-Épilogue-

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Il faisait une chaleur étouffante dans la voiture. Depuis que j'avais déménagé de cette ville, j'avais pu me reconstruire, pas à pas.

Quand je repassai devant mon lycée, je ralentissai, ressentant une pointe de mélancolie.

Je passai ensuite devant la maison de Léna, me garai et coupai le moteur. Mr Loster m'ouvrit la porte, et je fus surprise du changement qui s'était opéré sur lui, à commencer par son sourire heureux. Il avait aussi les cheveux grisonnants, son visage était  marqué de rides, le temps ne l'épargnant pas épargné.

Il m'invita chaleureusement à rentrer. Trois chiens se jetèrent sur moi en jappant et je les caressai en riant.

Avec l'aide de sa compagne Maude, il était devenu un homme heureux et paisible. Il avait réussi à reconstruire sa vie.

- Bonjour Anna !, me salua-t-il. Ça fait très plaisir de te voir par ici.

Puis il jeta un coup d'œil à mon ventre arrondi et sourit :

- À ce que je vois, la famille s'agrandit ?

- Oui, dis-je en caressant mon ventre.

- C'est ton homme qui doit être content !

- Oh ça oui ! Dis-je en rigolant. Il me rejoint dans deux jours, alors je vais dormir chez Kristen. Elle a a accepté de me loger.

- C'est une bonne petite, remarqua Mr Loster. Elle s'est mariée à cette fille, euh, Emily, la semaine dernière.

Après avoir bavardé un peu de divers sujets comme les impôts et la politique, il me fit faire un tour de la maison.
Dans le jardin, les balançoires avaient disparu, et plusieurs chiens s'ébattaient dans l'immense étendue de pelouse.

A l'étage, mes pas me guidèrent vers la chambre de Léna.
Pendant un moment, je vis son lit sur lequel on bavardait pendant des heures, le papier peint enfantin que Léna détestait et le désordre qui régnait en maître dans la pièce, puis cette image se remplaça par une pièce repeinte en blanc, avec un  bureau trônant au centre de la pièce.

- J'ai transformé cette chambre en bureau de travail, me dit-il doucement en voyant mon air triste, Maude m'a vraiment aidé à tourner la page.

Je lui souriai poursuivis ma visite.

Une demi-heure plus tard, je pris congé de Mr Loster et de Maude, et  roulai en direction de l'immeuble où habitait Kirsten.

Une fois arrivée au pas de sa porte, j'appuyai sur la sonnette un peu angoissée de nos retrouvailles.

Elle m'ouvrit la porte toute souriante C'était à présent une grand femme longiligne aux cheveux blonds lui allant à la taille, habillée d'un taillleur et d'une jupe évasée, et derrière elle, Emily, ronde, les cheveux noirs de jais me regarda en m'adressant un sourire éclatant, me dit bonjour, et partit en coup de vent au travail.

- Bienvenue, fais comme chez toi ! me dit Kirsten, enthousiaste.

Elle me regarda un moment, puis, me dit d'une traite :

- Anna je suis désolée de ce qui s'est passé lorsque nous étions plus jeunes.

- J'ai tourné la page, Kirsten, je ne t'en veux plus, c'est de l'histoire ancienne. D'ailleurs, je n'ai aucune raison de t'en vouloir, c'est toi qui a souffert. Et c'est gentil d'avoir proposé de m'héberger. On est toujours amies, tu sais.

Le silence s'installa ; je n'avais pas envie de ressasser le passé. Moi, j'étais à présent tournée vers l'avenir.

- C'est bien Emily, de notre classe de seconde ? dis-je pour changer de sujet.

- Oui, c'est bien elle, dit-elle soudain rêveuse. Mais ça ne te gêne pas, que...

- Enfin, tu me connais, Kirsten, je suis une personne ouverte ! Tant que toi tu es heureuse, c'est l'essentiel.

Kirsten me sembla rassurée.

Deux jours plus tard, je me rendis sur la tombe de Léna. Il y avait des fleurs fraîches. Ce devait sûrement être son père.

L'épitaphe, Libre à toi de t'envoler était gravée sur la pierre tombale pour un long moment.

C'était le père de Léna qui avait demandé à ce qu'elle soit inscrite, car chaque fois que sa fille lui demandait une permission de sortir, il lui disait cette phrase.

Je me recueillais quand je sentis des bras m'enlacer, humant un parfum qui m'étais familier. Je sursautai et me retournai .

- Je savais que je te trouverais ici. Ça fait longtemps que Léna est partie, à présent, mais elle nous manque encore.

- Oui répondis-je à mon mari. Dix longues années sans elle.

  ***
A l'hôpital, je suais et j'étais angoissé. Anna s'apprêtait à mettre au monde notre premier enfant. J'étais anxieux, mais aussi impatient. Anna mon soleil, qui avait failli s'éteindre il y a dix ans. Mais aujourd'hui, elle était resplendissante, même dans ce lit d'hôpital. Ella allait donner la vie. Après deux heures d'attente, notre enfant naquit.

La sage-femme coupa le cordon ombilical, et annonça que c'était une fille.

Elle mit ma fille dans les bras de ma femme, et me demanda comment on souhaitait l'appeler ;

- Elle s'appelle Lénaïc, dis-je sans hésiter.

C'était une façon de rendre hommage à Léna, de lui montrer que l'on ne l'avait pas oublié et que son souvenir restait gravé à jamais dans nos mémoires.

fin de l'histoire

Vivre sans toi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant