« Yeen, à toi ! »
Elle s'en remit - encore - à la conjuratrice, qui projeta un de ses plus vilains tours dans l'escouade. Le diablotin poussa un cri strident et se jeta sur eux, toutes griffes dehors. Il mesurait un mètre de haut, était recouvert d'écailles et puait comme une fosse à purin. Bien sûr, les gardes auraient pu courir après la bande de voleurs, mais c'était s'exposer à ces griffes qui pouvaient trancher des armures comme du papier. Ils n'étaient pas fous, et se déployèrent en bon ordre, les lames levées. Ça n'allait pas les arrêter longtemps. Melania bondit dans un couloir au coin et couru en direction du coffre grand ouvert, son équipe sur les talons. Sirius aiguillait Orphéli de la pointe de l'épée.
Un des gardes s'interposa entre Melania et la porte. Sans ralentir, elle lui allongea un bon coup de pied dans sa main d'épée, suivit d'un autre de la lame dans sa jambe. Il s'effondra dans un fracas de ferraille. Elle bondit par-dessus et passa la porte. Les autres déboulèrent à sa suite, Orphéli lui tomba plus ou moins dessus, et Sirius claqua la porte de la chambre forte derrière eux. Il la maintint les pieds arc-boutés, pendant que Garamis bricolait quelque chose sur un glyphe trop loin pour que Melania puisse le voir. Le verrou s'enclencha dans un claquement. Et les lumières s'éteignèrent d'un coup.
« Génial... C'est parfait.
— Yeen ? Ta gueule. Sérieusement.
— J'espère que tu as un plan, l'elfe.
— J'y travaille. On peut avoir de la lumière ?
— Je crois que j'ai tout coupé en bloquant la porte. » Répondit Garamis.
« Laissez-moi me relever, j'ai des allumettes. »
Melania chercha à tâton le bras d'Orphéli et la laissa s'appuyer sur elle. Un bruissement de fringues, puis un craquement, et la flamme projeta une lumière ténue sur les murs. Sirius, toujours pratique, sortit une matraque d'une poche autour de laquelle il entoura plusieurs bandes déchirées de sa chemise. Ça allait puer la suie, mais au moins ils y verraient quelque chose.
Enfin, si c'était pour voir ça, autant rester dans le noir.
« Quelqu'un a une idée pour faire tomber ce tas de merde ? »
La pièce où ils se trouvaient était en fait une antichambre grand comme un placard, complètement vide, entre deux portes d'acier. Les glyphes sur le sol et les murs indiquaient un système de sécurité que Garamis avait dû désactiver. Mais la porte intérieure restait fermée. Et ça tapait déjà de l'autre côté.
« J'ai connu tes conjurations plus vicieuses. » Lança Melania à Yeen.
« J'étais un peu prise par le temps.
— Qu'est-ce qu'il te reste en réserve ?
— Un foreur, une lanterne, et le cartographe que tu m'as demandé.
— Alors on sait déjà comment on sort : on fait un trou vers les tunnels et on essaie d'atteindre le port.
— Ça ne nous dit pas comment on va ouvrir cette porte. »
Melania se tourna vers Garamis qui était penché sur une interface de contrôle, la torche de Sirius au-dessus de la tête. Et vue la tronche qu'il tirait, les nouvelles étaient pas hyper bonnes.
« Je ne peux pas l'ouvrir.
— Comment ça ?
— Il faut l'empreinte de la main d'une personne autorisée. L'alimentation de la chambre est séparée du reste du réseau. Et cette interface est coulée dans une gaine de plomb, donc je ne peux pas modifier les glyphes. J'imagine qu'ils changent toute la pièce quand elle est usée... Bref, sans une main, c'est foutu.
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Une mission comme une autre
FantasyÇa devait être une opé sans histoire. Mélania, héroïne de guerre, criminelle et accessoirement grande amatrice de bourbon devant l'éternel, ne pensait pas que ça allait à ce point partir en sucette. Entrer dans le siège de la guilde des métamages, p...