Winter to Summer

11.

Elle baissa les yeux, je la pris par les épaules et la serrais aussi fort que je pouvais.

- Tu es Maya. Dis le moi. - insistais-je - Que s'est-il passé cette nuit ? - demandais-je -

- Je n'ai jamais voulu m'être fin à mes jours, vraiment. Il y a eu cet accident et cette fille qui me ressemblait...elle...

Elle baissa les yeux surement honteuse, je commençais à m'énerver. Je ne pus me retenir plus longtemps et frappai le sol, je ne sentais plus ma main mais je m'en fichais. Je n'en revenais pas, c'était comme si tout s'effondrait autour de moi. Les aiguilles de l'horloge s'étaient arrêtées, plus rien ne bougeait. Je ne pensais plus correctement.

- Je suis désolée Shawn...

- Non tu ne l'es pas. - dis-je froidement en me relevant - Tu ne l'as jamais été, sinon tu serais venue me voir directement après notre première rencontre et tu me l'aurais expliqué.

- Shawn...

Je recommençais à pleurer, je ne pouvais pas me retenir plus longtemps. Dans d'autres circonstances, j'aurais été ravi d'apprendre cette nouvelle mais j'avais plus mal qu'autre chose. Je ne comprenais pas, j'avais le coeur brisé et j'avais cette douleur au ventre.

- Pourquoi ?! - criais-je - Pourquoi tu es obligée de me faire mal comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait pour que tu sois aussi horrible envers moi ? J'ai été trop dur avec toi, c'est ça ? Tu voulais te venger pour tout le mal que j'ai pu te causer ?! Quelles sont les réponses à mes questions ? Hein ! Dis les moi ! Je veux des explications, des vraies explications. Pas celles qui ne sont pas sincères parce que mes larmes quand j'ai appris ton décès étaient sincères. Elles venaient du plus profond de mon coeur, celui que tu as brisé - dis-je en tapant ma poitrine - chaque cris qu'y sortaient de mon estomac étaient réels. Alors dis moi tes raisons pour partir ? Pour te prétende comme étant morte. Est-ce que ma tristesse faisait ton bonheur ? Est-ce que tu as pensé à moi au moins, est-ce que tu ne t'es pas demandée une seule fois ce que j'aurais pu faire pour toi, pour te rejoindre quand je te pensais morte ?

- Je n'arrivais pas...

- Tu n'arrivais pas à quoi ? A assumer tes actes ? A assumer à quel point tu m'as fait du mal. Bon sang Maya, tu ne sais pas à quel point j'ai souffert, tu étais mon monde, tu étais la seule personne pour qui je vivais ! Quand tu es partie, je ne trouvais plus le chemin. J'étais complètement perdu. J'ai littéralement arrêté de vivre, je ne voyais plus le bout du tunnel. Alors que toi...tu vivais encore. Qu'est-ce que tu as répondre à ça ?

Elle regarda sur le côté, elle ne voulait plus affronter mon regard. Elle n'osait même pas poser ses yeux dans les miens. Je reniflais fortement, elle n'avait pas changé, elle ne disait pas ce qu'elle pensait dans son coeur et dans sa tête, encore une fois, j'étais celui qui passait pour le méchant qui crie sans raisons.

- Je vois que ton caractère n'a vraiment pas changé. - repris-je calmement - Je pensais que tu pouvais t'imprégner au moins de celui de la fille dont tu as volé l'identité pour me répondre, cette fille qui est morte à ta place. Cette fille qui s'est sacrifiée pour toi. Cette fille à qui tu dois la vie.

- Tu crois que moi je n'ai pas souffert ?! - lâcha-t-elle -

Elle leva enfin sa tête vers moi, son regard n'était pas le même qu'auparavant. Elle ne ressemblait ni à Maya ni à Rowan. Elle était quelqu'un d'autre.

- Tu crois que tu es le seul à avoir souffert ? - rajouta-t-elle en se relevant à son tour - Tu penses que je ne m'en suis pas voulue de me faire passer pour elle ? Tu crois que vivre avec ce fardeau était une chose facile ? Que je pouvais me réveiller le matin comme si de rien n'était ? Cette fille, elle ne méritait pas de mourir et je le sais. C'est pour cette raison que je suis restée en vie. Tu ne sais pas à quel point j'ai pensé à partir moi aussi mais j'étais obligée de rester parce que j'étais contrainte par elle.

Elle avait arrêté de pleurer, c'est la première fois que Maya me parlait ainsi, qu'elle osait s'ouvrir à moi de cette façon. Ce qu'elle cachait depuis des années, était entrain de surgir.

- Mais me faire passer pour cette fille ne me faisait pas plus mal que de te voir, tu n'imagines pas à quel point c'était épuisant de pleurer parce que je savais que quelque part dans la ville, tu pleurais ma mort, mes parents pleuraient, mes amis pleuraient. J'avais dû laisser tomber mon passé, mes souvenirs, mes habitudes, j'avais dû te laisser. Tu ne sais pas combien de fois, j'aurais aimé te dire ce tu voulais entendre, "oui je suis Maya, je suis la fille que tu as aimé". Tu étais là devant moi et je ne pouvais pas te dire la vérité. Quand je te voyais avec Josie, rigoler avec elle comme tu le faisais avec moi, j'étais détruite. Je voulais aussi que tu me prennes dans tes bras ! Je voulais aussi sentir tes mains autour de moi ! Je voulais aussi que tu me raccompagnes de l'université ! Je voulais aussi que tu m'emmènes au café ! Je voulais aussi que tu me dises que tout va bien se passer ! Je voulais t'avoir à mes côtés mais pas en tant que Rowan mais en tant que Maya...

Elle respira un bon coup après s'être lâchée, elle finit par détacher son regard du mien.

- Ce que j'ai fait est impardonnable, je le sais bien. - continua-t-elle - Je suis consciente que récupérer ta confiance sera difficile. Mais avant de t'exclamer comme étant la victime, je veux que pendant quelques secondes tu te mettes à ma place. Si après avoir récupérer ma mémoire, j'aurais décidé de partir pour te rejoindre. Crois-tu que la famille avec laquelle j'avais vécu pendant des mois, se serait réjoui d'apprendre que leur fille est enfaite décédée depuis des lustres ? "Heureusement que tu n'es pas morte dans cet accident, les parents m'auraient regardé d'un autre oeil parce que je ne suis pas leur vraie fille comme toi." Voilà ce qui trainait dans ma tête à chaque fois que je voulais leur dire la vérité. Je ne te demande pas de me pardonner mais au moins...comprends moi.

J'étais partagé entre la prendre dans mes bras et lui refaire la morale. Mais elle le faisait très bien toute seule. Je séchais mes larmes et m'assis sur le bord du fleuve, je respirais un bon coup. Je devais remettre mes idées au clair.

- Alors dis moi. Ce qu'il s'est passé cette nuit dans les moindre détails. Peut-être que je pourrais te comprendre après cela.