Lettre 19

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De l'hôpital psychiatrique de Toulouse,
Le 30 juin 2018

Chère Alex,

Juste une petite lettre pour te donner des nouvelles.

Oui tu as bien lu. Je t'envoie ça de l'hôpital psychiatrique. "L'hôpital des fous" comme tu l'appelais.

Cela fait maintenant deux semaines que je suis là.
Je ne comprends pas.
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Plus rien.

Tout ca a commencé il y a maintenant plus de quatre mois. Je ne sais pas si tu te souviens de mes lettres à cette époque. Quelque chose se passait, et je n'arrivais pas à l'empêcher.
Je faisais des conneries sans m'en rendre compte. Puis, c'est allé trop loin. Ludivine a passé six jours à l'hôpital. Je l'avais frappée dans la nuit.
J'ai été diagnostiqué avec un trouble dissociatif de l'identité.

Je n'arrive plus à avoir possession de mon corps. Il ne m'appartient plus. Mais le pire reste mon esprit.
Il est maintenant partagé au moins entre les quatre personnes qui y cohabitent et font surface lorsqu'elles le souhaitent.

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis dans un doute constant. Est-ce moi ?
Mais qui suis-je ? Qu'est-ce qui se passe dans ma tête ?

Est-ce que j'ai déjà été vraiment, seulement moi ?

J'ai peur de moi. De tout ce que je pourrais faire sans m'en rendre compte.

C'est très certainement le pire sentiment au monde. Détester son esprit. Car c'est comme ça que je vis maintenant. J'étouffe, pris au piège de moi-même.

Et puis il y a cet hôpital. Personne ne m'y comprend, les "spécialistes" me regardent comme une bête étrange. Ils tentent de savoir combien de personnalités je dissimule exactement, bien cachées dans un recoin sombre de ma tête. Ils disent que au moins deux d'entre elles sont agressives et très violentes.
Je ne peux plus les supporter.
J'aurai juste besoin de te voir ou de voir Ludivine. Mais je comprendrais que tu ne le veuilles plus jamais, je suis trop dangereux.

Et je pense que je ne m'en sortirais jamais. Mon esprit va me tuer. Ironique pour un philosophe du dimanche comme moi non ?
Non.
Il n'y a rien de drôle.

Je vais crever dans cet hôpital parce qu'ils ne me laisseront jamais sortir. Ma femme ne viendra plus une seule fois me voir. Et je ne contrôle plus rien.

Je me déteste.

A bientôt, j'espère,

Alain

/Est ce que la musique en média marche ? Parce que j'ai l'impression que ce problème ne s'est toujours pas réglé...
Sinon pour ceux qui voulaient savoir quelle musique c'était, j'avais mis la soundtrack de "Requiem for a dream"./

Juste une petite lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant