Toutes aussi petites que puissantes, de fines lumières diffusaient dans la pièce, des rayons blancs à l'aspect de flash que les appareils photos émettent. Ces derniers avaient le pouvoir de me brûler la rétine alors que je n'étais pas au meilleur de ma forme. Je me sentais aussi vide qu'une bouteille de champagne à la fin d'un repas de fin d'année.
J'ignorais complètement depuis combien de temps je me trouvais là, étalée de tout mon être sur ce grand lit, à fixer ce plafond blanc immaculé qui dansait au- dessus de moi.
Ma respiration n'était plus que lente, sifflante et reflétait un corps rassasié de vivre, que l'on tentait de résoudre à voir la vie autrement.Ce fut en reconnaissant le toucher de mon père que je compris que j'étais à l'hôpital.
Tout était si calme. C'en était presque revigorant et qu'est-ce une vie sans un moment d'enivrement de la sorte ? Cet instant où tout s'arrête, où votre organisme ne peut plus continuer de fonctionner et rompt tout contact avec le monde extérieur. Les anti-douleurs faisaient bien leurs effets et avaient placé tout mon être sur off. Ma vie était en pause comme dans un jeu vidéo. Je n'étais ni triste, ni heureuse, je ne ressentais rien. C'était une espèce de nuage de coton qui m'entourait et me portait au-delà de ce monde qui m'épuisait.***
Le soupir de délivrance que mon corps produisit alerta tout à coup mon père. Il reposa aussitôt son téléphone et se releva de sa chaise, manquant de la faire tomber. Quand il vit que mon regard avait retrouvé une once d'éclat, il reprit sa place mais avança le siège :
« Hey Ed, comment te sens-tu ? »
L'épuisement psychologique m'empêcha de répondre. J'avais seulement envie de dormir bien que le sommeil me parvînt rarement. Mon père pressa ses doigts autour des miens. Étrangement, il semblait avoir besoin d'entendre du positif de ma part. Je daignais tourner la tête, aussi difficile que cela pût paraître. Pour lui, je ne pouvais mentir, alors je secouai la tête tandis que ma mâchoire se crisper une nouvelle fois. Accroché à son âme de positiviste, je cherchai son sourire habituel mais cette fois-ci, il l'avait laissé sur ce quai de gare. Je pouvais sentir son regard, à la fois bercé par les angoisses mais aussi adouci par l'assurance dont lui avait fait part l'infirmière. Demain sera différent qu'avait dit mon père dans la soirée et voilà qu'en cette nuit, mon cerveau avait décidé de repasser en boucle cette promesse. Je ne saisissais pas pourquoi les doutes étaient de nouveau de la partie alors que la veille mon père était parvenu à les chasser.
Pour me changer les idées, mon père entama une discussion sur le livre qu'il avait lu dernièrement. C'était un des polars que nous nous prêtions et il l'avait dévoré à la fin de chacune de ses journées. Ainsi, nous échangeâmes de longues minutes sur notre perception de l'histoire et cela me redonna pour quelques instants, un sourire autrefois égaré. Lorsque l'infirmière entra dans la chambre pour faire le point sur mon état physique et mental, je perçus ma mère à l'entrée de ma chambre, cachée dans la pénombre du couloir. Elle ne bougeait pas. Je ne pouvais saisir la nature de son regard, saisir si pour la première fois, elle ressentait de la compassion ou si, même dans une telle situation, ma mère ressentait de la colère à mon égard. La chasser de mon esprit en fixant l'horizon, qui enjolivait la baie vitrée, m'était plus aisé que de l'affronter. Malgré ma décision, mon père tenait à la voir dans cette chambre. Il attendit alors le départ de l'infirmière et fit signe à ma mère de nous rejoindre. Puis, il se leva, lui laissa sa place et se retira dans un coin de la pièce avant que ma mère ne lui demande de nous laisser seule à seule. Après avoir marché d'un pas tremblant jusqu'à mon chevet, cette dernière tenta d'articuler quelques mots mais n'arrivant guère à les formuler, elle se limita aux gestes. Ce fut donc d'un mouvement lent et tremblant que sa main vint se poser sur la mienne. Sa cage thoracique s'abaissa laissant s'échapper un souffle libérateur puis, elle leva releva la tête. Nous ne nous parlions point mais le soulagement de la voir était bien réel car un rictus courba mes lèvres. Ce fut en scrutant l'environnement où j'étais prise en charge, qu'elle retrouva la parole. Ensemble, nous perçûmes un généreux bouquet de roses délicatement posé sur la table de plastique puis je vis non loin de là, une enveloppe. Pendant un certain temps je crus qu'il s'agissait là, d'un ensemble cependant, la reconnaissance du symbole « infini » inscrit sur les enveloppes me mirent la puce à l'oreille. C'était une lettre de ma tendre amie :
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Un long chemin
General FictionLorsque Eden apprend que son rêve d'intégrer la prestigieuse école d'art, de Paris, s'effondre, la déception est immense, amer et pour cause ? Sa vie était basée sur ce rêve. Eden plonge peu à peu dans une dépression qui semble aux yeux de ses pare...