Winter to Summer

2.

Première partie : Lui.

24 septembre 2020 - Toronto

Je me rappelle de la première fois que j'ai eu des sentiments pour elle. Je n'avais que 10 ans, généralement à cet âge là, on ignore la différence entre amour et amitié mais pour ma part, j'étais sûr des miens envers elle. Sa mère était la meilleure amie de ma mère, nous avions toujours vécu ensemble et surtout j'avais cette impression que nous allions vivre toute notre vie ensemble. C'est surement pour cela que je m'étais toujours intéressé à elle parce que je regardais la seule chose qui m'était sûr d'être promis. J'ignorais ce qu'elle en pensait de notre relation, à vrai dire, elle était une fille très discrète et réservée, elle ne m'a jamais dit ce qu'elle ressentait vraiment pour moi. J'aurais dû forcer pour qu'elle me parle, peut-être que j'aurais remarqué à quel point elle n'était pas bien.

- Ta mère t'attend chez les Miles. Tu devrais y aller.

Je me relevais du sol et essuyais mes mains sur mon pantalon. Je me tournais vers mon ami et lui lançais un sourire forcé. Lui aussi était attachée à elle, j'imagine qu'il aurait aimé lui donner plus d'amour. On marcha vers la sortie du cimetière et on entra dans sa voiture.

- Tu penses que si j'étais resté ici, elle serait encore ici aujourd'hui ?

- Je pense que ton départ n'était pas la chose qui l'a rendu dépressive.

Je déposais ma tête sur la vitre, il devait beaucoup en savoir vu qu'il avait passé sa dernière année avec elle pendant que moi j'étais en Londres avec ma soit disant petite-amie, à me préoccuper que de moi-même. Je soupirais longuement, j'appréciais beaucoup ce jour mais à présent, il me semblait si sombre.

- Tu sais...même si on était ensemble. Elle...elle pensait énormément à toi. J'en devenais presque jaloux des fois mais au fond, je savais que toi seul avait son cœur.

- Je pensais énormément à elle aussi...A certain moment, je voulais tout arrêter avec ma copine pour retourner à Toronto et l'épouser directement. Mais à chaque fois, je me disais que c'était une décision que je ne devais pas prendre sur un coup de tête. Nous avons beaucoup vécu.

Il rigola un moment, je le pensais vraiment quand je disais ça. J'aurais pu vraiment tout arrêter si elle me l'avait demandé. On arriva devant la maison des Miles, cette maison où j'avais passé toute mon enfance. Je pris du temps avant de rentrer, mon ami était déjà dans la maison à saluer tout le monde. Quant à moi, j'étais resté sur le palier à contempler les alentours me rappelant chaque souvenirs que j'avais vécu avec elle. Ma respiration devint lourde et je pouvais sentir les larmes venir. Mon cœur se serra et je décidais juste avant de craquer, d'entrer.

L'ambiance n'était pas pareille que les années précédentes, d'habitude, le 24 septembre. Des rires se faisaient entendre et la nourriture se sentait jusqu'au bout de la rue. Pourtant même si la mère de Maya avait préparé ses fameux plats, ils ne sentaient plus pareils. Mon père arriva dans le couloir, il me prit par l'épaule et m'entraîna dans la salle à manger où tout le monde était déjà installés. Je m'assis devant ma mère qui n'était plus réellement la même depuis la mort de la personne qu'elle considérait comme étant sa belle-fille. Elle afficha comme moi un sourire forcé pour ne pas inquiéter les autres mais je reconnaissais parfaitement ce regard, ce sourire. Elle était autant triste que moi. On mangea comme si de rien n'était même si on ressentait bien la non présence de la reine de la journée. La mère de Maya avait fait comme chaque année, un gâteau, elle voulait vraiment en faire un même si sa fille n'était plus là, je trouvais cela courageux de sa part même si c'était assez étrange. Je soupirais et me levais vers le gâteau qui était déposé en bout de table.