Chapitre 6

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Il y a quatre ans...


Argh ! Je déteste les réveils ! Et les matins ! Je me tourne dans mon lit pour arrêter cette sonnerie, une mélodie que j'appréciais plutôt bien avant qu'elle ne devienne mon instrument de torture personnel. Quand le vacarme se stoppe, je me laisse retomber lourdement dans mon lit. Six heures cinquante ! Il me fait me lever à six heures cinquante ! Je ferme les yeux une seconde, inspire bruyamment puis me lève enfin avant de me rendormir, ce qui serait une très mauvaise idée, très bonne, mais très mauvaise. Enfin je me comprends !

J'enfile un t-shirt, par dessus une brassière de sport, un jogging et des baskets. Je remonte mes cheveux en une queue de cheval approximative, passe à la salle de bain pour me laver les dents et je file en attrapant mon sac et mon manteau au passage.

Je claque la porte derrière moi et me retrouve nez à nez avec Carrihan. Enfin nez à torse. Je ne suis pas petite mais lui c'est un géant et j'ai l'impression d'être un Leprechaun comparée à lui. Un Leprechaun qui vient de se cogner à un tronc d'arbre qu'il a bien envie d'escalader. Je lève les yeux et les plongent dans ses yeux argentés. Il fronce les sourcils et je hausse les miens en retour. Quelques secondes passent avant qu'il ne baisse le regard et je réalise que nous sommes beaucoup trop proches pour des gens censés avoir une relation prof/élève. Non pas prof, plutôt tuteur...ou mentor. Oui c'est ça Carrihan est mon mentor. Je recule vivement, embarrassée.

- Pourquoi rougis-tu ? Tu n'apprécies pas d'être près de moi ? Demande-t-il l'air sincèrement préoccupé en me suivant à l'extérieur du bâtiment.

- Rougir ? Moi ? Non pas du tout, tu te fais des idées. Je rétorque en évitant sciemment la deuxième partie de sa question qui me fait rougir encore plus.

- Moi j'apprécie.

Je me stoppe net dans ma progression. Il apprécie ? Il ne peut pas dire ça, ce n'est pas...correct. Si ? Non il ne peut pas, je viens de me mettre d'accord avec moi-même pour dire que c'est mon mentor. En tant que tel, il ne peut décemment pas dire cela. Je dois me tromper.

- Tu apprécies quoi ? Je demande prudemment.

- Et bien être près de toi, dit-il le plus naturellement du monde.

- Mais enfin tu ne peux pas dire ça ! Je cris, incrédule.

- Mais pourquoi ? Je ne réponds pas, tellement la réponse me paraît être logique. Pourquoi ne devrais-je pas dire cela ? Je devrais mentir ? Je sais que je suis parfois socialement inadapté, on me l'a déjà dit, mais je pensais que l'on devait toujours dire la vérité. Je suis navré.

Il est tout penaud, tel un cocker ses yeux paraissent tristes et je m'en veux. C'est vrai que dire la vérité est en générale la bonne conduite à suivre. Mais parfois il faut savoir se taire, il faut mettre un filtre sur ses paroles. Certaines choses ne se disent pas, qu'elles soient gentilles ou non.

- Euh oui il faut toujours dire la vérité c'est vrai mais euh... comment dire, parfois il faut s'abstenir... tu vois ?

- Non pas vraiment.

D'accord, il ne va pas me faciliter la tâche.

- Et bien parfois il faut garder pour soi des commentaires qui pourraient sembler... Tu sais quoi laisse tomber, je me ravise au dernier moment, la vérité c'est super !

- C'est ce que je pensais, sourit-il.

Je maugrée quelques insanités en me remettant en route. Nous nous arrêtons à la lisière de la forêt qui borde la piste de course. Je sais, tout comme lui, qu'il n'a pas besoin de tester mes capacités physique et ma technique au combat. La démonstration que je lui ai faite quand je l'ai rencontré parle pour elle même. Mais je sais aussi que le protocole exige que le démon formateur dispense des cours à leur novice. Et pour cela, ils doivent avant toutes choses, les évaluer. Je ne sais pas vraiment ce qu'il va m'apprendre aujourd'hui mais j'en trépigne d'impatience.

