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         Je fermai douloureusement les yeux, la chance n'était pas de la partie, elle non plus. Je tentai une ultime dérobade, la phrase qu'aurait répondu n'importe qui :

-Je ne pleure pas !

Les trémolos de ma voix étaient bien audibles, menant ma crédibilité en dessous de zéro. Le visage toujours tourné afin de cacher au mieux les larmes qui ruisselaient encore sur mes joues. D'un mouvement rageur, j'essuyai d'un revers de main le liquide qui m'avait trahi. Un silence s'était installé, j'attendais qu'il parte, qu'il me laisse tranquille. Je ne voulais pas que l'on me voit pleurer, je ne voulais pas que l'on me voit ainsi. Il demanda, au bout d'un moment :

-Tu as besoin d'en parler ?

Je me tournai vers lui et le dévisageai longuement. Il m'observait avec une sincérité désarmante, un petit sourire au coin des lèvres. Je ne savais pas, je ne savais pas si je devais lui faire part de mes tourments. Dans une autre situation, j'aurais sûrement refusé sans même réfléchir plus longuement à la question. Mais pas cette fois, pas aujourd'hui. Peut-être parce que j'étais plus faible ce jour-là, peut-être est-ce la gentillesse que je lisais dans les yeux sombres de Jimin, je ne saurais le dire.

-Ca pourrait te faire du bien, tu sais. Et ça ne sortira pas de ce local, tu as ma parole !

Illustrant ses paroles, il présenta la paume de sa main, un sourire encourageant illuminait ses traits fins. Je pris encore quelques instants pour réfléchir, jugeant le pour et le contre. Finalement, je lui fis signe de s'assoir à mes côtés, il obéit sans un mot à ma requête. Je pris une profonde inspiration, essayant de faire taire tous ces sentiments qui menaçaient d'exploser une fois encore et me lançais enfin.

Je racontais tout, comme ça venait, comme je le ressentais. Mon monologue dura de longues minutes, je ne saurais donner le nombre exact. Je parlais sans compter, je me répétais peut-être, disais surement des choses sans queue ni tête, mais je m'en fichais pas mal. Pas une seule fois Jimin ne m'interrompit, il m'écoutait sagement, hochait parfois la tête mais gardait toujours le silence. C'était gentil à lui. J'avais l'impression que les mots sortaient de ma bouche avant même que je les pense, comme mus d'une volonté propre. Je ne faisais rien pour arrêter ce flux de paroles, je le laissais partir, je m'en libérais. Un poids colossal avait disparu de mes épaules, ce poids qui me clouait encore au sol quelques minutes auparavant.

Alors que je terminais mon long monologue, ma voix se brisa et les larmes inondèrent à nouveau les petites rigoles et coulèrent sur mes joues. Je tentais en vain d'étouffer les sanglots qui me secouaient, ma main contre ma bouche. J'avais honte, honte de pleurer comme cela devant quelqu'un que j'allais sûrement côtoyer pendant des années, quelqu'un qui se rapprochait le plus d'un ami. J'étais minable et à cet instant, aussi faible et pathétique, je me détestais ! Je m'en voulais de m'être laisser allé, d'avoir accepté de parler, quel qu'en soit le bien que ça m'ait fait. Le poids qui m'empêchait d'avancer avait disparu, mais j'avais toujours aussi mal, mon cœur semblait se tordre et ma cage thoracique se serrer toujours plus. Je n'arrivais plus à respirer, l'air ne parvenait plus à se frayer un chemin jusqu'à mes poumons. J'étouffais, le manque d'oxygène n'était pas encore immense, mais je paniquais déjà. Portant mes mains à ma gorge, je suffoquais, des larmes brûlantes dévalaient sur mes joues jusque dans ma bouche.

Une main ferme détacha la mienne de mon cou dans un geste empressé. Et, derrière le bourdonnement de mes oreilles, j'entendais sa voix claire :

-Calme-toi et respire. Respire calmement, ça va allez.

