«La difficulté pour une femme n'est pas de garder un secret, mais de garder secret qu'elle garde un secret.»
-Somerset Maugham-
En me réveillant j'ai le sourire aux lèvres. Hier, j'avais sûrement passé une des plus belles soirées de ma vie. Je me retourne dans mon lit et aperçois sur le crochet de ma porte la veste que Karl m'avait prêté. Mon sourire s'agrandit. Karl est trop mignon ! Ah ! J'ai déjà hâte de le revoir ! Je me précipite hors de mon lit, me prépare en vitesse mais tout en m'appliquant au maquillage. Je me trouve particulièrement belle aujourd'hui, tant mieux ! Je prends le blouson de Karl et descends les grands escaliers centraux. Je me dirige vers la grande salle où je le trouverai sûrement. Au lieu de cela, je tombe nez-à-nez avec Noah. Je suis plutôt contente de le voir, j'ai l'impression qu'il m'évite depuis hier matin. On dirait qu'il me boude.
-Hey ! Salut toi ! dis-je tout sourire, réellement heureuse de tomber sur lui par hasard.
Il allait me répondre lorsqu'il remarque que je tiens la veste de Karl entre mes mains. Je le vois froncer légèrement des sourcils et serrer des dents. Il me jette un regard incompréhensible et se décale vers ma droite pour continuer son chemin. Je me retourne et le regarde de dos. Il marche d'un pas pressé. Je ne le comprends pas... Pourquoi est-ce qu'il n'aime pas Karl comme tout le monde ? Il est tellement charismatique ! Je continue mon chemin en me disant que je lui en reparlerai plus tard. Pour l'instant, restons concentré sur «l'opération Karl».
En arrivant dans la grande salle, je le remarque tout de suite. Il est debout dans un coin et un groupe est réuni autour de lui, dont Mélanie: la sale peste. Il tient son violon dans une main et son archet dans l'autre. Tout le monde lui réclame une prestation. Il finit par s'exécuter. Je vais m'asseoir sur un fauteuil pendant qu'il prend une respiration et commence sa mélodie. C'est la même que celle que Noah jouait lorsque je l'ai surpris la première fois. C'est beau mais on dirait qu'il manque quelque chose. Son interprétation n'a rien à voir avec celle de Noah qui était si belle, si romantique, si sentimentale et émotive. La musicalité de Karl est beaucoup plus fade à comparer. Sans couleurs. Sans image qui nous vient à l'esprit. C'est juste... du violon quoi. Quand j'ai entendu Noah jouer, j'ai pourtant vu un autre monde : son monde. J'ai pu toucher les sons et les voir tellement ils étaient palpables. Malgré tout, lorsque Karl termine, une pluie de compliment se verse sur lui. Il reste tout de même modeste, ce qui est naturel chez lui. Je m'approche pour le féliciter à mon tour. Je lui tends ensuite sa veste en regardant Mélanie droit dans les yeux. Un petit sourire de victoire s'étend sur mes lèvres.
-Tiens, tu as oublié de la récupéré hier soir, lui dis-je.
-Ah ! Mais oui, c'est vrai ! Où est-ce que j'avais la tête ! Merci Carmen !
-Ça fait plaisir ! À plus tard ! lui dis-je en lui accordant un simple sourire avec les joues toute rouges.
Je retourne sur mes pas en n'oubliant pas de regarder derrière moi le visage rouge de colère de Mélanie. Je me faufile jusque dans la cuisine pour aller quêter deux petits-déjeuners à emporter à Gino. Il me les fait avec plaisir et me souhaite bon appétit. Je grimpe les marches en vitesse et tourne dans le couloir du dortoir des filles. Je m'arrête devant la porte de chambre de Daisy et cogne cinq bons coups. Sachant que je suis la seule à faire ce rythme en frappant, elle me crie :
-C'est bon, tu peux entrer C !
J'ouvre sa porte énergiquement en lui annonçant :
-Prépare-toi ma belle parce qu'on sort ce matin !
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Orpheline
Roman d'amourCarmen est une jeune orpheline depuis ses quatre ans. C'est une grande fille rousse aux goûts qui laissent à désirer et qui cache ses sentiments au plus profond d'elle-même. Alors, qu'elle vivait une petite vie paisible avec sa meilleure amie Daisy...