Il jette par terre un sac que je n'avait pas vu puis en sort quatre bâtons en bois d'environ trente centimètres chacun. Il m'en tend deux en souriant et je sais qu'il a lu mon dossier. C'est une de mes techniques de combat favorite. Je la trouve particulièrement harmonieuse et libératrice. Lorsque je les prends, ils deviennent des extensions de moi-même, ils me complètent. Nous relevons la tête au même moment et sans un mot sans signal de départ, le ballet commence. Je virevolte dans tous les sens en évitant ses coups, en parant ses attaques. Je ne dévoile pas mon jeu tout de suite. En général j'attends que l'adversaire s'épuise à lancer ces bâtons dans tous les sens. Je me rends vite compte que cela ne suffira pas avec Carrihan. Il a bien plus d'endurance que moi et surement plus d'expérience. Mais je maitrise ces instruments mieux que personne. Nous ne faisons qu'un. Mais ça il le sait, il s'y attend. Ce qu'il ne sais pas c'est que j'adore mélanger les styles. De la main gauche je pare son attaque frontale tandis que de la droite je lui frappe le coude pour enchainer sur un coup derrière le genou. Il récupère vite et j'ai à peine le temps de me baisser que j'aperçois du coin de l'œil un bâton frôler mon crâne. Je profite d'être près de sol pour lui faucher les jambes et il n'a pas le temps de dire ouf que d'un coup sur le revers de la main je lui fais lâcher un bâton. Il se relève d'un bond et nous nous toisons en nous tournant autour, cherchant une faille. Je fais tourner mes deux armes dans mes mains de part et d'autre de mon corps tandis qu'il fait de même avec la sienne. Une lueur de défi passe dans ses yeux et je devine qu'il veut que je le vois. Il n'est pas stupide ni vaniteux, il veut que je pense qu'il va attaquer. Mais je ne suis pas stupide non plus. Je vois son manège. Je feinte à droite et plonge à gauche, ses réflexes sont bons mais je suis plus rapide. Je fais une pirouette et me retrouve derrière lui. Je passe mon bâton sous son bras et attrape l'autre extrémité de ma main gauche, de l'autre coté de la tête. D'une jambe je fauche les siennes et je nous fais rouler au sol. Je l'immobilise en plaçant son autre bras dans une position peu confortable et en tirant une de ses jambes avec mon genou, la mettant dans un angle désagréable. Il résiste vaillamment pendant deux secondes avant de se relâcher dans mes bras et de déclarer forfait. Nous nous relevons à bout de souffle, haletant et en sueur mais heureux. Lui, sourit largement en pensant à la recrue formidable que je suis. Et moi je le regarde d'un air béta, l'adrénaline courant encore dans mes veines, parce que ce fut l'une de mes meilleures performances. Oui je suis ravie de ma prestation. Il respire toujours bruyamment et me dit, des étoiles dans les yeux et un sourire jusqu'au oreilles planté sur son visage :

- Waw ! Ça c'est un combat ! Si je ne savais pas, je pourrais croire que tu es la fille d'Athéna. J'ai l'impression que ton dossier scolaire ne te fait pas honneur et il y est pourtant noté que tu es la meilleur.

- Je ne vois pas l'intérêt de mettre à terre les professeurs, ils sont là pour nous enseigner, pas pour que je les ridiculise.

Il est vrai que je me contiens parfois. Pas tout le temps, mais j'essaye de ne pas avoir l'air irréelle. Un professeur m'avait fais la réflexion plus jeune et je ne l'ai pas très bien pris. Je sais que les adultes se mettent en colère quand on les surpasse. Je sais qu'ils n'aiment pas avoir l'air nul ou passer pour des ignorants. Je sais que lorsque je ne rentre pas dans leur barème ils m'en veulent et pensent que je les prends de haut. Je me souviens quand, en cinquième, on a du se chronométrer sur du deux-cents mètre nage libre. Je me souviens de Léanora m'annonçant mon temps, toute excitée parce que c'était le meilleur jamais enregistrer ici. Je me souviens aussi du professeur qui nous avait accusé d'avoir triché et nous avait forcé à recommencer cinq fois jusqu'à se que je sois épuisé et que mon temps corresponde à un temps acceptable pour une élève de douze ans. Après cela, je me suis efforcé d'être la meilleure presque partout tout en restant dans la limite du raisonnable.

Il me regarde de ses yeux cobalt et j'ai le sentiment qu'il comprend ce que je ne dis pas.

- Tu sais, tu peux être juste bonne ou extraordinaire, les gens seront toujours jaloux, alors autant qu'il le soient pour de bonnes raisons tu ne trouves pas ?

- Ouais tu as peut être raison, je réponds avec un léger sourire sur les lèvres, mais c'est plus simple d'être comme ils veulent.

- Ça ne serait pas plus simple d'être juste toi ?





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Tada !! Oui ça fait qu'une semaine mais j'avais trop envie de le poster ^^

On en apprend un peu plus sur Annabeth j'espère que vous aimez ! ;)

N'hésitez pas à commenter ça fait toujours plaisir

Merci Beaucoup <3

Sans toi, c'est mieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant