Confortablement allongée contre un rocher qui épousait parfaitement la forme de mon corps, j'admirai le ciel d'un œil émerveillé. Une étendue d'étoiles brillantes et étincelantes fondaient sur moi, me mettant dans un état second. Ça me faisait toujours ça quand je perdais mon regard dans cet infini, je sentais mon corps et mon esprit flotter dans les airs, attirés par les constellations. Je pris une grande inspiration, respirant l'air humide de la nuit fraîche dans laquelle je m'étais plongée. De l'eau glissait silencieusement de chaque côtés de la pierre sur laquelle j'étais installée et quelque poissons agités produisaient des petits bruits d'éclaboussures de temps à autre. Je savais pertinemment que ces bruits venaient d'inoffensifs et ridicules petits fretins, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un peu de peur.
J'avais sûrement regardé trop de films d'horreur, je me mis à imaginer un homme à la santé mentale douteuse, se tenant derrière moi avec un couteau ou un quelconque objet tranchant dans les mains, prêt à me découper en morceaux. Je fis de mon mieux pour faire le vide dans ma tête, chasser de mon esprit le faite qu'un assassin puisse se trouver juste derrière moi, et me replongeais dans mon monde étoilé. Un sentiment de bien-être absolu envahissait à nouveau chaque parcelles de mon corps, j'avais presque l'impression que quelqu'un avait injecté de la morphine dans mes veines en douce. Le vent sifflait doucement dans les arbres qui entouraient la rivière, provoquant une vague de frisson le long de mes bras découverts.
J'émis un petit son d'exclamation quand je vis une étoile traverser le ciel à toute vitesse, laissant derrière elle une traînée étincelante, avant de s'éteindre dans l'obscurité. Une étoile venait de mourir. Je savais pertinemment que cette étoile n'était pas un être vivant, ni même quelque chose de conscient, mais je me mis à éprouver tout de même une pointe de remord à la disparition de cet astre. Néanmoins, son anéantissement avait été magnifique. Un léger sourire bêta s'était inconsciemment dessiné sur mes lèvres alors que mes paupières, elles, commençaient à en avoir marre de rester ouvertes pour fixer ce ciel luminescent. Je luttai contre la fatigue pour continuer de contempler l'univers, mais je n'allais pas tarder à perdre cette bataille contre le sommeil.
Je voulais encore regarder l'infini, je voulais voir d'autres étoiles m'éblouir de leurs morts spectaculaires, je voulais que le ciel continue de fondre sur moi et qu'il me fasse flotter au plus prêt des constellations, je voulais que mon corps soit remplit de morphine jusqu'à la fin de ma vie, je voulais rester clouée sur ce rocher et que la nuit ne s'arrête jamais.
-On rentre ? Je commence à avoir froid.
Je sursautai légèrement. J'avais presque oublié que je n'étais pas seule. Mathieu, soufflait d'impatience à côté de moi. Je l'avais traîné au milieu de cette rivière pour pouvoir admirer le ciel, mais ce n'était pas le genre de chose qui, lui, le faisait vibrer.
-Ouais, prend la lampe.
Je me levai avec précaution pour ne pas tomber dans l'eau. Mathieu attrapai la petite lampe de poche et l'allumait, éclairant devant lui un petit chemin de fortune, fait de pierres et de branches.
J'adressai un dernier regard vers l'infini, comme pour lui dire que je reviendrai me perdre dans le feu éclatant de ses étoiles un autre soir, puis me retournai pour de bon, marchant la tête baissé vers les galets qui s'entrechoquaient sous mes pas.