hum"

"Me regarde pas comme ça Vincent. Tu sais comment c'est entre lui et moi. On est juste des amis.. qui dérapent en ce moment."

"Terriblement imprévisible comme dérapage." railla l'humoriste, mordant. ,Tu m'as dit toi-même que tu avais l'impression que ça allait recommencer... Il y a 5 minutes. Tu perds vraiment la mémoire, prendre de l'âge ne te réussit pas Yannou."

"Je sais ce que j'ai dit.. mais plus j'y pense, plus je me dis que c'est ridicule. On franchira jamais cette ligne-là. Ca doit être tous ces chambardements qui nous montent à la tête.." Il se rendit compte qu'il triturait le magazine qu'il venait de lire. Il le reposa doucement, contemplant la couverture chiffonnée d'un oeil plein de rancoeur.

"C'est pas plutôt ce qui est dit là dedans qui t'ennuie? Les interviews de Martin?"

"On peut sentir à quel point notre relation compte à ses yeux. Je suis un gars sympa. Wow joli résumé."

"Mais enfin Yann, tu t'attendais à quoi? Une déclaration? Il n'allait quand même pas leur dire "Yann Barthès. On se cherche dès qu'on peut, on rêve de se sauter dessus et on a failli le faire derrière un bar." Buzz garanti mais étranglement par Laurent inévitable." Le comédien se pencha vers Yann et récupéra l'amas de papier glacé malmené entre ses mains. "C'est mon outil de travail, tu permets. Et arrête de faire l'enfant. Tu sais très bien que tu ne dis jamais rien non plus sur ta vie privé. Laurent et toi, vous avez instauré cette règle et tout le monde vous a suivi. Tu devrais être content de voir qu'il marche dans vos pas."

"Je sais.. C'est totalement idiot..."

"Mais quoi?" Les yeux noirs observèrent les mains du quarantenaire s'agiter nerveusement, se nouer et se dénouer en un geste bornant au frénétique.

"C'est juste que vu la façon dont il affiche avec tu-sais-qui.. j'aurais aimé un peu plus que "C'est un gars sympa". Je sais que c'est ridicule."

"Tu ne sais pas lire entre les lignes surtout. Parce qu'il t'a fait pas mal de compliments pendant ses dernières interviews. Et surtout, il a parlé de toi alors qu'il n'y avait aucune raison valable de le faire.. Mais comme mes arguments ne comptent pas. Tu n'as qu'à lui en parler mardi soir à la soirée visionnage qu'il fait chez lui. Vous aurez le temps d'en parler après."

"Quelle soirée visionnage?"

Vincent eut soudain l'air gêné et il se gratta la nuque sous le regard inquisiteur de son patron.

Par personnes interposéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant