Hope for love

Chapitre 3

Chapitre 3 Tamara

05 Juin 2017

Une nouvelle année vient de s'écouler, une nouvelle année sans Mitch. Comme me l'ont promis Elisabeth et John, ils ont été présents pour moi. Nous avons beaucoup parlé, pleuré, partagé. Cela m'a fait du bien et je me suis rendue compte que je n'étais pas la seule à être en colère contre Mitch. D'après mon psychanalyste, la colère est très saine et va me permettre d'avancer. Je ne sais pas si je dois le croire, mais une chose est certaine après avoir hurlé ma peine au cimetière, j'ai enfin à nouveau ressenti des émotions autre que la tristesse. C'est difficile à faire comprendre, mais j'ai comme été anesthésié par le décès de mon mari. Seule la souffrance de l'avoir perdu habitait mon cœur, mon corps et mon esprit. J'ai été vide si longtemps mais aujourd'hui, il semble que je reprenne vie. Je suis toujours autant dévastée mais je suis à nouveau connectée avec ce qui se passe autour de moi.

— Allez, hop, c'est l'heure de la pesée !

La pesée ? Une idée de Sarah que nous avons mise en place depuis un an. Elle a tellement eu peur de mon état physique que pour la rassurer je me suis pliée à ce moment que je redoute encore. Si les premières semaines, il n'y a pas eu d'évolution et que mon poids m'affolait toujours autant, Sarah était satisfaite de voir que je n'en perdais pas.

— Je suis certaine que tu n'as pas vraiment envie de monter sur cette balance !

— Tu as raison, Tam, mais il le faut. Et pas seulement pour toi. Depuis un mois, je prends du poids alors que je fais attention à mon alimentation.

— Tu commences ?

— Non non, vas-y, si j'ai pris du poids, je vais devenir folle alors autant que tu passes avant.

Je suis persuadée que le tableau pourrait faire rire plus d'une personne. En sous-vêtements, nous nous regardons avec gravité avant de jeter un œil vers le pèse personne et de soupirer. Même si nous n'avons pas les mêmes espoirs, moi prendre du poids et Sarah en perdre, nous craignons que cet accessoire diabolique nous fasse du mal. J'ai toujours été une bonne vivante, avec un coup de fourchette franc, mais depuis la disparition de Mitch, manger est une épreuve. Rien n'a de goût et j'oublie les heures de repas. Heureusement que ma meilleure amie est présente et me rappelle ces petits gestes du quotidien, sans ça, je ne sais pas où je serais.

— Allez, j'y vais, soufflé-je.

Je monte et retiens mon souffle.

— Wahou ! s'écrie Sarah !

Un immense sourire éclaire mon visage. Une fierté sans nom prend vie dans mon cœur. Je ne suis pas sortie d'affaire mais j'ai réussi à combattre un de mes démons.

— Tu te rends compte ! 52 kilos, Tam, 52 kilos !

— Je n'y crois pas. Ce n'est peut-être que dix kilos...

— Ah mais non, je t'interdis de minimiser la chose ! Je suis fière de toi ! Tu es une vraie battante.

— Je n'ai rien fait, Sarah, à t'entendre j'ai trouvé le vaccin contre le sida.

— Tu ne te rends pas compte, n'est-ce pas ? Attends, je reviens dans deux minutes.

Je la vois sautiller sur place, les fesses à peine recouverte de sa culotte, et prendre la direction de sa chambre. Elle réapparait quelques secondes plus tard, me tendant un une enveloppe cartonnée. Je l'ouvre et découvre quelques photographies de moi. Une que je reconnais parfaitement, car il s'agit d'une photo prise à mon retour de lune de miel. J'y apparais heureuse, souriante, et physiquement en forme. C'est la photo que Sarah a prise quand nous avons débarqué à l'aéroport après trois semaines idylliques, en Grèce. À côté de cette image, je découvre un cliché que je ne connais pas. Je suis choquée. C'est moi sur la photo, ou du moins mon fantôme.