Chapitre 39

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 Les feuilles des arbres bourgeonnaient et les rayons du soleil levant crépitaient déjà entre les cimes des arbres. La verdure reprenait jour après jour, de son intense éclat, propre au pays. Bien que le temps devînt clément, la chaleur nous était encore inconnue car la pluie la devançait toujours. Je marchai d'un pas léger vers le par cet pris place sur le banc. J'aimais être seule de temps à autre. Cela me donnait l'opportunité de réfléchir sur ma vie et au lendemain qui arrivait bien vite. Maintenant que mon avenir dans le domaine artistique était rayé, je me cherchais une nouvelle voie. Assise sur le banc, je retraçai en quelque sorte mon vécu et me demandai ce que ma vie aurait été si je n'avais pas suivi les pas de ma mère, si je m'étais lancée dans des études plus scientifiques ou plus littéraires. Je relevai la tête et me laissai glisser sur le banc en bois. La nuque reposant adroitement sur la courbe du banc, je fermai les yeux et donnai mes poumons à une respiration plus lente et détendue. Je sentais la douceur du vent se baladait sur ma peau et la lueur pâle du soleil caressa mon visage. Cet état d'âme calme me rappela le temps d'avant. Je ne pus empêcher le souvenir de mes deux mères de m'atteindre et pris deux minutes pour faire le tour.

Après avoir mis en place l'affaire avec Anna, il s'était écoulé une bonne semaine avant de recevoir un appel de Sophia, qui m'eut irrémédiablement marqué. Je venais de finir le repas préparé par les soins de Andrew et avais lancé un film polar quand le téléphone s'était mis à retentir dans la pièce. Voir le nom de ma mère adoptive s'afficher, eut fait naître dans mon estomac une balle de la taille d'une boule de bowling. Dans cet air de jeu, la voix de Sophia résonna encore dans le creux de mes oreilles. Je l'entendis encore me demander ce qu'il m'avait pris avant de m'annoncer son acceptation. Je me relevai sous le soleil perçant et continuai de marcher. Il faisait un temps à rester dehors toute la journée. Je passai le reste de mon excursion personnelle à énumérer les études que j'aurais aimé entreprendre et souris. Lorsque je finis par rejoindre le domicile, je vis un homme à l'apparence similaire de mon père mais quand ce dernier atteignit le logis de Eve, je fus certaine que ce n'étais pas un rêve :

« Papa ! » L'interpellai-je en courant jusqu'à lui et me jetai dans ses bras.

En l'enlaçant ce midi-là, je réalisai à quel point il m'avait manqué. Son odeur était tel un doux parfum et ses bras qui m'enlaçaient me firent penser à combien nous étions proches. Après m'être dégagée de mon emprise, je remarquai qu'en huit mois, mon père avait quelque peu changé. Ses cheveux avaient trouvé refuge sous une teinte grisâtre et avaient légèrement poussé mais son sourire était resté le même, tel un trésor qui ne dépassait nullement le temps. Qu'importe le cours de la vie, les jours plus ou moins sombres, son sourire perdurait. Il me reprit dans ses bras et me serra du plus fort qu'il pouvait. C'était sa manière à lui de réaliser que nous étions à nouveau réunis :

« Laisse- moi te voir. » Déclara mon père en reculant. « Qu'est-ce que tu as changé et...mais tes cheveux...

- Elle a décidé de les couper. » Annonça Eve en sortant de la maison puis posa ses yeux bleus sur moi avant d'y déposer sa main fraiche. « Bonjour Patrick, ça fait longtemps, comment vas-tu depuis tout ce temps ? » Le salua-t-elle avec un bel accent en prime, ce qui réveilla mon père.

- Bonjour Eve, très bien je te remercie et toi ? Je vois que le français se complique. » Ricana-t-il gentiment avant d'entraîner sa belle-sœur avec lui.

Ils ne s'étaient vu que très rarement et pourtant, il fut né entre eux, un lien amical direct, si bien, que nous aurions pu croire que ces deux gens avaient été séparés par la dureté de la vie. Nous grimpâmes les quelques marches qui nous séparaient du domicile et entrâmes dans le salon :

Un long cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant