Chapitre 3

18 2 0
                                    


      Lucille déambulait dans les couloirs du manoir à la recherche de sa sœur. Montant les escaliers, elle marcha dans le couloir, prenant le temps d'admirer par les fenêtres le jardin ainsi que les tableaux accrochés sur les murs. Lorsqu'elle arriva devant la porte de la chambre de sa sœur, celle-ci était entrebâillée. Elle entendait des bruits de pas rapides, comme si quelqu'un faisait les cent pas et entendait marmonner. Lucille toqua et les bruits de pas cessèrent :

- Oui, dit une voix exaspérée.

- Tu m'as l'air contrariée je me trompe ? Demanda la jeune fille.

En face d'elle, Elisa se tenait droite, les bras croisés sur la poitrine avec un regard amer :

- Nous n'aurions jamais dû revenir ici, tu le sais. Je ne veux pas la voir.

Lucille soupira. Elle s'approcha de sa sœur et s'assit avec elle sur le lit :

- Tu sais bien que cela fait plaisir à Père que nous soyions ici.

- Mais il ne sait même pas que nous sommes arrivées ! 

- Le soleil vient à peine de se lever ! Il en sera encore plus heureux de nous voir, c'est comme... Une surprise ! la rassura-t-elle d'une voix enjouée.

Elisa détourna le regard. Sa sœur savait quelle avait eu du mal à supporter la séparation de ses parents et elle tenait son père pour responsable, remplissant son cœur et son esprit de rancœur envers lui et surtout envers Eugénie :

- Viens donc manger quelque chose. Tu n'as rien avalé depuis hier soir.

De mauvaise grâce, Elisa se leva et suivit Lucille jusqu'à la cuisine où un véritable festin les attendaient.


      Les premières lueurs matinales s'infiltraient dans la pièce à travers les rideaux. En s'étirant, Grégoire sortit de son lit et mis sa tenue de chasse, composée d'un pantalon marron, de hautes bottes, d'une chemise blanche et d'un épais manteau rembourré de fourrure. A cette heure, le manoir était calme et silencieux. Ses bottes claquaient sur le sol de marbre et créaient un écho qui se propageait dans les longs couloirs vides. Il se dirigea vers les cuisines, espérant y trouver de quoi manger avant de partir en forêt. A travers la porte il fut surpris d'entendre des éclats de voix et des rires. Intrigué, il poussa alors la porte et pénétra dans la grande pièce. Il resta alors bouche bée comme s'il venait de voir une apparition. Les larmes aux yeux il se rua au bas des escaliers et pris ses filles dans ses bras :

- Vous m'avez tellement manquées ! Où étiez-vous ?

- Nous nous sommes trompées d'horaire pour le coche, nous avons été retardées, répondit Lucille.

- Ne me faites plus de frayeurs de ce genre ! Je vais aller prévenir Eugénie que vous êtes arrivées.

- Elle est ici ? s'exclama Elisa soudainement.

- Eh bien oui, pourquoi cette question ?

Sans demander son reste, la jeune fille se leva brusquement et sortit de la cuisine en claquant la porte. Grégoire soupira bruyamment et s'assit lourdement sur le banc :

- J'ai l'impression que ta sœur n'apprécie pas beaucoup l'idée qu'Eugénie est ici n'est-ce pas ?

- Il faut la comprendre, c'est difficile pour elle de voir qu'une autre femme prend la place de maman ici. Je suis sûre que tout va s'arranger, il faut lui laisser du temps.

Lucille posa une main compatissante sur l'épaule de son père. Elles n'étaient arrivées que depuis quelques heures et Elisa en faisait déjà des siennes. Cela n'augurait rien de bon pour la suite mais elle espérait tout de même un changement de la part de sa sœur.

    Il était presque midi lorsqu'Eugénie sortie de ses appartements. Sa fille Sophie recevait ses premiers cours avec son nouveau précepteur et elle tenait à y assister, elle prenait très à cœur l'instruction de la petite. De puis le décès de son mari quelques années auparavant, elle s'était toujours démenée pour lui assurer la meilleure des éducations. Dans la salle à manger, la table était dressée. Des soupières fumantes étaient disposées et les plateaux supportaient de gros pains et des paniers de pommes :

- Sophie ne court pas autour de la table, je te l'ai déjà répété plusieurs fois !

La petite s'arrêta et alla s'asseoir, la tête basse :

- Je pourrais jouer avec Turbo après ?

- Oui si tu veux, mais tout d'abord il faut manger. Tu joueras après.

La porte s'ouvrit et Elisa apparut, un livre dans les mains. Eugénie se leva avec un grand sourire, apparemment heureuse de voir la jeune fille :

- Elisa ! Nous sommes heureuses de te voir ! Viens-tu déjeuner avec nous ?

Avec un regard mauvais, elle s'arrêta et considéra Eugénie et la petite qui lui souriait de toute ses dents :

- Je n'ai pas faim, se contenta-t-elle de répondre sur un ton glacial.

- Il y a bien assez pour tout le monde tu sais et puis cela nous ferais plaisir de...

Elisa leva les yeux au ciel puis tourna les talons sans attendre la fin de la phrase :

- Maman pourquoi Elisa ne veut pas dire bonjour ?

- Je ne sais pas chérie, elle doit sûrement être fatiguée par son voyage. Madeleine pourriez-vous surveiller Sophie quelques minutes ? J'ai des choses à voir.

- Bien Madame, répondit la servante en s'inclinant.

Elle la remercia et sortit de la pièce. Si Elisa était au manoir, Lucille devait forcément être là aussi. Elle devait avoir des explications avec elle.





Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Les sœurs BoltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant