Chapitre 4

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Lorsque je reviens à moi, je suis une nouvelle fois transportée par cette paire de bras solides et rassurants à travers un couloir bien trop lumineux. Je tente de lever une main jusqu'à mes yeux pour m'en protéger. Il tourne légèrement la tête vers moi et sourit.

- Eh bien mademoiselle Lily, on dirait que ça devient une habitude...

Je suis gênée. Il a sûrement autre chose à faire que de me porter à chaque fois qu'il me trouve quelque part...

- Je peux marcher, dis-je faiblement.

- Certainement pas.

Nous sommes précédés d'un médecin qui nous fait entrer dans une salle d'examen. Le lieutenant me dépose sur la table d'auscultation et recule de quelques pas.
J'ai affreusement mal, surtout lorsque le médecin vient palper lentement mes côtes. Ses manipulations me font me tordre de douleur et émettre des gémissements plaintifs.

- Trois côtes... dit-il à l'attention du lieutenant. Voyons ce visage...

Il observe en détail mes pommettes, mon nez, me fait ouvrir la bouche comme je le peux, bouger la mâchoire. Une manœuvre rapide et sèche m'arrache un cri de douleur, lui-même accompagné par un bruit de craquement d'os.

- Désolé, dit-il. J'ai dû vous la remettre en place...

Il continue ses observations et palpations sur tout mon corps, je pleure.
Je me sens humiliée par la situation, par Franck, par moi-même et ma naïveté. Je me sens terriblement seule et vulnérable dans cette pièce, entourée de deux hommes que je ne connais pas et qui sont actuellement témoins de mon éternelle faiblesse.

- Votre T-shirt est déchiré. Y a-t-il eu agression sexuelle ?

Je laisse tomber ma tête sur le côté, les larmes ruisselant sur mes joues tuméfiées. J'abandonne à cet instant tout espoir de conserver un peu de dignité.

- Non...

- Bien. Je vais poser des Stéri-Strips sur cette arcade gauche, ainsi que sur votre lèvre supérieure qui a légèrement éclaté. Votre nez n'est pas cassé, la cloison nasale est restée à sa place. C'est une chance. Il vous faudra beaucoup de glace pour faire dégonfler tout ça. Ce qui me préoccupe le plus actuellement, ce sont vos organes internes. Votre respiration reste très courte et je voudrais faire quelques examens complémentaires pour m'assurer que rien n'a été touché, notamment par vos côtes cassées. Vous allez repartir en salle d'attente et un technicien d'imagerie viendra vous chercher.

Alors que le docteur quitte la salle et que je redescends avec difficulté de la table, le lieutenant me tend la chemise en jean qu'il portait par dessus un T-shirt blanc.

- Ne gardez pas cette chose déchirée et pleine de sang.

Il se tourne pour me laisser me changer et récupère mon vêtement lorsque j'ai terminé, qu'il jette à la poubelle tandis que nous sortons à notre tour.
Il m'aide à marcher jusqu'à la salle d'attente où nous attendent Lenny, Katia et... Barbara. Mon amie se précipite à notre rencontre.

- Oh mon Dieu Lily ! Mais quel enfoiré ce type !

Nous prenons place sur les sièges qui s'offrent à nous et Lenny vient aussitôt poser sa tête sur mes genoux. Je me penche malgré la douleur pour embrasser ses boucles brunes, puis me redresse soudainement.

- Oh... Il n'a... rien mangé... depuis... ce matin...

Je me sens si perdue et honteuse à l'idée que mon fils n'ait pas pu compter sur moi que les sanglots reprennent possession de moi.
Barbara pose une main amicale sur les miennes.

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