Il répétait inlassablement ses mêmes paroles tandis que je tentais de suivre ses précieux conseils. Ils se révélèrent des plus utiles puisque, quelques longues minutes plus tard, je réussis à retrouver une respiration correcte. Des larmes coulaient toujours sur mon visage, mais l'air parvenait à circuler librement dans mes poumons à nouveau. J'avais eu tellement peur, j'avais cru mourir.

Des bras musclés entourèrent mon cou et je me retrouvais le nez enfoui dans les cheveux ébène de Jimin. La surprise passée, je restais toujours interdit. Je ne savais pas vraiment comment réagir et je n'étais pas vraiment en état de réfléchir. Mes pleurs ne s'étaient toujours pas atténués, à mon grand désespoir et mon esprit semblait comme embrumé. J'étais statique, tendu, je n'étais décidément pas habitué à ce genre d'étreinte.

Je sentais soudain que les épaules du chanteur étaient secouées par des soubresauts incontrôlables. Je mis quelques secondes à faire le lien entre ce que je ressentais et la conclusion qui s'imposait. Il pleurait lui aussi ! Je ne comprenais pas la raison, mais c'était bel et bien les mêmes sanglots qui nous secouaient. Peut-être avais-je dit quelque chose de mal, quelques mots qui l'auraient blessé sans que je m'en doute. Il y avait forcément eu un problème à ce moment, j'avais parlé sans réfléchir, encore une fois.

Je refermais mes bras et rendais l'étreinte avec hésitation. Après un temps, je me décidais à poser la question tournait en boucle dans ma tête :

-Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Je détestais les tremblements de ma voix qui semblaient prendre un malin plaisir à me rappeler ma faiblesse.

-Je ne pleure pas.

Pas de trémolos, juste de la malice et un sourire que je sentais contre mon épaule. Sa réponse m'arracha le même rictus, à peine un peu plus triste.

Je ne cherchais plus à avoir une quelconque explication de sa part, me contentant de ce moment, respectant son silence comme il aurait respecté le mien. Plus fermement et sans réfléchir, j'acceptais cette soudaine proximité. Ce calme rassurant qui me prenait tout entier, qui m'entourait comme un cocon, apaisant et bienfaiteur. Cette chaleur et ses bras qui m'entouraient me faisaient du bien, je m'y sentais à ma place. Mes larmes coulaient encore mais n'étaient plus douloureuses, je me libérais d'elles, déchargeais ce surplus d'émotion. Je me soulageais de toute cette pression qui m'habitait, qui me faisait mal.

Je gardais le silence, ne cherchant à aucun moment à m'extraire de cette étreinte. Je ne voulais surtout pas briser l'instant, cette sensation de bien-être qui était née à l'intérieur de moi. Pourtant, j'aurais voulu le remercier. Lui dire merci, merci pour tout, j'avais vraiment besoin de ça. Silencieusement, je répétais ses mots dans ma tête, espérant qu'il ressente à quel point je lui étais reconnaissant. Merci Jimin, merci pour tout ça !

Et la troisième partie de cette petite fanfiction qui me tient beaucoup à cœur. C'est un grand dialogue, même si j'en ai coupé une partie parce qu'elle ne me semblait pas très intéressante, on connaissait déjà cette partie. Tae se laisse aller et accepte de parler, et apparemment ça lui fait du bien. Bon, c'est un peu mitigé, mais dans l'ensemble ça passe. Le petit V qui fait une crise, sauvé in extrémiste par Jimin, heureusement qu'il est là lui, quand même ! Et tout ça couronné par un câlin en fin de chapitre, c'est pas beau ça ? XD

Prochain chapitre : arg, non, je ne peux pas vous spoilez XD Je vous dirais seulement que l'atmosphère est largement moins tendue et que Tae va mieux, même beaucoup mieux ;)

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