Il n'a fallu à Adrien que quelques minutes pour rejoindre son hôtel. Le corps parcouru de violents frissons, il traverse l'établissement aussi vite que le lui permet ses jambes tremblantes, avant de s'enfermer à double tour dans sa chambre.
A présent debout sous sa douche, mains posées à plat contre le carrelage, le jeune homme reste aussi immobile qu'une statue.
L'eau brûlante coule sur sa peau, soulage ses muscles de la tension inhumaine qui les habite depuis l'instant où il a retrouvé son père. Adrien ignore depuis combien de temps il est ainsi enfermé dans sa salle de bain, mais la pièce entière est maintenant emplie d'une brume humide et opaque. Cet air moite s'insinue dans ses poumons, renforce cette angoissante impression d'étouffement qui refuse de le quitter.
Adrien ferme un instant les yeux, essayant de se concentrer sur le doux clapotis du jet d'eau contre la paroi de la douche.
Il voulait revoir son père et à présent, il le regrette amèrement. Il voudrait tellement effacer cette journée de sa mémoire. Oublier ce qu'il a entendu. Laisser l'eau emporter avec elle ce chagrin qui brise son cœur en miette.
Mais les paroles de son père le hantent. Le torturent. Elles s'incrustent dans son cerveau avec autant de force et de violence que si elles y avaient été gravées à l'acide.
« Il fallait qu'elle revienne. »
« J'étais prêt à faire tout ce qui me semblait être le mieux pour toi. »
Adrien a l'impression que son crâne va exploser. Ces quelques mots le renvoient avec une brutalité phénoménale à tout ce qu'il a enduré ces dernières années. La mort de sa mère, l'indifférence de son père, les incalculables fois où Ladybug et lui ont frôlé le pire... Toutes ces épreuves, toute cette souffrance, dont une large partie aurait pu être évitée si son père avait tenté de le comprendre ne serait-ce qu'un peu.
Le jeune homme ne peut que constater l'ironie de la situation.
Toute cette douleur.
Toute cette peine.
Tout ça parce que son père voulait le protéger, lui.
Au bout de plusieurs longues minutes, Adrien se décide à interrompre cette douche qui commence à prendre de dangereuses allures de tentative de noyade.
Après s'être rapidement séché et habillé, le jeune homme regagne sa chambre. Alors qu'il passe une dernière fois sa serviette sur sa tête pour essuyer les gouttes qui perlent encore à la pointe de ses cheveux, Adrien regarde sa main que l'eau brûlante a marbrée de plaques rouges.
Cette même main à laquelle brillait autrefois une bague.
Un miraculous.
Son père ignore qu'il était Chat Noir.
Adrien ne sait pas s'il doit parler de sa double vie à son illustre géniteur. Avouer qu'il est Chat Noir, cela serait courir le risque de détruire cette fragile relation qu'il ne désespère malgré tout pas de tisser un jour avec lui. Car malgré la colère, malgré le chagrin, malgré les années d'indifférence et de douleur, le jeune homme ne perd pas espoir de trouver un jour la force de pardonner à son père.
Partagé entre une peur si atroce qu'elle lui retourne l'estomac et un désir presque malsain de hurler enfin à son père tout le mal qu'il lui a fait, Adrien reste paralysé. Incapable de réfléchir, de prendre la moindre décision.
Il est terrifié à l'idée de parler.
Il brûle d'envie de tout avouer.
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Lundi, 15H - Miraculous Fanfiction
FanficCette histoire se passe en parallèle de ma fic "A bout de souffle". Pour Adrien, la victoire contre le Papillon aurait dû être un instant de gloire. Mais jamais il n'aurait cru que derrière le masque de son pire ennemi puisse se cacher son propre p...