Chapitre 2

17 2 1
                                    


Chapitre 2 Tamara

05 juin 2016

Une nouvelle année vient de s'écouler et elle est totalement différente de la précédente. L'intervention de Sarah m'a permis de reprendre pied dans la réalité. Je suis loin d'être celle que j'étais avant cette terrible nuit, mais j'ai admis l'horreur qui m'a frappé. Mon mari est décédé et je suis veuve. Ça peut paraître ridicule pour beaucoup, mais jusqu'il y a peu, je me considérais comme une épouse et rien d'autre.

Sous les conseils de Sarah, je suis une psychothérapie pour m'aider à supporter ma perte. Je ne sais pas si cela m'aide vraiment, car il y a une distance avec mon thérapeute qui me dérange. Je sais qu'il a de nombreux patients, mais j'ai juste l'impression d'être un numéro à ses yeux. C'est pourtant un médecin reconnu par ses paires et qui a bonne réputation. Le problème doit venir de moi, je suis restée longtemps déconnectée de la vie et des émotions. Depuis trois mois, il insiste pour que je prenne un traitement d'antidépresseurs et somnifères. Si j'avoue que le second comprimé me permet d'avoir un sommeil sans cauchemar, le premier me fait peur. J'ai l'impression de n'être que le fantôme de moi-même, de survoler ma vie et que rien ne pourra me sortir de cette nuit qui m'ensevelit chaque jour un peu plus. Alors, sans rien dire à personne, j'ai décidé il y a quinze jours d'arrêter ce traitement. Il m'a fallu trois jours pour retrouver mes esprits. Trois jours pour décider que : plus jamais, je me retrouverai prisonnière de cette prison médicamenteuse. Je veux bien croire que certains y trouvent un réconfort mais pour moi, ça a été l'inverse. Je n'ai plus beaucoup de contrôle sur ma vie mais je souhaite conserver le peu qu'il m'en reste.

Alors que je m'habille, je peste devant mon miroir. Plus rien ne me va. Je flotte dans chaque vêtement, et même quand je ressers au maximum ma ceinture, le pantalon descend très bas sur mes hanches.

— J'espère que tu comprends ce que je veux dire maintenant ?

— Sarah !

Ma meilleure amie est souvent à la maison. Elle vit ici par intermittence, depuis un an. Elle occupe la chambre d'amis que l'on réservait pour un bébé avec Mitch. Avec mon accord, mais sans mon aide – car cela était trop difficile pour moi que de voir disparaître un rêve de plus de ma vie - elle s'est créé un espace cocoon très agréable. Je l'entends encore me dire alors que je m'extasiais des transformations apportées « Ce serait un comble qu'une décoratrice d'intérieur ne fasse pas quelque chose de génial avec un espace comme celui-ci ».

— Tu as dormi ici ?

— Oui, ma puce.

— Sarah, Tim ne va plus supporter cette situation très longtemps.

— Ne t'inquiète pas pour lui, dit-elle dans un éclat de rire. Il adore avoir retrouvé un peu de liberté et que l'on ne se dispute pas le programme télé.

— Mais tu ne peux mettre ta vie entre parenthèses, comme cela.

— Hey, n'essaie de pas noyer le poisson. Je te vois venir, n'oublie pas que je te connais depuis l'âge de cinq ans.

— Sarah...

— Non ma belle, c'est toi qui va m'écouter, maintenant. Je vois les progrès que tu as faits depuis un an, et je suis fière de toi. Par contre, il faut absolument que tu manges, Tam.

— Pfff. Je ne prends aucun plaisir à manger, plus rien n'a de goût. C'est comme si j'étais anesthésiée.

— Je comprends...enfin, non, je ne comprends pas, car je ne peux pas imaginer ce que tu vis et traverses. Mais, je sais une chose. Si tu continues sur cette voie, tu finiras à l'hôpital, sous perfusion ou pire encore avec une sonde. Ton état est vraiment inquiétant et je ne suis pas certaine que tu t'en rendes compte.

Hope for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant