Chapitre 3

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J'ai vite compris que je ne peux pas lui faire face. Il faudra que je me soumette, que je sois à sa merci...

Je redoute énormément le moment où je vais devoir passer du temps avec Dwight. Il pourra me faire n'importe quoi, nous serons seuls et je ne pourrai luter contre lui. Je suis encore faible.

Pourtant, l'envie de lui faire subir en retour ce qu'il m'a fait endurer n'est pas moindre. Pour ça, il faudra que je sois patiente, si je veux avoir une chance de les anéantir je dois d'abord les amadouer. Je sais que pour le moment, c'est un travail sur moi-même que je dois faire, les souvenirs que j'ai lorsqu'il venait me rendre visite au trou refont souvent surface... Des frissons me parcourent le corps en me remémorant ces scènes.


Negan fait chemin inverse tandis que je reste à la même place durant quelques secondes. Je me dépêche de le rattraper :


"Pourquoi ? demandai-je, Negan s'arrête, m'interroge du regard. Pourquoi me faire subir tout ça ? le questionnai-je un soupçon de désespoir à la fin.

Le Tyran fronce les sourcil pour tenter de comprendre ce qui se trame à l'intérieur de moi.

- Ne me dis pas que tu veux m'attendrir avec ces larmes naissantes hein ? La pitié ne fonctionne pas avec moi Alana, déclare-t'il avec un certain aplomb. Néanmoins, pourquoi t'en faire ? Si tu exécute ce qu'on te dit, tu n'as plus de soucis à te faire tu sais, finit le Tyran avant de reprendre sa route.


Je n'ai plus de soucis à me faire ? Une blague de mauvais goût sans doute, comme toutes ses blagues justement. Le gros soucis est qu'il pense qu'il n'y en a pas, il n'est pas conscient d'être ce soucis.

Je le regarde s'éloigner, puis me mets à le suivre à distance. Je sens un regard insistant derrière mon dos. Je ne me retourne pas, je ne veux pas voir son regard posé sur moi.

Negan retourne jusque mon petit espace personnel, le seul endroit où je me sens en quelques sortes libre. Le Tyran se poste devant la porte m'attendant les deux pieds bien encrés dans le sol, une posture fière, le menton relevé ainsi que les mains liées sur sa batte pointée vers le bas. Je m'approche de lui à pas méfiants, tandis qu'il jubile. Maintenant face à Negan, je remarque qu'il me surplombe de deux têtes de plus, il me fait me sentir inférieure, m'intimide, m'effraie. La profondeur de son regard vert bronze rivé sur moi, malgré qu'il garde son menton relevé me fait des frissons, je me contente donc de baisser les yeux... Aucuns bruits, aucunes paroles, l'ambiance est étouffante et pesante, je ne supporte pas cette pression qu'il exerce en permanence sur moi. Mais soudain, il étire un large sourire suivit d'un faux rire. Negan continu de sourire en se penchant vers mon visage :


"Lève tes petits yeux, chuchote-t-il en attendant impatiemment de croiser mon regard. Aller, je n'aime pas attendre Alana."


Alors, de la façon la plus lente que je puisse faire, je relève le regard vers mon interlocuteur.


"N'essaie pas de te cacher de mon regard. Tu n'y échapperas pas, dit-il toujours en chuchotant.

- Je ne me cache pas, répliquai-je.

- Peu importe. Demain Dwight viendra te chercher pour sept heures du matin tapante.

- Oh non non non... m'échappe de la bouche ; lorsque je me rends compte de l'énorme bêtise que je viens de commettre je porte immédiatement les mains sur ma bouche, tandis que les larmes montent dans la foulée. Le Tyran me questionne du regard, attendant une explication de ma part. Je... Je ne voulais pas dire ça, je m'excuse...


Negan se redresse et saisit un peu plus fermement sa batte. Son visage se ferme au fur et à mesure que les secondes s'écoulent et la peur agrippe mon estomac :


"Pitié non ! Je ne voulais pas dire ça ! Je suis désolé, criai-je. Je suis désolé, désolé, désolé, pleurai-je agenouillée au pieds du Tyran.


Je suis effondrée à ses pieds, réclamant son pardon, incapable de retenir mes pleurs. Il tient fermement sa batte avec laquelle il fracasse le crâne des rôdeurs comme des humains sans une once de pitié ou de regrets. Je ne cesse de penser qu'il va m'abattre à coups son arme qu'il chérit tant. La peur agrippe mon estomac et finit par saisir tout mon corps me rendant incapable d'exercer un seul mouvement.


"Eh, Alana ? Qu'est-ce que tu me fais là ? fait Negan en se mettant accroupi afin d'être à ma hauteur.

- Ne me tuez pas, je vous en prie, suppliai-je entre deux sanglots, les yeux rivés sur le sol froid.

Il se met à sourire pour ne pas changer. Bon sang ! Il n'y a rien de drôle !

- Lucille n'a pas soif, pas maintenant." Déclare Negan tandis que son visage se ferme au fur et à mesure qu'il se relève. Puis il s'en va sans dire plus de choses. Me laissant seule, déversant toutes les larmes de mon corps agenouillée sur le sol... Mais avec des questions qui me tourmente : parle-t-il de sa batte en disant "Lucille" ? Et pourquoi ce prénom ?

La Mort au bout du couloirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant