Je reviendrai demain
Le paysage défilait devant mes yeux à une vitesse folle me rappelant inexorablement la distance qui me séparait de ma ville natale. Je n'avais pas eut le choix mais je ne vais pas m'en plaindre, quitter la ville avait toujours été un rêve de gosse. Et puis, c'était l'occasion pour moi de commencer un nouveau départ et de laisser derrière moi toutes les conneries que j'avais pu faire la bas.
- Chérie une fois arrivée tu n'oublieras pas de remplir tous les papiers pour ton inscription.
Sortant de mes pensées, je coule un regard à ma mère concentrée sur la route à ma gauche. Je déteste la paperasse donc je soupire. Que voulez-vous j'suis une ado et comme le dise si bien " les grandes personnes " on ne sait que râler.
- Ouais ouais.
- Et j'aimerai aussi que tu essayes de parler avec ton père.
Au terme " père " tout mon corps se crispe. Évidemment puisque je hais cette personne du plus profond de mon être. Il m'a peut être donné la vie mais maintenant il me l'a pourri, alors ça n'a plus aucun sens pour moi.
- Et puis quoi encore !?
- Haru... S'il te plaît.
Haru si Haru ça... Mais y'a pas de Haru qui tienne ! Ma colère se déverse sur la pauvre poignet de porte de la voiture que je serre aussi fort que ma maigre force m'en permet. Mon père est un homme abject et je n'ai aucune envie d'avoir une énième conversation avec lui sachant déjà comment elle va finir.
- Ne commence pas à insister j'ai dit non. C'est tout le temps moi qui fait le premier pas et je ne compte pas le refaire.
J'essaye de parler le plus clairement possible pour que ça rentre enfin dans sa tête. Je ne veux pas la blesser mais c'est ainsi et c'est tout. Et ce, depuis le moment où j'ai commencé à prendre conscience du travail de mon père.
Il est chasseur. Une de ces personnes qui tuent pour le plaisir, pas pour se nourrir hein ça non, puisque on a les supermarchés merdiques pour ça, mais oui bien pour son simple petit plaisir. J'ai toujours pensé que c'était simplement pour flatter son ego surdimensionnés, et finalement cette pensée c'est avérée exacte quand ma mère m'a expliqué que ce n'était juste qu'une activité après son véritable boulot d'agriculteur. Mais mec pourquoi tuer des bêtes qui sont en
voie d'extinction comme les renards si ce n'est pour te sentir supérieur ? C'est ridicule et ignoble.- Tu sais, j'aimerai bien que ça s'arrange entre vous car ton père tient beaucoup à toi même si il ne le montre pas. Je tenais à ce que tu le saches.
Là c'est trop. Je roule des yeux et me met à rire sarcastiquement.
- Ah oui ? Dans ce cas pourquoi il choisit son fusil au lieu de sa fille ?
- Il n'a jamais été question de faire un choix.
- Si. Si ça a toujours été la question. Je ne veux pas être la fille d'un chasseur. Ça ne te dérange pas toi qu'il aille se bourrer la gueule pour ensuite aller tuer tout ce qui bouge ? Moi si.
- Parle autrement s'il te plaît !
Le ton hausse.
- Ça tombe bien je ne compte plus parler.
Désolé, mais tout ça n'est plus possible. Je n'ai pas l'habitude de retenir mes pensées sinon ça finit mal, comme cette fois là. Et je suis fatiguée d'enfermer mes mots, de les garder à l'intérieur. Pourtant je continue. J'ai envie de hurler. C'est dingue comme parfois la vie te paraît compliquée.