Chapitre 5

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Oui oui je sais ça fait super longtemps ! Je n'ai aucune excuse mais une explication, je n'arrivais pas à me décider sur le déroulement de ce chapitre mais maintenant c'est bon :)

En tout cas merci à ceux et celles qui continuent à lire vous êtes super !

Bonne lecture !

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Vous savez tous ce que c'est qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce sentiment qu'il pourrait détruire le travail de toute une vie. Qu'il est sur la corde raide et qu'il pourrait basculer à tous moment. Et bien moi je me sens plutôt comme le pote de cet éléphant. Celui qui jubile parce qu'il sait que son pote fait une connerie mais qui ne va rien dire parce que c'est juste hilarant. Bien évidemment Carrihan n'est pas mon pote mais plutôt comme un insecte plutôt ennuyant que je regarderais voler droit vers la tapette électrique. Je ne dis pas que c'est bien, et si j'avais plus de bon sens je lui expliquerais qu'il fait une grosse erreur et que ce n'est pas comme ça qu'il me récupèrera. Mais que voulez vous, je suis moi et je n'ai aucunement l'intention de lui faire part de mes
doutes concernant son ingénieux plan.

Il m'a suivi en silence jusque dans la forêt, n'a pas bronché en me voyant y pénétrer, et s'est contenté de marcher à quelque pas de moi durant tout le trajet. Ce n'est qu'en émergeant de la forêt que j'ai aperçus une lueur de doute sur son beau visage. Il n'a jamais apprécié le monde humain qu'il trouve trop imprévisible et désorganisé. Moi au contraire je m'y sens bien. J'arrive à trouver un équilibre entre ma vie d'étudiante débordée et chaotique et mes entrainements réguliers et intensifs qui font de moi la guerrière que je suis. Je n'ai pas peur de me laisser emporter par le flot incessant de distractions et de tentations, car je sais de quoi j'ai besoin et de quoi j'ai envie. Je sais poser mes propres barrières et je n'ai pas besoins de respecter des règles pour cela. Je sais ce que je dois faire sans que l'on ait besoins de m'y obliger.

Contrairement à Carrihan qui semble assez perdu face à la horde d'étudiants qui se pressent vers leur premier cour de la journée. Pour certains, la première heure signifie qu'ils en sont déjà à leur cinquième café et qu'ils sont debout depuis des heures à travailler pour les exams de mi- semestre. Pour d'autres, c'est le pas trainant et les yeux mi-clos qu'ils atteignent leur classes, priant pour pouvoir terminer leur nuit sur le banc du fond. Et bien sûr il y a tout les autres, dont moi, qui essayent tant bien que mal de combiner les cours, les révisions, le travail et le sommeil dans une journée de vingt-quatre heures. Mais pour des personnes bien organisées de nature, le chaos ambiant est plus facile à gérer. Mais je sens bien que pour Carrihan, le chaos ambiant est plutôt en train de l'achever, et je n'ai pas honte de dire que je suis ravi de voir quelqu'un qui se considère de la classe supérieure des démons, en une si mauvaise posture. Peut être que pour lui c'est faire preuve de faiblesse de participer activement à ce qu'il a l'air de percevoir comme une apocalypse mineur. Et peut être aussi que me voir me fondre dans la masse avec autant de facilité lui fera prendre conscience que je ne suis plus de son monde, que je ne suis plus si vaillante, que j'ai changé.

Il considère un instant la foule avant de se tourner vers moi d'un œil suspect.

- Sont-ils tous comme... Ça ? Il désigne les étudiants qui se pressent à l'entrée de la faculté.

- Oui, plutôt oui, je pouffe. Mais ne t'inquiète pas, je saurais de protéger de ces malotrus, je termine en souriant.

Je continue d'avancer sans prendre la peine de vérifier qu'il me suit. Avec l'air paniqué qu'il arborait je suis sûr qu'il n'est qu'à quelques centimètres de moi. Je me demande si comme moi, il se remémore l'un de nos tous premiers échanges. Où je lui ai promis de le protéger contre les « folles prêtes à tout pour prouver leur valeur ». Ce que j'ai fait d'ailleurs, j'ai déjoué leurs plans, je l'ai caché à des endroit improbables, je lui ai donné des alibis pour les éviter. Je dois avouer qu'on s'est bien marré tout les deux. Malgré son grand âge il n'avait pas beaucoup d'expérience dans l'amusement et je dois dire qu'avec Léanora on en avait fait notre spécialité. J'ai eu l'impression de grandir avec lui, nous avons beaucoup découvert ensemble, beaucoup. Il m'a aidé à m'affirmer et je l'ai aidé à se décoincer un peu. Je secoue la tête. Les souvenirs de nos moments ensembles menacent de m'étouffer et je me dois d'y faire face. Enfin, y faire face, personnellement je suis plutôt fan de la technique « j'ignore le problème jusqu'à se qu'éventuellement il s'en aille tout seul ». Je dois avouer que pour l'instant ça ne m'a pas réellement réussi. Mais ne dit-on pas que le temps guéri toutes les blessures ? Ignorer cette boule qui remonte dans ma gorge et cette fanfare funèbre dans mon crâne me parait la meilleure option. La décision que j'ai prise il y a un an était la bonne et je ne regrette rien. Oui c'est ça, peut être qu'en te le répétant tu finiras par y croire.

Sans toi, c'est mieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant