Chapitre 2: Tout ça pour une chambre

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C'était un bar, dont il était assez fier. Il y régnait une odeur aigre d'huile se mêlant à un fort parfum d'alcool. L'antre était chaleureuse, sublimée par un léger éclairage lui suffisant amplement. Le bois vernis du comptoir renouvellé récemment commencait déjà à s'éffriter de nouveau. La petite douzaine de tables rondes réparties de manière désordonnée donnait une sensation familière. Bien que fort rustique, cette auberge donnait une impression de foyer aux voyageurs harassés.
Ce bar appartenait à un aubergiste d'une trentaine d'années environ. Il avait un visage marqué par les années malgré son jeune âge. Il était assez grand, avec une barbe bien fournie, de grands yeux bruns inspirant calme et sérénité. Ses cheveux étaient rasés à blanc sur les côtés, une simple queue de cheval tressée sur le dessus. Les clients étaient cependant étonnés par son physique imposant convenant plus a un bûcheron qu'à un barman. Il était vêtu d'une simple veste en peau de mouton, d'un pantalon noir usé par les années avec des petites bottes en cuir.
C'est sous un soleil de plomb en début d'après midi que le voyageur arriva à l'auberge. Il poussa lentement la porte du bar, attirant l'attention du barman par la même occasion. Le voyageur encapuchonné se dirigea vers le comptoir et demanda d'une voix sèche:
- Une bière.
Le barman s'exécuta aussitôt. Le bar était vide à cette heure de la journée, ce qui ne manqua pas de surprendre le voyageur qui lui dit :
- Votre bar est bien désert à cette heure-ci.
- Ce n'est pas la saison, mais ça ne va pas tarder lui répondit le barman en fixant la porte.Le nomade bu une gorgée de sa bière, regarda la porte du coin de l'oeil puis acquiesça.
À ce moment-là la porte s'ouvrit dans un fracas, et trois hommes entrèrent aussi bruyants que ivres. L'un d'entre eux s'écria:
- À boire pour tout le monde !!
Ils s'assirent à une table, et l'un d'entre eux tomba à la renverse, la chaise ayant croulée sous son poids. Les deux autres explosèrent de rire en le voyant chuter. Le barman voyant que la destruction de la chaise leur paraissait normal, poussa un soupir d'agacement, il souleva le côté de sa veste faisant apparaitre le pommeau d'une dague à sa ceinture, sur laquelle il posa sa main. Le voyageur fixa la dague, puis se leva sans un mot et se dirigea vers les trois hommes. Lorsqu'il fut a coté d'eux, ils s'arrêtèrent de rire, et le dévisagèrent.
- Qui es tu toi ? demanda le premier d'un ton hautain.
Le second renchérit :
- Qu'est ce que tu veux ?
L'homme encapuchonné ne répondit pas, pris la tête du premier et l'enfonca sur la table si fort qu'elle se brisa. Il enchaîna le second par un coup de poing dans le ventre, et le troisième n'eut pas le temps de venger ses camarades, qu'il gisait déjà à terre agonisant à leur cotés. Ils se relevèrent et s'enfuirent du bar sans demander leur reste. Le voyageur revint au comptoir et finit sa bière d'une traite.
- Pour un simple voyageur, vos aptitudes au corps à corps sont pour le moins surprenantes, lui dit le barman.
- Je n'aime pas parler la gorge sèche, répondit l'homme.
Le barman lui pris le verre, le remplit de nouveau mais ne lui retendit pas :
- Je vous l'aurais bien donné, si vous n'aviez pas contribué à la destruction de mon mobilier.
Le nomade en se retournant, fixa la table brisée et esquissa un rictus. Le barman renchérit:
- Quel est ton nom ?
Le voyageur resta silencieux quelques instants puis dans un soupir lui dit :
- Férid Dragovic, et quel est le tien ?
- on me nomme Bar-Man.
- Tu te fous de ma gueule ? répondit Férid.
- Aide moi à me débarrasser de cette table et tu auras ta pinte et mon nom.
À ce moment-là, le voyageur hôta sa capuche dévoilant un visage fin marqué d'une cicatrice partant du bas du cou jusqu'a finir ça course au milieu de sa joue, il avait des cheveux blancs comme la neige tirant sur le bleu pâle aux pointes, ils etaient un peu trop longs et en bataille. Il avait des yeux perçant et glacial bleu presque gris et devait avoir environ vinght-cinq ans. Le barman le regarda quelques instants, puis se dirigea vers la table et commença a la détruire en petits morceaux. Férid le rejoint sans conviction, ils allèrent jeter les bouts de bois dans une fosse derrière le bar.
Ils revinrent au comptoir et le barman avoua en lui servant la pinte:
- Mon vrai nom et Derek, Derek Sharp.
- Eh bien Derek, auriez vous une chambre pour moi, histoire de passer la nuit ? Lui répondit Férid le nez dans sa bière.
-Ces temps-ci ,mes chambres sont ouvertes à ceux capables de payer leur modeste confort.
Derek lui fit alors signe de le suivre et lui montra une chambre libre. Elle était trés rustique: un simple lit, un pichet d'eau posé sur une table de nuit rudimentaire, une chaise et une petite table à côté de la fenêtre. Férid s'allongea sur le lit et Derek reparti vaquer à ses occupations. Perdu dans ses pensées il marmonna :
- Sharp...

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