Calomnies et cadeau empoisonné

671 31 11
                                    


Artémis avait remporté le concours de tir à l'arc, Apollon celui de musique mais comme c'était de coutume, les dieux experts dans un art ne pouvait remporter le premier prix, autrement tout les autres n'auraient aucune chance. En réalité, s'ils y participaient, c'était surtout un moyen de rappeler qu'ils excellaient toujours dans leur art de prédilection et qu'il ne fallait pas trop prendre la grosse tête si on remportait le premier prix. On savait en effet, grâce à Menthé, qu'il ne fallait jamais froisser l'ego des divinités. Même Perséphone qui ne se trouvait pas exceptionnelle pouvait se vexer, mais on laissait les autres deviner à quel sujet.

- Je t'avais dit qu'Hestia remporterait le concours de danse et Arès celui du tir à l'arc, mais qui aurait cru que l'autre pimbèche serait sur le podium du concours de musique.

Aphrodite, qui tenait à ce que Perséphone ne la quitte pas, avait au final remporté tout ses paris, sauf celui pour la musique où elle n'avait pas imaginé que Menthé finirait troisième derrière Circé, en seconde place, et elle-même à la première. La déesse de l'amour argua qu'au fond ce n'était peut-être pas si surprenant, les Enfers ne devant pas octroyer beaucoup d'autres loisirs autre que tourner en rond pour quémander un rang qu'elle n'aurait jamais. Ces paroles furent dites au moment pile où la nymphe passait devant elles, et assez fort pour qu'elle les entende. Elle ne répliqua pas cependant, mais jeta un regard assassin à Perséphone qui lui fit froid dans le dos et sans qu'elle sache la raison.

Haussant les épaules, Aphrodite traîna sa protégée à l'intérieur du palais pour, d'après elle, "se relaxer avant sa grande entrée". Impossible de dire s'il fallait être rassuré ou non après une telle déclaration, mais on ne pouvait rien lui refuser. Elle l'emmena aux sous sol du palais d'où provenaient des éclats de rire féminins. Des servantes les firent entrer dans une petite pièce, et leur donnèrent des grandes étoffes pour couvrir leur corps avant de les aider à enlever vêtements et parures. Perséphone se laissa faire malgré quelques appréhensions et découvrit que les voix venaient des thermes personnels d'Héra un peu plus loin. Plusieurs autres déesses et nymphes étaient là dont Athéna et Héra, pour les déesses que la fille de Déméter reconnaissait. Les autres les saluèrent à leur arrivée puis retournèrent à leur conversation tandis que l'épouse de Zeus interpellait la dernière arrivante.

- Perséphone mon enfant, viens près de moi.

Ne tenant absolument pas à défier la souveraine de l'Olympe, "l'enfant" obéit. Héra ne lui voulait rien de particulier en réalité, juste lui faire promettre de ne pas faire confiance à n'importe qui et de toujours se souvenir où était sa place. Elle regarda avec satisfaction Perséphone acquiescer sans mot dire. Elle tenait en effet à ce qu'elle ne commette pas de fautes et surtout, surtout pas avec son royal époux. Ce dernier, se disait-elle, finirait par penser, à un moment ou un autre, vouloir posséder cette jeune femme encore intacte, que ce soit physiquement ou mentalement, car pas encore corrompue par les fourberies des divinités. Si ses pensées avaient été audibles pour la fille de Déméter, cette dernière aurait répliqué que la frayeur qu'inspirait la déesse était trop grande pour qu'elle osa même penser céder à Zeus.

Calypso, qui s'était absentée peu de temps avant, arriva à son tour, un grand sourire aux lèvres et alla murmurer quelque chose à Aphrodite qui la remercia chaleureusement. Perséphone n'y fit pas attention, mais elle aurait peut-être dû.

__________________________________________________________

Menthé, remise de l'insulte de la déesse de l'Amour et de cette gamine arrogante -oui, sa simple présence était une insulte pour la nymphe et elle l'affublait donc de tout les défauts imaginables-, devisait calmement avec les Muses. Euterpe et Terpsichore, muses de la danse, la félicitaient plus particulièrement pour sa performance lors du concours. Elles lui remirent alors une couronne d'argent, récompense pour celle arrivant en troisième place. D'excellente humeur suite à cette reconnaissance, elles discutèrent longtemps, jusqu'à ce que la question de la "fille cachée de Déméter" arrive sur le tapis, ou plutôt sur le divan.

On appelle ça l'amour, certainement fatalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant