Laissez-moi vous un faire un cours d'histoire sur les Îles Hospitalières.
Actuellement, elles sont habitées par une population hétéroclites d'humains, d'orcs et par une petite communauté elfe recluse au plus haut sommet de l'archipel. Mais ça n'a pas toujours été le cas, comme vous vous en doutez (sinon je ne serais pas en train de vous raconter ça.) À une époque suffisamment lointaine pour que tout le monde l'ait oubliée, les Îles étaient occupées par une civilisation très avancée. Et allez savoir pourquoi, ces bâtisseurs de l'extrême s'étaient mis en tête de construire une grosse tour au large des côtes. Le genre de substitut phallique d'un kilomètre de haut qui fait du bien à l'égo de toutes les personnes impliquées, et qui cesse d'être utile à la minute même de son achèvement. Bref, rien de très nouveau. Mais c'était un très beau bâtiment, du bel ouvrage, et surtout de grosses fondations bien solides, glyphées de partout pour soutenir les courants marins, une précaution un peu excessive vu l'endroit (la tour avait été installée dans un ancien cratère qui servait, et sert toujours, de point d'ancrage aux navires du coin). Tout était raffinement et délicatesse, depuis les arches soutenant le rez-de-chaussée jusqu'à la pointe taillée dans un marbre d'un blanc pur, une statue représentant un quelconque héros de l'époque. Et puis allez savoir pourquoi, la civilisation disparut un jour (oh bah ça alors ! On s'en serait jamais douté). Sur un coup de vent un peu fort, la tour s'effondra dans l'océan (le bâtiment c'est plus ce que c'était). Il ne resta plus que les fondations affleurant à peine au-dessus du niveau de la mer.
Avance rapide vers une époque plus proche de la nôtre.
Un troll pauvre mais entreprenant, venant d'une famille ayant fui un énième conflit politique dans les Sept Couronnes (Ne me demandez pas lequel. Sérieusement, si les trolls ne se reproduisaient pas comme des lapins, il n'y aurait plus personne dans l'Empire parce que tout le monde aurait exilé tous les autres), ne se satisfaisait pas de sa position de fils de marin-pécheur. Il rêvait de mieux, et il avait l'oeil vif. Alors qu'il glandait dans le port, il remarqua plusieurs faits : d'abord, que vu le manque de responsables du port pour gérer la circulation (les Îles Hospitalières sont une destination plutôt prisée, c'est un coin sympa), parvenir à terre prend un temps pas croyable ; et ensuite, que les marins souffrent en majorité de scorbut, ou de déshydratation, et la première chose qu'ils font en arrivant est de dépenser leur paie dans une taverne. Il y avait là de la place pour un jeune troll plein d'idées. Donc ce qu'il fit, c'est qu'il embarqua quelques amis, le bateau familial, et pas mal de planches, de clous et de cordes, ainsi qu'une belle collection de liqueurs et une cagette de fruits frais. Il emmena sa troupe aux ruines de la tour, où en une nuit ils montèrent un bar de fortune. Avec des petites lanternes et tout. Ils attendirent les clients. La première journée fut un succès.
De nos jours, le bar est devenu une entreprise établie. Oh, bien sûr, il y a eu des revers, comme cette tempête qui a tué vingt personnes, ou la fois où une bande d'elfes ivrognes a débarqué pour massacrer les clients. Mais ça reste une affaire qui marche. Le troll qui se fait désormais appeler Le Fabuleux (ça n'a pas amélioré sa modestie, ces conneries) est devenu l'équivalent du shérif d'un port franc, avec une milice et des taxes. Il paie cher l'antenne locale de la guilde des métamages, qui en retour se charge de garder le Port des Îles Hospitalières en un seul morceau. D'autres affaires se sont montées, des comptoirs commerciaux, un marché couvert, mais surtout un des plus grands chantiers navals de l'hémisphère Nord. Autant dire que Le Fabuleux se met bien, avec la com' qu'il touche sur toutes les activités. Il occupe toujours son bar dont les jus de fruits frais sont renommés jusqu'à la cour de l'Empereur. Il a une grosse chaîne en or, un réseau de prostitution et un groupe de musique à domicile. Et son bar a une super déco : la moitié de la salle principale a été fabriquée avec la carcasse d'une vieille caraque Alendraine qui s'était échouée une nuit sur les récifs un peu plus au Nord, le pont supérieur a été reconverti en salles pour les business privés de toutes sortes (surtout du cul, mais pas que), les mâts soutiennent une toile qui recouvre la terrasse, et Le Fabuleux a installé son bureau dans la cabine du capitaine.
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Une mission comme une autre
FantasyÇa devait être une opé sans histoire. Mélania, héroïne de guerre, criminelle et accessoirement grande amatrice de bourbon devant l'éternel, ne pensait pas que ça allait à ce point partir en sucette. Entrer dans le siège de la guilde des métamages, p...