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Parfois, il nous faut juste un peu de recul pour pouvoir comprendre. J'aurais aimé comprendre avant. Comprendre que ma femme était malheureuse, comprendre qu'elle allait mal. Comprendre que je n'étais jamais là pour elle, comprendre à quel point j'ai été égoïste.

C'est vrai que je ne l'ai pas tout de suite compris la nuit dernière, je suis resté focalisé sur le fait que ses lèvres aient touché celles de Seb, dans la cuisine, derrière mon dos.

Stella a voulu m'expliquer, qu'elle ne savait plus où elle en était, qu'elle souhaitait une vie de famille que j'étais incapable de lui offrir. Ma vie professionnelle bouffait la notre. Et tout ce que j'ai pu lui offrir de matériel n'a jamais comblé le fossé qui s'était installé entre nous.

L'alcool combiné à la haine, est un cocktail impardonnable.

J'ai roulé à plus de 200km/h, prétextant que la vitesse me calmerait, mais les actes menés par la colère, ne nous conduisent jamais vers le chemin de la sérénité.

Le léger voile que ma haine envers Seb et contre moi-même a déposé sur mes yeux ne m'a pas permis de voir que je déviais dangereusement la route.

Combien de mètre parcourt-on à 200km/h ? Beaucoup trop pour rattraper une infime déviation.

La voiture, à toute allure traverse toute les voies de l'autoroute déserte jusqu'à atteindre un petit muret, le premier choc. Dans l'incapacité d'exercer la moindre pression sur le frein, je franchis quelques mètres plus loin la glissière de sécurité et dévale la pente raide, avant de m'abattre contre un arbre.

Ce pauvre pin.

Je ne sais plus à quel moment l'airbag se déclenche, mais il est sans effet. De là a commencé cette péripétie dont on ne voit pas la fin, mais tout est plus clair, maintenant. Je ne comprenais pas, je ne voulais pas comprendre, mais Nico à été là pour me retirer ce voile qui rendait fou.

D'où je suis j'arrive à voir l'ambulance, essayant de me réanimer dans leur camion. Isis à l'extérieur, pleure dans les bras de Seb. Stella elle, témoigne à un policier sur ce qu'on s'est dit avant que je parte, sans doute. 

J'ai enfin compris. Que dans la vie, rien n'est excellent. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle est gâchée. J'ai compris que l'amour d'une personne est plus fort et bien plus important, qu'un compte en banque à six chiffres, inerte et fictif. J'ai compris que j'aimais Isis plus que ma propre vie, mais pas assez pour embellir la sienne. Alors je ne lui en voudrais jamais d'avoir essayé de trouver le bonheur chez un autre. Même si c'est mon meilleur ami.

J'ai compris que le pouvoir ne rendait pas invincible, qu'un PDG pouvait être aussi vulnérable qu'un ouvrier, parce qu'on est dans l'incapacité de tout contrôler. On contrôle des employés mais pas le destin.

J'ai compris qu'il fallait profiter de l'instant présent comme si c'était le dernier, et que ces paroles toutes faites sont une vérité.

J'ai compris que Nico Centins était mon iNconsCient.

J'ai compris que je ne reverrai jamais Isis.

Je ne les reverrai plus jamais, tout simplement car c'est maintenant évident.

La nuit dernière, je n'ai pas survécu.

About Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant