J'erre

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Une personne perdue qui décrit sa société qui, sous certains aspects, l'est tout autant...


J'erre,

Et je cherche ma voie,

Ce que je veux faire

Et par quels choix.


J'erre,

Et je cherche une utilité,

Une raison d'être,

Une raison de supporter.


J'erre,

Et je regarde les autres errer

Et je me retrouve,

Je me reconnais...

Et de cette appartenance, cette similarité,

Je me sens moins isolé, je la couve.


J'erre,

Et j'en vois errer encore plus que moi.

Ils fautent, mais ce n'est pas de leur faute, ils n'ont plus la foi,

Ils sont brisés, fissurés,

Même si on ne peut pas tout justifier.


J'erre,

Et je vois des gens qui se sentent désœuvrés, délaissés,

D'année en année, la crise leur a enlevé leur propriété, leur métier.

Ils se sentent fondre dans la masse

Et leur avenir, leur devenir, les tracassent.


J'erre,

Et je vois des salariés pour une place, se disputer.

La vie est une jungle, il va falloir s'y habituer.

Un autre parle avec son patron et celui-ci lui répond :

« Si tu n'es pas content, part, plein de gens envient ta position. »

C'est bon, il a compris, il ne demandera pas d'augmentation.


J'erre,

Et je vois d'autres personnes gravir,

Qui, coûte que coûte, veulent réussir.

Ont-elles une revanche à prendre ?

Ou tout simplement de leur ténacité, nous surprendre ?

La réussite n'est-elle pas d'autant plus flamboyante,

Dans une société où elle est de moins en moins présente ?


J'erre,

Et je vois des vitres brisées, des voitures brûlées.

Pourquoi tant de haine, pourquoi tant de bêtise... ?

C'est pourtant dans leurs propres erreurs, qu'ils s'enlisent.


J'erre,

Et je vois des passants que la nuit a refroidis,

Qui se réchauffent à coups de verres de bourbon ou de vin,

Ou autre chose, qu'importe la boisson, qu'importe l'engin,

Pourvu qu'on ait l'oubli.


J'erre,

Et je sais qu'il y en a qui errent au point de vouloir mourir,

Qui ont des parents qui leur disent : « On va t'aider, tu ne vas pas bien ! »

Qu'ils leur montrent, qu'ils sont aimés, que la vie ce n'est pas rien,

Mais en disant cela, eux-mêmes n'ont pas le sourire...

Face à ces masques, comment de la mort peut-on s'affranchir ?


Peut-être qu'en devenant nous-mêmes heureux,

Cela aiderait-il des gens à aller mieux... ?


J'erre,

Et je vois des gens insouciants,

Enterrant leurs conflits d'antan

Pour se serrer la main, mutuellement.

J'erre,

Et tout absorbé par cette vision apaisante,

Je me dis qu'il faudrait que l'optimisme, je tente.

Nos Peines, Nos ChaînesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant