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- Dix ans plus tôt –
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— Abygail, Rebecca ! Descendez prendre votre petit-déjeuner ! s'écria ma mère au bas des escaliers.
— On arrive ! lui répondit ma sœur en tirant davantage sur mes cheveux qu'elle brossait avec entrain. Vraiment, Aby, je ne comprends pas comment tu fais pour avoir des cheveux aussi emmêlés et sales.
—Ne le dis pas à maman, ruminai-je.
—Aby... Ne te fais pas mal, d'accord ?
Je ne répondis pas. Je savais où elle voulait en venir. Rebecca était mon ainée de six ans et me comprenait en tout point. Elle n'était pas ma sœur pour rien. C'était une fille brillante, soigneuse, aimante et protectrice. Je l'aimais comme on aime un père, comme on aime sa mère.
J'étais la petite dernière d'une fratrie de cinq. Mes parents avaient eu la « chance » de n'avoir que des filles, dont des jumelles.
Physiquement, je ressemblais à ma plus grande sœur, Rebecca, hélas je n'avais pas eu la chance d'hériter d'un cerveau aussi talentueux que le sien. Elle était forte en tout et était très appréciée des autres grâce à son tempérament calme et son honnêteté. Lorsqu'elle avait eu quatorze ans, mes parents lui avaient offert le cheval qu'elle désirait tant. Nous n'étions pas bourgeois mais mes parents travaillaient durement pour nous offrir la meilleure vie possible. Sincèrement, la plus méritante de toutes était bien Rebecca, malgré sa santé fragile.
Ma sœur était atteinte d'une maladie immunitaire la rendant sensible à toutes sortes de changements. Pour tout avouer, je n'aimais pas ça et j'avais tout fait pour trouver un remède à son mal malgré les reproches incessants de ma mère désespérée.
Je n'étais pas la préférée de la famille. Pourtant, ne dit-on pas que le petit dernier est le plus souvent gâté ? Eh bien, juste pour vous dire que tout cela n'est que bobard. J'étais, comme qui dirait, le vilain petit canard. Parfois, je me demandais même ce que je faisais là et qui était véritablement ma mère. Celle qui m'avait mis au monde ? Où celle qui s'occupait de moi nuit et jour ? Ma sœur Rebecca.
Puis un jour, j'ai arrêté de me poser la question. Finalement, pourquoi se questionner ? Je n'avais pas une vie misérable et comprenais mes parents débordés.
J'étais une fillette turbulente et hyperactive, le total opposé de mes sœurs, bien que Deanna fût une vraie enquiquineuse. Elle était la cadette de la famille et elle faisait tout pour que je me tire des problèmes et surtout les siens. Elle avait cinq ans de plus et contrairement à moi qui avais les cheveux auburn rouge, elle était rouquine aux cheveux bouclés. Mais même si elle me causait sans arrêt des ennuis, je ne la détestais pas. Elle était ma famille après tout.
Mes deux autres sœurs, les jumelles Nelly et Kaly, étaient d'un calme imperturbable. Elles suivaient ma mère partout et causaient l'émerveillement des passants de par leurs ressemblances et leurs beautés frappantes. D'ailleurs, ma mère ne s'était jamais cachée de les emmener pour recevoir des compliments. Elle était très fière de ses jumelles.
Et puis il y avait moi, la benjamine de sept ans, peu docile et imprévisible causant très souvent l'embarra de sa famille. Combien de fois mon père m'avait-il puni pour lui avoir désobéi sous les encouragements de ma sœur cadette ? Je ne saurais plus le dire. Je n'aimais pas que l'on cause du tort à ma famille où que l'on nous insulte. J'étais impulsive.
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ERINYE - Vengeresse Mortelle
FantasíaLe crissement des roues rapides, les pleurs et les cris étouffés de mes sœurs, le souffle haletant de ma mère priant pour nos vies, la mort... je me rappelle de cette longue nuit comme si c'était hier. Le jour où nous devions partir, la nuit où les...