Juste un peu de joie [Tome 1 : Aya]

Chapitre IX

Elle marchait. La petite marchait elle pensait. La petite pensait. Il pleuvait. La petite marchait en pensant et en pleurant sous la pluie. À quoi pensait-elle ? À cette vie perdue.

À cette double vie.

La première passée à l'orphelinat avec son amie, et la deuxième passée seule, à cacher son handicap et son malheur au monde entier.

Elle se posait des questions auxquelles elle n'avait aucune réponse. Aya cherchait une lueur d'espoir. Mais elle n'en trouvait pas. La seule chose qu'elle pouvait apercevoir était le trou béant dans lequel le malheur l'aspirait.

Le malheur, mot qu'elle connaissait depuis le début de son enfance. Depuis qu'elle avait quitté Benjamin. Depuis qu'elle avait quitté l'orphelinat. Depuis qu'elle avait quitté le bonheur.

Elle regrettait d'avoir quitté tout ça. Mais c'était irrévocable. Comme la tristesse qui la gagnait chaque jour. Une goutte, deux gouttes, trois gouttes. Une larme, deux larmes, trois larmes. Ces dernières perlaient sur le visage de la petite.

La petite, qui avait tout et à la fois rien compris grâce à ce résonnement. Soudain elle eut chaud, puis froid, puis les deux en même temps. Elle avait également mal à la tête. Aya griffonna quelque chose sur le fameux bout de papier. Les hommes, les femmes, les enfants semblaient comme se transformer en monstres et danser autour d'elle.

Puis soudain, un petit garçon apparut. Le petit garçon qui bouleversa tout. Ce petit était seul, sans parents. Il était surtout seul, perdu au milieu de la route. Et une voiture. Une voiture fit également son apparition. Elle roulait rapidement. Elle roulait rapidement droit vers le petit garçon. Aya savait ce qu'il allait se passer. Elle sentait l'accident qui arrivait. Elle pensait à la peur, puis à la culpabilité. Mais l'une d'elle dominait et Aya la refoulait. Elle se précipita sur le garçon pour l'écarter vers le bord de la route.

Puis, tout devint noir. La voiture percuta la petite de neuf ans.