Les couples de Kunugigaoka

OS

Je me réveillais une fois de plus dans un lit deux places. J'ouvre lentement mes paupières qui laissent place à deux iris ambres. Ces derniers se posent sur le corps  se trouvant à mes côtés. Ses quelques fines mèches cachant légèrement son visage retombaient sur son nez. Tourné vers moi je le regardais dormir. J'observais chaque parcelle de sa peau, cet air calme qu'il abordait créait des tonnes de  questions dans mon esprit. Je faisais glisser mon regard sur son visage, m'attardant sur ses yeux un peu en amande lorsqu'ils sont ouverts, sur son petit nez, sur ses grosses joues que j'avais tant envie de tirer, sur ses lèvres si douces.  J'écoutais sa lente respiration endormie. Et je me redressais comme tout les matins, sans savoir ce que j'avais fait le jour d'avant. Je regardais mon compagnon qui partageait mon lit, mes lèvres brûlant d'envie de rejoindre les siennes. Et comme tout les matins qui est la seule période de la journée dont je me souviens, je me demande qui est-il. Je sors mon paquet de cigarette et allume une de ces fameuses petites drogues. J'avale la première bouffée de fumée qui me laisse ce sentiment de bien-être. Et comme d'habitude je vois que mon compagnon s'est réveillé et je lui murmure un "Désolé" d'une voix un peu fatiguée. Il pose ses grands yeux sur moi et un petit sourire étire ses lèvres alors qu'il me répond un simple "Ce n'est rien". Et comme d'habitude il se redresse en m'observant, comme s'il cherchait à voir si quelque chose avait changé. La manière dont je le regardais peut être, ou ma façon de lui parler, sûrement. Ou encore une expression de mon visage; je n'en savais rien. Le délicieux nuage cancérigène passe mes lèvres puis je tourne ma tête nonchalamment vers lui. Il sourit alors un peu plus, créant d'adorables fossettes sur ses joues un peu dodues. Il me toise et je détourne les yeux. "Toujours pas ?" me demande-t-il de sa voix douce. Un geste négatif de ma tête lui fait lâcher un minuscule soupire. Mais je l'ai entendu. "Je vois." dit-il l'air un peu déçu, comme tout les matins. Ce "je vois" qui voulait tout dire pour moi. Il se lève, dos à moi, et fait glisser lentement sa chemise beaucoup trop grande le long de ses fines épaules, qui retombe ensuite sur ses bras et descend finalement le long de son dos. Elle s'arrête pile au dessus  de ses fesses. La lumière du soleil de l'aube vient se refléter dans ses yeux océans alors qu'il tourne sa tête vers moi pour voir si je le regarde. De légères rougeurs viennent prendre place sur ses joues quand il croise mon regard alors qu'il marmonne un "C'est gênant." Je ne faisais qu'observer ses cheveux qui me faisaient penser à la mer, moi. Je regarde ailleurs pour lui faire plaisir et termine ma cigarette. J'écrase cette dernier d'un geste simple, une habitude, dans le cendrier sur la table de nuit. J'entends le froissement de ses vêtements, j'en déduis qu'il se change. Plus de vingt secondes plus tard il est habillé et se poste devant moi. Il m'offre un petit sourire mais je vois dans son regard qu'il a envie de pleurer. Je voyais ses petites larmes au coin de ses yeux qui brillaient sous la douce lumière du soleil qui inondait la chambre. Mais je n'en disais rien, et il me dit simplement un "à ce soir" avant de me faire un petit signe et de sortir de la chambre. Ces matins qui se répètent et se ressemblent commencent à me lasser. Je me lève et me regarde dans le miroir accroché sur la porte qui menait à la salle de bain. On aurait dit que mes cheveux venaient de se battre sur ma tête. Un soupire s'échappe de ma bouche et j'ouvre la porte et entre dans la pièce. Je passe mon visage à l'eau fraîche et regarde ensuite les deux post-it collés sur le mur face à moi.

"Karma Akabane, 20 ans, amnésique."

"Je t'aime. - Nagisa."