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J'étais seul. Tout seul. L'endroit était froid, fermé et il y faisait sombre. Une fenêtre unique n'éclairait pas la petite pièce où je me trouvais. J'étais comme seul au monde.

Abandonné, j'avais le sentiment que j'aurais pu mourir là, maintenant, sans que personne ne s'en rende compte ou même regrette. Que j'aurais pu partir là, inconnu pour toujours. Que tout aurait pu se finir comme cela, dans cet endroit qui me donnait la chair de poule. Taehyung se serait envolé, et V n'aurait jamais existé.

J'avais envie de tout abandonner, de lâcher prise. J'avais le sentiment d'être inutile, que, quoi que je fasse, ça n'aurait aucun sens. Que tout ce que j'avais traversé pour en arriver là n'avait servi à rien. Je revoyais ces heures passées à m'entraîner, toute cette peine. Là, juste devant mes yeux qui défilaient à toute vitesse, qui se répétait inlassablement. Comme un film qui se serait enrayé.

Je le voyais encore, ce rêve, il était toujours là, il n'avait pas bougé depuis toutes ces années. A cet instant, j'aurais voulu le rejoindre, quitter ce monde qui nous séparait. Juste quelques temps, après je reviendrais, je me battrais à nouveau, mais pas aujourd'hui. J'avais besoin de recul, d'être seul, même si cela me faisait mal. Je ressemblais à un animal, qui se cache quant il souffre, c'était pathétique !

Je restais là, une part de moi refusait ce répit. Je savais que regarder éternellement mon rêve ne pouvait pas me faire du bien. Cela ne pouvait que me faire souffrir davantage, alors que je pensais que rien ne pouvait être pire.

Je serrai les points, la tête contre le mur froid et insensible. Pourquoi ? Pourquoi devais-je encore attendre ? Pourquoi les autres avaient-ils déjà ce dont je rêvais depuis toujours ?

Je souhaitais devenir  idol et ce,  depuis trop de temps pour que je puisse le dater. Je me battais pour atteindre cet objectif, ce rêve qui scintillait devant mes yeux. Je voulais qu'il s'y reflète, qu'il prenne vie, qu'il soit enfin mien, pas seulement celui de milliers d'autres. Juste pour moi, juste à moi, pour moi.

Aujourd'hui, il n'avait jamais été aussi proche, aussi réel et pourtant aussi loin. Comme de l'eau qui devenait trouble, pour finalement redevenir calme, une illusion, un semblant de réel. Un reflet dans un miroir ou dans ce liquide transparent, presque vrai, une contrefaçon parfaite.

Le groupe BTS avait d'abord été un projet, comme il en existait tellement d'autres. Une esquisse qu'on aurait dessiné sur le coin d'une feuille, rien qu'une idée. Une idée simple mais prometteuse. Et puis, on avait étoffé ce croquis, de plus en plus. Il avait fallu du temps, beaucoup de temps. Je faisais parti de ce projet, de ce dessin qui était maintenant presque fini. Il ne restait que des détails, tous petits par rapport à tout le chemin parcouru, mais indispensables. Nous étions à ce moment. J'avais travaillé dur, plus dur que personne ne pourrait sans doute l'imaginer. Le boys band était maintenant officiel, je savais que nous avions déjà des fans, des personnes qui nous soutiendraient, qui seraient toujours là pour nous. Les membres étaient déjà officiels, leurs visages étaient déjà connus. Mais pas moi, moi j'étais encore dans l'ombre, inconnu du public, caché comme je l'étais dans cette pièce qui me ressemblait. J'étais l'ombre des BTS !

Cela me faisait si mal, comme une plaie qu'on m'aurait infligé pour le plaisir. Juste pour le plaisir de me faire souffrir. Et c'était à chaque fois plus douloureux, à chaque fois que j'y pensais, à chaque fois que je les voyais prendre des photos pour les mettre sur les réseaux sociaux. Il ne savait même pas à quel point cela me faisait mal.

Tous ces sourires, toute cette bonne humeur, ils étaient heureux et je ne pouvais que les comprendre. Je les enviais tellement ! Je ne pouvais pas empêcher une part de moi, la plus mauvaise, de les haïr pour ça. Ce n'était pas juste. Ne le méritais-je pas, moi, de voir mon rêve d'enfance se réaliser ? N'avais-je pas assez travaillé pour que je puisse enfin voir le résultat ?

J'avais le sentiment de ne pas être à la hauteur, d'être inférieur à eux. Peut-être me fallait-il encore de l'entraînement ... J'aurais dû me lever, cesser de me lamenter dans mon coin, et rejoindre les autres. Ce n'était certainement pas  en restant là que les choses allaient s'arranger et j'en étais conscient. Pourtant, je ne bougeais pas, les yeux fixés au plafond d'un gris terne. Je n'avais pas la force de quitter cette pièce. J'étais vidée de toute envie, de toute volonté, de tout ce que j'étais. C'était ce que d'autres auraient appelé un jour sans, un jour sans couleur, sans rien.

Des larmes coulaient le long de mes joues sans que je puisse les retenir, y faire quoi que ce soit. Je ne cherchais pas à les arrêter, c'était inutile et je le savais. Qui avait dit que pleurer faisait du bien ? Qui était le menteur qui avait dit que ça pouvait soulager ? C'était faux, ça faisait mal, ça faisait beaucoup trop mal !

Je tremblais, tout mon corps secoué de soubresauts incontrôlables et douloureux. Des sanglots me parcouraient et je ne parvenais pas à me calmer. Mes bras entourant mes genoux, la tête rejetée en arrière, je pleurais comme rarement j'avais pleuré. Je laissais libre cours à ma peine et c'était tout sauf libérateur. Mes lèvres prononçaient toujours la même question, « Pourquoi », comme une litanie que personne ne devait entendre, connue de moi seul.

Soudain, la porte s'ouvrit et une lumière m'aveugla derrière mes larmes. Je portais une main à mon visage pour me protéger et il fallut plusieurs secondes avant que mes yeux s'habituent à la luminosité de l'extérieur. C'était Jimin. Il ferma directement l'issue derrière lui et lança, le sourire aux lèvres :

-C'est là que tu te caches ? On te cherche tous, tu sais ?

Je tournais la tête dans un reniflement, vaine tentative de masquer mon visage ravagé par les pleurs. Du coin de l'œil, je pus voir le visage fin se décomposer. Je serrais les dents, j'étais fichu ! Les mots qui suivirent confirmèrent mes pensées tandis qu'il posait la question qui s'imposait, aussi inutile soit-elle :

-Tu pleures ?

Et voilà la deuxième partie. Et l'apparition du grand Park Jimin, pas très appréciée par le petit Tae, pour le moment en tout cas ^^ Bon, en général, si tu pleures, t'as pas envie d'un curieux qui te pose des questions. Bon, à part si ce curieux s'appelle Jimin ;3

Un petit Taehyung pas en forme du tout dans cette partie, ça m'a fait mal d'écrire ça, mais bon. Ca va aller mieux par la suite, merci à Chim le sauveur, vous inquiétez pas trop pour lui.

J'espère de tout cœur que ça vous aura plu, si c'est le cas, voter et l'espace commentaire est à vous, ça fait plaisir et ça motive pour la suite !

Dream [Vmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant